La feuille magique du Cornouiller sanguin

Aujourd'hui, Julien Perrot, rédacteur en chef de La Salamandre, vous offre une surprise, un tour de magie pour pimenter vos balades en famille ou avec des amis...

Aujourd’hui, Julien Perrot, rédacteur en chef de La Salamandre, vous offre une surprise, un tour de magie pour pimenter vos balades en famille ou avec des amis…

Pour cela, il vous suffit d’une simple feuille de Cornouiller sanguin (Cornus sanguinea L). Une manière toute naturelle de dire un grand MERCI à tous ceux qui suivent la Minute Nature.

Julien nous parle « de petits ressorts » autour de chaque nervure. Il s’agit, je suppose, d’une allégorie… Mais peut-être l’un d’entre vous détient-il la clé de ce tour de magie ? Pour ma part je pencherais pour de la sève qui polymérise au contact de l’air et forme un fil extensible, un peu comme le fil de la toile d’araignée…

Avez-vous une explication plus scientifique qui dépasse le stade de la supposition ?

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Daniel Mathieu

8 commentaires

  1. La feuille enchantée du cornouiller …

    Lorsqu’on déchire très doucement une feuille de cornouiller et qu’on la tient par le pétiole, la moitié inférieure semble flotter sous la partie supérieure. Faisons la même chose avec une feuille de hêtre, de charme, … Dans ces cas, la demi-feuille déchirée tombe …
    Observons de près : la partie pendante de la feuille de cornouiller reste attachée par de fins fils au niveau des nervures.
    Comment expliquer ce que l’on voit ?

    Nous proposons deux hypothèses :
    1) Les fils sont élastiques et fonctionnent comme des ressorts.
    2) La sève, liquide dans les vaisseaux des nervures, se solidifie au contact de l’air et forme des fils.

    Une forte loupe permet de voir que les fils ne sont pas lisses mais ont la forme d’une hélice, d’un ressort. La première hypothèse est la bonne (et non pas la seconde que l’on entend pourtant souvent comme explication, lors des balades guidées).

    Une grande diversité de vaisseaux pour la sève brute …

    La sève brute (eau et sels minéraux) qui provient des racines et monte dans l’arbre jusqu’aux feuilles dans les nervures, est contenue dans des vaisseaux. Ces vaisseaux sont en réalité des cellules (appelées éléments de vaisseau) mises bout à bout, et qui finissent par mourir une fois que le vaisseau est formé.
    Lors de la formation des organes, d’une feuille par exemple, ces cellules fabriquent de la lignine, qui se dépose sur les parois latérales des vaisseaux, renforçant ainsi les conduits.

    D’après la forme des épaississements, on distingue différentes sortes de vaisseaux.
    Par exemple, la lignine se dépose sous forme d’anneaux (vaisseaux annelés), ou encore la lignine forme une spirale (vaisseaux spiralés). Les organes qui contiennent ces types de vaisseaux sont des organes en croissance, qui peuvent encore s’allonger. Ces types d’épaississements permettent en effet aux cellules de s’étirer. Les vaisseaux sont étirables.

    Quand la croissance en longueur est achevée, les épaississements lignifiés sont beaucoup plus étendus. La lignine entoure beaucoup plus les vaisseaux, ce qui les rend rigides, ils ne peuvent plus s’allonger (vaisseaux rayés, réticulés, ponctués). Ces vaisseaux sont non étirables.

    Et pendant que nous y sommes, sachez qu’il existe aussi des vaisseaux moins « finis », moins « parfaits » : ce sont les trachéides. Celles-ci se distinguent des vaisseaux par le fait que leurs parois transversales sont conservées, alors que chez les vaisseaux, elles sont perforées, ce qui assure une continuité directe entre les éléments mis bout à bout: la sève brute y circule parfaitement.

    Dans la feuille de cornouiller sanguin (Cornus sanguinea), ce sont donc les “ressorts” de lignine des trachéides spiralées qui forment, à la déchirure, les mystérieux fils invisibles. Chaque « fil » est composé de plusieurs dizaines de vaisseaux spiralés. Ce sont eux qui, en s’étirant comme autant de ressorts élastiques, maintiennent en place la demi-feuille pendante.

    Les feuilles du cornouiller mâle (Cornus mas), celles des viornes lantane (Viburnum lantana) et ridée (Viburnum rhytidophyllum) possèdent la même particularité à l’étirement.

    Mais peut-être y en a-t-il d’autres encore … ? Voilà une belle occupation lors de vos balades ! Tester les feuilles magiques des plantes rencontrées sur votre chemin et … nous faire part de vos observations enchantées ! Merci !

    Martine, guide-nature des Collines
    qui a écrit ce texte dans la revue « Collines » d’avril 2016.

    1. Bonsoir,
      Je connais la feuille magique du cornouiller (elle marche avec les 2 espèces)depuis plus de 30 ans, c’est Robert Tayolle de Tharaux qui me l’a appris.Il faisait aussi écouter le flux de sève à l’intérieur du bois avec un stéthoscope.
      Pour moi, c’est la sève qui se solidifie au contact de l’air mais j’ai, peut-être, tort.
      Amicalement

    2. Bonjour,

      Merci pour ce message.

      Professeur de biologie-écologie pendant 40 ans, je

      suis maintenant en retraite mais cette histoire de

      feuille de Cornouiller me rappelle un souvenir de

      compte-rendu d’élève suite aux observations de

      terrain. J’avais parlé oralement de » filaments « et le

      compte-rendu écrit indiquait « fils amants » : n’est ce

      pas dans ce cas bien plus poétique ?

      Cordiales pensées

      JMC

    3. Its the spiral reinforcement of the leaf vessels. See for example Vegetable Physiology Vol 1 by John Lindley pub 1827

      Available on line – just google «Cornus sanguinea spiral»

  2. J’ai vérifié avec ma loupe binoculaire. Il s’agit bien de vaisseaux composés de fils spiralés, qui, lorsqu’on les étirent se déroulent et autorisent un allongement de très grande longueur. Une image en est donnée par l’étirement d’une gaine de câble de frein de vélo…

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