Le Polylepis tarapacana : l’arbre des conditions extrêmes

Le Polylepis tarapacana est l'espèce principale qui compose la forêt la plus haute de la planète. Parfaitement adapté à l'altitude, il croît à plus de 4500 mètres, bien au dessus de la limite des arbres, dans les hauts sommets des Andes boliviennes, en Amérique du sud.

Le Polylepis tarapacana est l’espèce principale qui compose la forêt la plus haute de la planète. Parfaitement adapté à l’altitude, il croît à plus de 4500 mètres, bien au dessus de la limite des arbres, dans les hauts sommets des Andes boliviennes, en Amérique du sud.

Forêt de Polylepis autours du volcan Sajama
Forêt de Polylepis autours du volcan Sajama
Polylepis tarapacana
Polylepis tarapacana

Dans quel milieu le retrouve-t-on ?

Le Polylepis tarapacana, de la famille des Rosaceae, est un des arbres emblématiques des écosystèmes alpins boliviens. Il forme la forêt la plus haute de la planète, perchée entre 4000 et 5000 mètres d’altitude dans le parc national du Sajama, encerclant ainsi le volcan du même nom qui culmine à 6540 mètres (rien que ça), constituant le plus haut sommet de Bolivie.

A ces altitudes, la plante subit beaucoup de contraintes, ce qui explique pourquoi peu d’espèces arrivent à croître correctement dans cet écosystème. Les radiations solaires sont particulièrement puissantes à cette altitude, il peut faire 50°C en plein soleil la journée, il gèle toutes les nuits (parfois les températures peuvent tomber à -15°C en saison sèche), il ne pleut que très rarement et uniquement en saison des pluies, enfin le sol est presque complètement minéral, contenant peu de matière matière organique pour nourrir les végétaux.

Néanmoins, plusieurs espèces sont parfaitement adaptées à ces conditions et notamment la fameuse Azorella compacta, une plante pour le moins originale en forme de coussin, dure comme la pierre et qui possède une longévité incroyable de plusieurs milliers d’années.

Azorella compacta et Polylepis tarapacana
Azorella compacta et Polylepis tarapacana

Comment peut-il pousser dans ces conditions ?

On peut imaginer que de petites plantes vivaces arrivent à pousser en hautes altitudes, c’est ce qu’il se passe en Europe : globalement, les végétaux deviennent de plus en plus petits au fur et à mesure que l’on monte en altitude. C’est une adaptation efficace pour luter contre le froid l’hiver.

A l’inverse, le Polylepis tarapacana peut atteindre 6 mètres de hauteur et pousse plusieurs centaines de mètres au-dessus de la limite des arbres, qui est aux alentours de 3700 mètres en Bolivie, formant une forêt très ouverte ressemblant à la Garrigue. En effet, chaque individu étant en compétition avec les autres pour l’accès à l’eau, la densité d’arbres reste relativement faible.

Son écorce de couleur rouge translucide filtre la lumière et est disposée en plusieurs couches friables, si bien qu’il a été surnommé « l’arbre de papier ». Sa sève contient des sucres pour ne pas geler et empêcher l’éclatement des vaisseaux conducteurs, ses feuilles sont petites et duveteuses pour se protéger du soleil et du froid et enfin, il produit beaucoup de rejets au niveau de ses racines afin de se protéger du vent à la manière d’un coussin géant.

Détail des différents organes de Polylepis tarapacana
Détail des différents organes de Polylepis tarapacana

Un peu d’histoire…

Il semblerait qu’autrefois, cet arbre peuplait tout l’altiplano bolivien, un plateau d’environ 1000 km perché à 4000 mètres d’altitude allant du Lac Titicaca au Sud du Salar d’Uyuni. Néanmoins, les populations locales l’auraient beaucoup utilisé pour se chauffer ou pour effectuer des constructions diverses et variées car il représentait l’unique ressource en bois.

Aujourd’hui, on le retrouve très en altitude (5000 mètres) et dans des zones protégées faisant office de refuge face à l’homme. Moins perturbé par les hommes, il semble recoloniser doucement les écosystèmes plus bas en suivant les petits cours d’eau formés durant les rares averses de la saison des pluies. Néanmoins, son développement étant très lent et son écologie peu connu, il est difficile de connaître l’état des populations avec exactitude.

Parc national du Sajama, Bolivie
Parc national du Sajama, Bolivie

Photos A. Sanguet

6 commentaires

  1. Je ne suis pas un « grand » botaniste. Mais ayant fait carrière en horticulture, j’ai une grande admiration pour les végétaux et leur exceptionnel pouvoir de vie.Ce Polylepis en est un exemple. Merci!

  2. Très intéressée par cet article, trouvé à la suite de la découverte d’Escallonia resinosa, au Jardin des Plantes de Paris, qui semble faire partie des mêmes écosystèmes.
    Polylepis tarapacana : un merveilleux exemple d’adaptation.
    Merci aussi pour les photos qui font rêver.

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