L’importance des odeurs chez les plantes-hôtes

Les odeurs d'une plante hôte constituent des entités d'informations non miscibles- La composition des mélanges et leur concentration sont importants pour le Sphinx du Tabac.

Les odeurs d’une plante hôte constituent des entités d’informations non miscibles- La composition des mélanges et leur concentration sont importants pour le Sphinx du Tabac.

Le choix de la plante-hôte est d’une importance vitale pour les espèces d’insectes herbivores ovipares qui ne prennent pas soin de leur progéniture ultérieurement. On connait plusieurs facteurs, dont l’appétence, les qualités nutritionnelles et le risque de prédation, qui influent sur le choix de la plante hôte. On pense que des indices olfactifs permettre la localisation de l’hôte, mais aucune donnée n’est encore disponible sur les caractéristiques des odeurs qui permettent le choix entre différents hôtes alors que l’insecte est en vol.

Il a été montré précédemment que les femelles de Manduca sexta (le Sphinx du Tabac ) préféraient Datura wrightii à Nicotiana attenuata. En effet, le complexe d’odeurs de ce dernier est plus intense et contient des composés émis de façon caractéristique par les plantes ayant subi une attaque par un herbivore pour attirer les ennemis de celui-ci.
Dans cette étude en soufflerie, les auteurs ont présenté à des femelles gravides de M. sexta les odeurs (en condition végétative) de ces deux espèces attractives et écologiquement plausibles. Les M. sexta femelles ont préféré des feuilles artificielles sous lesquelles étaient diffusées les odeurs de l’une ou l’autre espèce à des feuilles témoins sans odeur. Si elles ont le choix de l’espèce, les femelles préfèrent alors le complexe d’odeurs émises par D. wrightii à celles de N. attenuata. L’harmonisation, c.a.d. l’ajustement des composés volatils au même niveau d’intensité, réduit significativement cette préférence sans l’annuler complètement. Par contre, la superposition, c.a.d. le mélange de ces deux complexes émis par les parties aériennes supprime la distinction faite par les femelles entre feuilles traitées et feuilles témoins. En plus de la confirmation du rôle de la composition du mélange olfactif dans le choix de l’hôte, les travaux des chercheurs permettent d’émettre plusieurs hypothèses :
1) l’odeur d’une plante hôte est perçue comme un ensemble discontinu d’odeurs et ses propriétés essentielles disparaissent après mélange avec un autre complexe odorant
2) l’intensité du stimulus olfactif est secondaire dans le choix de la plante-hôte par olfaction
3) émettre de façon constitutive la même odeur qu’une plante qui attire les ennemis des herbivores peut faire partie de la stratégie d’une espèce pour éviter l’herbivorie lorsque des espèces hôtes de substitution sont disponibles.

NdT : voir aussi sur un sujet proche : Allman et al, 2013 ; Feeding-induced rearrangement of green leaf volatiles reduces moth oviposition DOI: http://dx.doi.org/10.7554/eLife.00421

– Voir l’article complet (en anglais) sur Plos One

Citation: Späthe A, Reinecke A, Haverkamp A, Hansson BS, Knaden M (2013) Host Plant Odors Represent Immiscible Information Entities – Blend Composition and Concentration Matter in Hawkmoths. PLoS ONE 8(10): e77135. doi:10.1371/journal.pone.0077135

Traduction réalisée par Ph. Chatelet, dans le cadre du projet Traduction de Tela Botanica.

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Photo d’illustration : Datura wrightii. Photo taken at the Santa Monica Mountains National Recreation Area, Mulholland Highway roadside, chaparral, 4-18-04. Source: http://www.nps.gov/samo/bloom/white.htm PD-USGov-NPS, via wikicommons

2 commentaires

  1. pas d’outil de communication visible; alors comment les hôtes communiquent-ils avec les plantes? c’est que les odeurs issues des plantes sont assez complexes et seuls les insectes peuvent les disserner. mais il faut remarquer que les humain auraient perdu beaucoup de leur facultés originelles. pourquoi? quand vous allez chez les peuples qui vivent en forêt et qui n’ont pas encore subit une mutation sociale conséquente, ils savent également distinguer les ordeurs des plantes lorsqu’il s’agit par exemple de la collecte des plantes médicinales. aussi bien les insectes que ces peuples, ils ont en eux des mecanismes leur permettant de faire cette distinction. pour pouvoir decrypter ce myster il serait peut être mieux de faire une corrélation entre la vie de ce peuple de forêt de celle des insectes. ce peuple ne dispose pas aussi des moyens de communication qu’on connait aujourd’hui et en decriptant leur facon de communiquer, cela pourra contribuer davantage à l’avancée de la technologie

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