Interview : À la rencontre d’un agriculteur à la retraite passionné de botanique !

Zoom sur un ancien agriculteur conventionnel aujourd'hui passionné de botanique. Comment la passion pour la nature à travers la photo et les échanges humains peuvent contribuer à un changement de regard sur les pratiques agricoles...

Zoom sur un ancien agriculteur conventionnel aujourd’hui passionné de botanique. Comment la passion pour la nature à travers la photo et les échanges humains peuvent contribuer à un changement de regard sur les pratiques agricoles…

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Nous sommes allés à la rencontre de Laurent Lemetais retraité de 35 ans dans l’agriculture conventionnelle. Aujourd’hui il nous raconte comment son regard à évolué au fil des années grâce à son intérêt pour les plantes et les rencontres humaines.

Le mode d’agriculture était non choisi

« N’ayant pas de formation agricole ni d’expérience professionnelle dans ce domaine, je n’ai pas « choisi » un mode d’agriculture, j’ai surtout essayé de suivre le modèle conventionnel pratiqué par mon père et mon frère. Mon souci était d’assurer le bon fonctionnement économique, je ne me posais pas d’autres questions à cette époque. »

Les conseils extérieurs : le levier pour allier convictions personnelles et agriculture

« Pratiquant une activité très conventionnelle, je ne sais pas si j’aurais eu le courage de suivre d’autres modèles qui étaient en opposition avec ce que faisait l’entourage. J’aurais eu besoin de beaucoup de conseil ou une aide extérieure pour me lancer, par exemple en agriculture biologique. Je pense que je n’y serais pas arrivé, ça aurait été un échec malgré des convictions profondes !

En 1977 on n’avait pas de conseil concernant d’autre type d’agriculture, alors que le modèle conventionnel bénéficiait d’un accompagnement technique très efficace.»

Le sol c’est la base même de notre travail !

Laurent nous a confié une chose qui lui semble très importante aujourd’hui dans ce qu’il perçoit de l’agriculture concernant son rapport avec le sol. «  Je pense que j’accorderais une place différente au sol. J’ai pratiqué l’agriculture, sans tellement me poser de question sur le sol. Le sol c’est la base même de notre travail. Ce n’est pas un support inerte, c’est un support vivant qui nous rend des services inestimables, comme la transformation de la matière organique en matière minérale, gage de la fertilité. Faire attention à la vie des sols me paraît essentiel ! »

Et si c’était à refaire…

« Si c’était à refaire je tenterais peut-être de passer une parcelle en bio, comme ma fille vient de le faire. C’est un test en vrai grandeur d’un modèle exigeant sur le plan agronomique, risqué sur le plan économique, mais c’est démarrer une action et une réflexion indispensable si l’on est soucieux de l’importance de la biodiversité et de la qualité de l’environnement. »

Mais comment changer de regard sur l’agriculture ?

Plusieurs facteurs ont contribué à un changement de regard:

– «le temps, j’accompagne ma fille dans des tours de plaine.
– la participation à des réseaux d’observation comme l’OAB et Auximore, qui m’ont amené à observer l’activité des carabes, des vers de terre, des papillons, des abeilles, des invertébrés.
– la participation à l’accueil de groupes en sortie pédagogique dans une ferme du village. En témoignant sur mon métier, j’ai dû apprendre à connaître et à comprendre les notions de biodiversité, d’écosystème, d’agrosystème.»

Un premier contact avec la botanique à travers la photographie…

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« Je consacre une bonne partie de mon temps à la photographie. C’est ainsi que j’ai découvert la richesse de la biodiversité locale, en particulier en botanique où je ne connaissais que les adventices les plus présentes dans les cultures. Je passe mon temps à photographier la biodiversité de mon village c’est devenu une passion importante, c’est peut être comme ça que j’ai eu le contact avec la botanique.
J’ai commencé à regarder les plantes dans les champs, j’ai commencé à regarder dans les cultures, sur les bords des chemins, dans les bois et dans le marais je me suis rendu compte qu’il y avait une très grande biodiversité dans le village et que je ne connaissais rien. »

La découverte de Tela Botanica grâce aux photos nature pas de alt pour cette image, soz

« J’ai pris des photos et j’ai commencé à identifier les plantes, c’est lorsque j’ai chercher à identifier une plante sur internet que j’ai découvert Tela Botanica. J’ai commencé à connaître quelques plantes grâce aux fiches internet du réseau Tela Botanica. » Sur Pictoflora vous pouvez retrouver les différentes photos de Laurent Lemetais et des telabotanistes!»

Quand la passion pour la botanique permet de changer son regard sur l’agriculture

« Je pense que mon intérêt pour la botanique m’a aidé beaucoup à me poser des questions sur les pratiques agricoles. Il y a aussi le fait que, lorsque j’étais agriculteur, j’ai participé avec une association à des rencontres avec des paysans des Pays en Développement (AFDI). Pour moi cela a été une expérience extrêmement enrichissante d’avoir un contact avec des paysans vivant dans un tout autre contexte.»

Et les plantes messicoles (habitantes des moissons) dans tout ça ?

« Je les connais très peu. Pour la bonne et simple raison qu’elles ont disparu sans doute depuis longtemps après une lutte avec des générations d’agriculteurs.
Ce que je souhaite c’est vraiment réfléchir et travailler sur ce point et comprendre par exemple comment les agriculteurs pourraient s’intéresser aux plantes messicoles.
La place qu’il faut leurs accorder c’est ce qui m’intéresse de comprendre. J’aimerais en voir et essayer de les connaître et j’aimerais en parler aux agriculteurs en expliquant l’intérêt et avoir des arguments pour le dire, l’intérêt global sur tel et tel aspect. »

L’Observatoire Des Messicoles a pour objectif de faire connaître les plantes des moissons au grand public et aux agriculteurs pour mieux les protéger par la suite.
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« Il y a gagner de mettre en route cette réflexion conjointe botanistes-agriculteurs !
J’aimerais participer à un projet où un groupe d’agriculteurs et un groupe de botanistes travailleraient ensemble sur des questions posées soit par les agriculteurs, soit par les botanistes. »

De belles perspectives pour un travail collaboratif entre botanistes, agriculteurs et habitants !

« Favorisons les échanges entre ces domaines : les botanistes apporteront leurs connaissances scientifiques et leurs arguments expliquant l’importance de la biodiversité, les agriculteurs apporteront leur expérience pratique et leurs contraintes.
En temps que débutant en botanique, je mesure la difficulté d’entrer en communication avec cette communauté scientifique. Si botanistes et agriculteurs acceptent de se rencontrer dans un esprit constructif, il y a de belles perspectives ! »

Ce travail collaboratif est possible avec l’Observatoire Des Messicoles, vous pouvez nous signaler la présence de plantes messicoles via notre outil en ligne.

Pour vous aider à reconnaître les plantes messicoles un Guide de reconnaissance sera téléchargeable gratuitement très prochainement sur notre site internet !

L’Observatoire Des Messicoles est développé par Tela Botanica en partenariat avec la Fédération des Conservatoires Botaniques Nationaux et Montpellier SupAgro. Il s’intègre au Plan National d’Action en faveur des plantes messicoles du Ministère de l’Ecologie, du Développement Durable et de l’Energie.

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