Les jardins botaniques sont responsables de la propagation des plantes envahissantes

Plus de la moitié des espèces végétales envahissantes du monde se propagent dans de nouveaux habitats via les jardins botaniques, c'est ce qu'a conclu une analyse des évasions végétales historiques.

Plus de la moitié des espèces végétales envahissantes du monde se propagent dans de nouveaux habitats via les jardins botaniques, c’est ce qu’a conclu une analyse des évasions végétales historiques.
Bien que la plupart des cas analysés se soient déroulés entre les années 1800 et le milieu des années 1900, on signale des évènements plus récents qui méritent selon les chercheurs un renforcement de la biosécurité.
Les espèces végétales peuvent s’échapper des jardins spécialisés via les cours d’eau, la dispersion par le vent et le transport par animaux. Une fois implantées dans la nature, elles peuvent envahir les habitats indigènes.
La plupart des évasions ont été anecdotiques, afin d’avoir une vue plus large, Philip Hulme de l’Université de Lincoln à Christchurch, en Nouvelle-Zélande a commencé avec 34 plantes qui figurent sur la liste des 100 espèces les plus envahissantes du monde réalisée par l’Union internationale pour la conservation de la Nature.
Hulme a épluché la littérature pour trouver l’endroit d’où les plantes invasives étaient originaires et rapporte que pas moins de 19 des 34 plantes étudiées s’étaient certainement échappées de jardins botaniques (Trends in Ecology, DOI: 10.1016/j.tree.2011.01.005 ).

Par exemple, un arbuste à belles fleurs jaunes appelé gingembre kahili (Hedychium gardnerianum), originaire de l’Inde, s’est propagé depuis un jardin botanique en Jamaïque, dans les forêts de Jamaïque et à Hawaii. « C’est une vraie plante nocive, elle crée une couverture qui empêche les plantes indigènes de se régénérer », explique Hulme. Quatre des « 100 pires  » espèces invasives de la liste sont susceptibles de s’être échappées d’un seul endroit, le jardin botanique Amani en Tanzanie.
Bien que ces évasions soient historiques, Hulme dit
qu’il y a pu en avoir plus depuis que par le passé car il faut des décennies pour que les plantes s’installent. Racemosa lumnitzera, par exemple, une espèce asiatique importée aux États-Unis dans les années 1950 et 1960 par les jardins botaniques, a une population croissant de 17 % à 23 % par an dans les mangroves de Floride.

Hulme souligne que l’initiative en 2001 pour prévenir ou éliminer les rejets accidentels, appelée la déclaration de St Louis , n’a été signée que par 10 des 461 jardins botaniques des États-Unis. Certains jardins font leur part, notamment le Chicago Botanic Garden (CBG), qui est en train de remplacer certaines des espèces qui sont préoccupantes. CBG a également cessé d’échanger des graines avec d’autres jardins botaniques et a éradiqué les possibles envahisseurs de toutes les marchandises commerciales.

Peter Raven, directeur du Missouri Botanical Garden et pionnier de la déclaration de St Louis, dit que bien qu’elle ait seulement 10 signataires, de nombreux autres jardins botaniques dans les États-Unis suivent ses directives. «Il ya toujours un risque pour les espèces d’échapper à des collections et de s’établir dans la nature», explique Suzanne Sharrock, directeur des programmes mondiaux au Botanic Gardens Conservation International , un groupe de coordination mondiale pour les jardins botaniques de Kew basée à Londres.

– Lire la suite de l’article original du 17 Mars 2011 de Andy Coghlan : « Botanic gardens blamed for spreading plant invaders » sur le site www.newscientist.com

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Traduction : V. Schäfer.
Photo d’illustration : Buenos Aires Botanical Gardens By José María Pérez Nuñez (originally posted to Flickr as Jardines botánicos) licence CC (BY-SA)2.0

4 commentaires

    1. Ce que je crains le plus personellement, ceux sont les dispersions de graines à partir des vieux sujets (très fructifères et très volumineux) d’essences « banales » dorénavant réputées invasives (Prunus laurocerasus par exemple) qui peuplent de nombreux parcs paysagers publics ou privées du XIX éme ou début XX éme.

      David

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