De Guyane à Brest, des plantes qui valent de l’or

Le Télégramme de Brest n° 18.858 Vendredi 10 février 2006 – page Bretagne.

Une douzaine de plantes rares, dont deux nouvellement découvertes, viennent de rejoindre les serres du Conservatoire botanique de Brest. Elles ont été récupérées avant l’arrivée d’une société minière canadienne dans ce secteur de la forêt tropicale guyanaise.

Des chercheurs d’or qui prennent soin des plantes rares ! La démarche est plutôt exceptionnelle en Amazonie. Cambior, une société québécoise aurifère, qui pilote et finance cette opération de conservation, n’a pas vraiment eu le choix. (Voir l’article Quand les mines d’or minent la nature).

Avant d’exploiter industriellement une aire de 372 ha, les Canadiens ont dû réaliser un état des lieux rigoureux des espèces et mettre en place des mesures de conservation. Une fois identifiées, parmi les 330 espèces recensées dans la zone, les plantes rares ont été déplacées et replantées dans un secteur épargné par les engins.

Replantées en fin de chantier

En décembre dernier, deux finistériens ont prélevé une quarantaine de plants dont une dizaine d’espèces protégées. Le botaniste Bruno Bordenave et Fanch le Hir, responsable des collections au Conservatoire national, à Brest, ont ainsi crapahuté dans la jungle et rempli leurs sacs à dos de plantes rares. Une démarche qui a son importance en Guyane où au moins 6.000 espèces végétales (1.700 en Bretgone) ont été identifiées. Les plants récupérées été replantés sous serres chauffées à Brest

Au cours d’une deuxième mission au printemps, des graines seront, cette fois, collectées et stockées dans !a banque du Conservatoire de Brest, qui préserve 1,700 espèces rares ou menacées provenant du monde entier dont 75 qui n’existent plus à l’état naturel. Et dans une dizaine d’années, les espèces ainsi conservées retrouveront leur terre d’Amazonie, le chercheur d’or étant contraint de les replanter à ses
frais.

Stéphane Jézéquel

A ce jour, 400.000 espèces végétales ont été recensées dans le monde. Les forêts tropicales, qui représentent 6% de la surface terrestre, en concentrent 90 %.

6 commentaires

  1. il faut quand même savoir que Cambior s’installe juste à cté de la zone humide la plus grande d’europe et qui est de plus une reserve…. Donc les démarches de type écologique de cette société me paraissent assez dérisoires par rapport au domages qu’elle va créer…

    1. Dans le monde capitaliste, faire faillite fait partie de la vie normale d’une société.
      Replanter une forêt après l’avoir massacrée et exploité le minerai qui était dessous fait partie des promesses classiques depuis 10 ou 20 ans de la part des sociétés minières. Mais quand un terrain a été éliminé par l’action conjuguée des machines et de l’érosion, la promesse est impossible à tenir, en supposant qu’il reste une société pour la tenir…
      Ce genre de promesses ont servi de prétexte récemment pour s’attaquer à une forêt réellement vierge (Nickel à Ambatovy) et à une des dernières forêts côtières (titane à Sainte-Luce) à Madagascar, provoquant dans le second cas un exode important de populations locales.
      Je doute qu’il reste à la fois une société pour replanter, un terrain où replanter, et des gens pour se souvenir des promesses, quand le citron aura été pressé.

    2. replanter apres déforestation et exploitation de la terre ça se fait!!
      ce ne sont pas que des promesses…critiquer sur la déforestation c’est trés facile surtout quand on y connait rien. En revanche, les efforts développés par les entreprises minières légales pour reconstruire et rétablir au mieux les lieux exploités,personne ne fait l’effort de se renseigner! d’autre part on ne fige pas l’économie d’une région pour des des raisons écolo certes importantes mais pouvant provoquer de gros dégats au sein de notre pays. les besoins que dégagent ces entreprises font appellent à toutes les sociétés locales et font vivre beaucoup de familles.
      renseignez vous plus amplement sur le sujet SVP.

