Parc national en Guyane : la commission d’enquête propose des aménagements majeurs

Conclusions de l’enquête publique sur le Parc national de Guyane
AFP, le 14 12 06

La Commission d’enquête sur le projet de Parc national en Guyane a
émis un avis favorable à la création du « parc amazonien », tout en
proposant des aménagements importants pour ménager l’activité
aurifère et mieux prendre en compte les populations améridiennes.
L’enquête publique menée du 20 septembre au 20 octobre a recueilli
« 74% d’avis favorables », indique la Commission d’enquête, dans un
rapport dont l’AFP a eu connaissance jeudi et qui est consultable à
la préfecture de Cayenne.

Le Parc amazonien de Guyane recouvre des zones « coeur » intégralement
protégées et des zones dites « de libre adhésion » où la pratique (ou
non) de l’activité minière dépendra de la future charte du Parc qui
aura 5 ans pour être élaborée après sa création.

Alors que les élus de la Région et du Département souhaitent limiter
la superficie du parc à « 20% de la Guyane » rappelle le rapport, son
enveloppe maximale s’étendra sur 34 000 kmÇ soit 40% de la superficie
de ce DOM. « Une immensité qui pourrait obérer l’objectif de
préservation » préviennent les enquêteurs, alors que l’orpaillage
clandestin reste présent dans chaque zone coeur des 5 communes du
parc : Maripasoula, Papaïchton, Saül, Saint-Elie, Camopi. Cette
activité illicite « qui génère une psychose » doit faire l’objet « de
plans Vigipirates », avec « la création d’un corps spécial de la
gendarmerie » et « un plan interministériel de lutte combiné à une
action diplomatique avec les pays voisins » préconise la commission.

Elle estime « fondés » les arguments cartographiques de la profession
minière « qui mettent en exergue la superposition des zones à fort
potentiel aurifère et des zones coeur au nord du parc ». Elle propose
donc le « déclassement de la zone coeur du grand Inini-Montagne
Bellevue (nord de Maripasoula et Saül) en zone de libre adhésion pour
y définir ultérieurement les options d’une éventuelle activité
aurifère ». Les commissaires enquêteurs recommandent aussi le
transfert du foncier aux municipalités du parc dans les zones de
libre adhésion afin d’aménager leur territoire. En Guyane, l’Etat est
propriétaire de près de 90% des terres.

Arguant d’une requête unanime des intéressés, le rapport préconise
d’étendre le « coeur » de Maripasoula (sud-ouest guyanais) aux zones de
vie des Amérindiens du sud de cette commune, « insuffisamment pris en
compte » par le projet qui écarte ces populations de la zone de
protection du parc. Ces 1.000 indiens Wayanas et Emérillons subissent
depuis 15 ans les méfaits de l’orpaillage clandestin (violences,
pollution des rivières au mercure) pratiqué par des Brésiliens
illégaux mais aussi des habitants français de Maripasoula (en
majorité Bonis : descendants de noirs marrons). Un Amérindien du sud
de Maripasoula à été condamné pour orpaillage illégal, il y a
quelques mois.

Les commissaires enquêteurs estiment par ailleurs que les pouvoirs du
directeur de l’établissement public qui aura en charge le parc sont
« anormalement étendus » et que le conseil d’administration est trop
fourni: 44 administrateurs (dont 39% d’élus et d’autorités
coutumières), avec une majorité étatique par le biais de nominations
effectuées par le préfet. La commission déplore enfin la visibilité
« insuffisante » sur la coopération interrégionale, alors que le
« Brésil a un immense parc mitoyen ».

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