Participation à la semaine sur la biodiversité, le point de vue de Michel CHAUVET

J’ai participé toute la semaine dernière à la Conférence « Biodiversité :
science et gouvernance »
, à Paris (UNESCO).

Pour en donner une idée, il y avait environ 3 000 inscrits, et en permanence
2 000 présents, ce qui faisait que, quand on avait la chance de tomber sur
quelqu’un, il fallait tout de suite lui dire tout ce qu’on souhaitait lui
dire, car la probabilité de le rencontrer ensuite était bien faible…

Introduite par Chirac, qui a fait un très beau discours (comme d’hab), la
conférence a vu défiler une demi-douzaine de ministres français et tous les
dirigeants de nos organismes de recherche, sans parler du président de la
république malgache et d’une brochette de ministres de divers pays et autres
prix Nobel.

Cet évènement représente en soi un changement qualitatif. La biodiversité
est maintenant sur « l’agenda politique » au plus haut niveau. Nul doute que
le Saint-Esprit soit tombé sur les têtes des augustes décideurs présents, et
qu’ils orienteront dorénavant les créations de postes et les crédits en
faveur de la biodiversité !

Cela dit, cela ne m’étonnerait pas que le gouvernement français prenne des
mesures concrètes allant à l’opposé des discours (comme d’hab)…

Les sessions étaient nombreuses, avec des ateliers en parallèle et un grand
nombre d’intervenants (tous prestigieux), ce qui laissait la part congrue
aux discussions. Dommage.

Au niveau international, l’idée passe que la biodiversité doive entrer dans
la catégorie recherchée des « mégasciences », autrement dit, celles qui
demandent de gros équipements (en l’occurrence informatiques).

Parmi les composantes de la biodiversité, celle du fonctionnement des
écosystèmes a le vent en poupe, ainsi que les interactions avec les
« communautés locales et autochtones ».

Par contre, j’ai été frappé du fait que les « scientifiques » étaient
entièrement polarisés par leur dialogue avec les décideurs. C’est normal
dans la mesure où ce sont eux qui payent. Il y avait des représentants de
grands groupes industriels, mais j’ai constaté l’absence du secteur
associatif / ONG, mis à part les ténors que sont l’UICN, WWF et Greenpeace.

Un « Appel des scientifiques » a été lancé:
http://www.recherche.gouv.fr/biodiv2005paris/appelparisbiodiv.htm

On y trouve la phrase suivante : « L’éducation des citoyens et les programmes
de sensibilisation du public doivent être fortement renforcés et améliorés
pour atteindre ces objectifs. »

Je me suis permis de réagir (sans succès) en soulignant l’arrogance de ce
texte, qui ignore froidement tous les groupes de citoyens passionnés par tel
ou tel aspect de la biodiversité, et qui se groupent dans les associations
naturalistes, de protection de la nature, de jardinage… Nos collègues
dirigeants scientifiques n’ont toujours pas compris que le secteur
associatif constitue leur lobby naturel, dont ils ont tant besoin pour
obtenir des crédits.

Dans ce contexte, l’expérience de Tela Botanica ne prend que plus de valeur.
Car je ne sais pas si vous vous en rendez compte, mais nous sommes un
exemple assez unique de « dialogue science-société ». Eh oui…

Voilà pour mes premières réactions.

Cordialement,

Michel Chauvet

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