Un prix décerné par la SBF à Hervé Sauquet, responsable pédagogique du MOOC botanique

Hervé Sauquet, responsable pédagogique du MOOC Botanique diffusé par Tela Botanica en 2016 s'est vu décerné le prix Gandoger par la Société Botanique de France pour ses travaux de recherche sur l'origine des plantes à fleurs.

Hervé Sauquet, responsable pédagogique du MOOC Botanique diffusé par Tela Botanica en 2016 s’est vu décerné le prix Gandoger par la Société Botanique de France pour ses travaux de recherche sur l’origine des plantes à fleurs.

Ce prix a été remis à Hervé Sauquet lors de la session ordinaire de la SBF qui s’est tenue vendredi 17 mars dans les locaux du Muséum national d’histoire naturelle de Paris. Ce prix récompense des travaux remarquables en phanérogamie (plantes à fruits), en mémoire à Jean Michel Gandoger (10 mai 1850 – 1926) botaniste de la région Lyonnaise dont l’herbier est conservé à l’université Claude Bernard à Lyon.

L’éloge des travaux de Hervé a été prononcée par Sophie Nadot, professeur de botanique à l’Université Paris-Sud et responsable de l’équipe Evolution des Angiospermes au laboratoire Ecologie, Systématique et Evolution. Elle a également participé au MOOC de Botanique produit par Tela Botanica en tant que pédagogue :

C’est un tout jeune chercheur puisqu’il fêtera ses 40 ans en avril, on pourrait donc croire que présenter sa carrière tiendrait en quelques lignes et une poignée de minutes. Et pourtant c’est un parcours riche et diversifié que vous allez découvrir.

L’aventure scientifique d’Hervé, fraichement diplômé de l’agro (INA P-G), aujourd’hui AgroParisTech, commence pour de bon à Paris dans les locaux de Phanérogamie au Muséum national d’Histoire naturelle sous la houlette d’Annick Le Thomas, Professeur, avec qui il démarre une thèse sur l’évolution florale dans l’ordre des Magnoliales.

Il commence par mettre de l’ordre dans les relations phylogénétiques entre les familles de cet ordre qui représente environ 2-3% de la diversité des plantes à fleurs, et utilise la phylogénie obtenue pour bouleverser des idées reçues concernant l’état de certains caractères, notamment la structure de l’exine (paroi externe du grain de pollen) et la forme des étamines, puisqu’il montre que la structure grenue de l’exine et les étamines laminaires sont dérivées chez les Magnoliales et non pas ancestrales comme on le pensait.

Il se penche également sur l’étonnante diversité de l’androcée chez Mauloutchia, un genre de la famille des Myristicaceae, et en profite pour aller jeter un coup d’œil dans les anthères des différents genres de la famille pour observer le du pollen, très diversifié en termes de forme et d’ornementation de l’exine .

Son doctorat en poche, il s’envole pour le musée d’histoire naturelle de Stockholm ou il passera deux ans à étudier le très riche registre pollinique fossile de l’extraordinaire famille des Proteaceae.

Du pollen à la fleur il n’y a qu’un pas… franchi allègrement en traversant la moitié du globe pour aller au jardin botanique de Sydney travailler avec Peter Weston, et poursuivre en Europe au Royal Botanic Gardens de Kew. Il se concentre cette fois sur les fleurs, ainsi que sur les patrons de diversification spécifique à l’intérieur de la famille, qu’il utilise comme modèle pour montrer l’existence de taux de diversification significativement plus élevé dans les hotspots de biodiversité à climat méditerranéen. Ces résultats sont publiés en 2009 dans la très sérieuse et réputée revue américaine PNAS et sont très largement cités dans la communauté scientifique.

De retour en France en 2008, il occupe pendant une année un poste d’ATER à l’Université Pierre et Marie Curie, avant d’être recruté en 2009 à l’Université Paris-Sud comme maître de conférences. Il rejoint le laboratoire Ecologie, Systématique et Evolution pour y développer un projet de recherche intégrant les mots clés évolution – biodiversité – Angiospermes – fleurs- phylogénies – macroévolution – taux de diversification – datation moléculaire – fossiles.

Rapidement, il concrétise ses idées par l’élaboration, avec ses collègues et amis Jürg Schönenberger et Susana Magallón, et une cohorte de collaborateurs, d’un projet baptisé eFLOWER. Ce projet ambitieux vise à élucider les caractéristiques de la fleur ancestrale des Angiospermes ainsi que les modalités de diversification précoce des Angiospermes. Il repose sur une base de données collaborative appelée PROTEUS, permettant de coder de manière fiable, traçable et flexible, n’importe quel caractère floral ou pollinique, un système sans précédent dans l’histoire de la botanique, conçu et développé entièrement par Hervé. Pour alimenter la base de données, il a l’idée de monter une école d’été qui se déroule avec succès à l’Université de Vienne en juillet 2013, en collaboration avec Jürg Schönenberger. Les premiers résultats ont fait l’objet d’une conférence à la session de novembre de la SBF.

En parallèle, il décroche en 2012 un financement « Jeunes chercheurs » de l’ANR pour un projet baptisé Magniphy, pour affiner les relations phylogénétiques entre les 270 genres de Magnoliidae et explorer l’évolution de l’extraordinaire diversité florale dans ce clade, ainsi que les bases génétiques de cette diversité. Une partie de ce projet a constitué le sujet de la thèse de Julien Massoni qui a d’ailleurs reçu un financement de la SBF pour une son travail de séquençage. Ce projet MAGNIPHY a donné à Hervé l’occasion de mener plusieurs expéditions de terrain sous les tropiques, dont une mission à Bornéo en 2015 qui a fait l’objet d’une vidéo en ligne sur YouTube, « Nine days in Borneo ».

Mais Hervé n’est pas seulement un chercheur, c’est aussi un enseignant hors pair, à l’aise avec la théorie aussi bien que sur le terrain, très apprécié des étudiants pour ses qualités pédagogiques… et son sens de l’humour ! Ces qualités l’ont conduit à être sollicité pour coordonner le MOOC de Botanique produit par Tela Botanica et diffusé à l’automne 2016, avec un succès sur lequel je ne reviendrai pas, et à l’occasion duquel il a été convié à une émission de radio sur les MOOC en novembre dernier. L’Encyclopédie Universalis l’a sollicité à plusieurs reprises pour rédiger des articles dont celui sur la Botanique, dans lequel il dépoussière totalement la vision traditionnelle de la botanique.

C’est grâce à des personnalités comme celle d’Hervé que l’on prend toute la mesure que la botanique, discipline pourtant ancienne et à l’histoire particulièrement riche, a encore un immense avenir devant elle.

Le parcours d’Hervé se poursuivra en Australie à partir de septembre 2017, au Royal Botanic Garden de Sydney où il vient d’obtenir un poste de chercheur. Ce brillant parcours ne fait que commencer, j’en suis convaincue !

Sophie Nadot, Session SBF, le 17 mars 2017

Daniel Mathieu

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