Du bois mort pour des forêts vivantes…

Paris, le 25 octobre 2004

Parmi les principales causes du déclin de la biodiversité dans les forêts européennes, la disparition des très vieux arbres et du bois mort, qui menace la survie de 30% des espèces forestières, est insuffisamment reconnue. Tel est le constat sur lequel le WWF – organisation mondiale de protection de la nature – souhaite attirer l’attention, à l’occasion de la publication d’un rapport intitulé « Deadwood, Living forests » ( » Bois mort, forêts vivantes « ). Soulignant le niveau critique atteint dans les forêts européennes, ce rapport demande instamment aux gouvernements, aux propriétaires forestiers et à l’industrie forestière d’accroître les niveaux de bois mort dans les forêts gérées et dans les espaces protégés.

Les très vieux arbres (plus de 200 ans), comme les bois morts encore debout ou au sol, fournissent une kyrielle d’habitats pour la faune : ils abritent ou nourrissent des oiseaux, des chauve-souris, ainsi que d’autres mammifères, et sont particulièrement importants pour la majorité la moins visible des espèces dépendant des forêts que sont les insectes (dont les coléoptères) et les champignons. Le nettoiement du bois mort menace donc la survie de près de 30% des espèces vivant dans des forêts naturelles et est une raison directe de la longue liste rouge des espèces menacées en Europe.

A titre d’exemple, les pics dépendent des insectes du bois mort pour 97% de leur nourriture en hiver. En Europe, 10 espèces de pics nidifient ainsi dans des arbres à cavités ou du bois mort, et au moins 10 espèces de chouettes ont besoin des très vieux arbres ainsi que du bois mort pour nidifier et se protéger des prédateurs. Le déclin marqué des chauve-souris forestières est lui aussi directement lié à la perte d’abris sur les très vieux arbres et les arbres morts.

 » Nous ne nous préoccupons pas de ce que l’on ne voit pas – ceci est particulièrement vrai pour ces formes de vies dépendant du bois mort « , a déclaré Daniel Vallauri, spécialiste forestier du WWF-France.  » Peu de forestiers sont conscients que les insectes, champignons ou lichens forment près de 75% de la biodiversité d’une forêt naturelle « .

 » Il y a tellement de mythes sur le bois mort, comme celui qui veut que l’on soit obligé de le retirer des forêts pour les sauvegarder ou les maintenir en bonne santé : c’est un non-sens écologique « , a-t-il ajouté.  » Une forêt naturelle a besoin de bois mort pour nourrir et abriter la faune, pour enrichir son sol et soutenir sa productivité « .

Aujourd’hui, les très vieux arbres et le bois mort sont à un niveau critique dans beaucoup de pays européens, en particulier en raison du manque de reconnaissance de leur importance et de pratiques sylvicoles inappropriées dans les forêts gérées et même dans les espaces protégés. Les forêts en Europe ont en moyenne moins de 5% du bois mort que l’on s’attendrait à trouver dans des conditions naturelles. Même dans les espaces protégés, on ne laisse le plus souvent pas la nature s’exprimer totalement.

Le WWF en appelle aux gouvernements européens, aux propriétaires forestiers et à l’industrie pour qu’ils aident à conserver la biodiversité en laissant vivre un nombre plus important de très vieux arbres. Ils doivent également augmenter la quantité de bois mort dans les forêts gérées de façon à restaurer jusqu’à 20-30 m3/ha d’ici 2030. Le WWF demande par ailleurs la suppression de ce que l’on appelle les ‘mauvaises subventions’, qui poussent au nettoiement des forêts et à la disparition du bois mort, par exemple après les tempêtes.

Augmenter la quantité de bois mort dans les forêts gérées et permettre une libre évolution des forêts protégées contriburaient de façon majeure à la conservation durable de la biodiversité en Europe tout en aidant à remplir nos engagements internationaux. La question des très vieux arbres et du bois mort est de plus en plus reconnue dans les fora internationaux – notamment par la Conférence Ministérielle pour la Protection des Forêts en Europe – comme un indicateur de la biodiversité et de la naturalité des forêts…  » Et pourtant, la plupart des pays continue de payer des subventions qui encouragent ou demandent explicitement le nettoiement du bois mort, par exemple après les tempêtes « , a déploré Daniel Vallauri.

Ce rapport est publié alors que s’ouvre aujourd’hui une conférence francophone sur le sujet, lancée à l’initiative du WWF, de la FRAPNA, de l’Université de Savoie et d’une dizaine de partenaires.

Cette conférence se tient du 25 au 28 octobre à Chambéry en présence de plus de 250 scientifiques, gestionnaires et naturalistes.

Contact presse

Muriel Derivery, attachée de presse – Tél. : +33 (0)1 55 25 84 70 – mderivery@wwf.fr
– Le rapport  » Bois mort, forêts vivantes  » (en anglais) peut être téléchargé à l’adresse http://www.wwf.fr/pdf/deadwood.pdf
– Des photos sont disponibles à l’adresse : https://intranet.panda.org/photos/albums/ext/index.cfm ?action=list&alid=305
– Informations sur la conférence http://wwwuniv-savoie.fr/labos/ldea/Bmc/accueil.html
– Pour obtenir le programme de la conférence, contactez Muriel Derivery par mail ou par téléphone

2 commentaires

  1. Je suis en BTS GPN et j’ai effectué un stage en forêt domaniale du temple ds l’aube (PNR forêt d’orient) sur les picidés et j’ai pu voir que l’on s’interesse de plus en plus a l’importance des chablis et des chandelles en les preservant et même les nids de pics noirs dans les hêtres a valeur economique vont être conservés Je trouve que c’est un grand pas pour l’émancipation de la biodivesité dans nos forêts!!!

    1. je suis en BTSA GF , je travail sur les indicateurs de gestion durable des forêt et je te garanti M GPN (^^) que sa fait un bon mometn que l’on s’intérresse que bois mort , prend comme l’exemple la suisse , canada , ……

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