  2. COMMUNIQUE DE PRESSE LES VERTS GUYANE – MARS 2006

    De graves menaces sanitaires
    sur la population cayennaise
    pour le seul profit d’une multinationale canadienne

    Les enquêtes publiques concernant l’implantation de la multinationale Cambior pour l’exploitation de l’or sur la montagne de Kaw ont débuté en mairie de Roura et à la Préfecture de Cayenne.
    Ces enquêtes posent beaucoup plus de questions qu’elles n’apportent de réponses selon les spécialistes de la protection de l’environnement. (1)
    Les graves incidences sur la santé publique peuvent survenir de multiples manières.

    – Tout d’abord, en cas de rupture des digues retenant de nombreux polluants (cyanure, hydrocarbures, métaux lourds). Les accidents d’Omaï au Guyana (2) et en novembre dernier, de Rosebel au Surinam, rappellent les risques d’une telle exploitation.

    – En cas d’accident durant le transport des 30 000 tonnes de produits chimiques nécessaires aux industriels durant toute la phase de production (3 990 tonnes de cyanure, 21 280 tonnes de chaux,…) sur le trajet Camp Caïman-Degrad des Cannes et St-Laurent-du-Maroni (3) ou lors du passage de zones sensibles, tel le pont de la Comté.

    – Mais les risques sanitaires peuvent aussi provenir d’une contamination lente et continue des sols et des eaux de surface et souterraines par des substances extraites des profondeurs du sous-sol sulfuré, riche en métaux lourds et en arsenic.

    A ce titre, la récente interdiction d’exploitation de la mine d’or de Salsigne, en France métropolitaine (4) a mis en évidence des taux de cancers de la gorge et du larynx supérieurs respectivement à 80 % et 110 % à la normale. Un ingénieur général des Mines rappelle les impacts sur la santé publique des activités minières du fait des transferts d’arsenic par voie aérienne (poussières résultant de l’exploitation à ciel ouvert) pour les travailleurs et par voie aquatique et aérienne pour les habitants du voisinage. (5)
    La population guyanaise doit donc prendre conscience que, même sans accident majeur, l’arsenic libéré par l’extraction sera probablement déversé dans les rivières guyanaises et contaminera durablement la prise d’eau de La Comté (6). D’ailleurs, Les Verts Guyane considèrent que les chiffres et l’assurance de la multinationale CBJ Caïman sur sa capacité à contrôler ce poison, ne nous satisfont pas et méritent, pour le moins, une contre-expertise par un laboratoire indépendant, non impliqué dans l’industrie minière ! (7)

    Les Verts Guyane et Le Comité de Solidarité avec les Indiens des Amériques (C.S.I.A: http://www.csia-nitassinan.org/ ) demandent aux instances gouvernementales, régionales et municipales de prendre clairement et fermement position contre le projet minier de la multinationale CBJ Caïman, projet dénué de tout intérêt économique pour la Guyane, (exonérations de charges, taxes minimes, emplois probablement délocalisés depuis le site d’Omai au Guyana), qui exploite une ressource non renouvelable et présentant des impacts sanitaires et environnementaux considérables voire insoupçonnés à l’heure actuelle.

    Enfin, les Vert-Guyane et le CSIA soutiennent la communauté Palikur dans leur action juridique (8) engagée afin de mettre un terme à une convention, sans contrepartie pour les amérindiens, qui autorise la multinationale à traverser leur Zone de Droit d’Usage. Cette convention est très justement attaquable en vertu du décret de 1987, précisément parce que les Services de l’Etat n’ont pas été consultés et en l’absence de déclaration d’intérêt public.

    On peut s’étonner également du prix d’achat du terrain: 2 centimes le m2 alors que le prix moyen est de 5 euros le m2, soit un cadeau de 9,96 millions d’euros les 200 hectares acquis par la multinationale.

    La Guyane doit elle désormais, en plus de la contamination au mercure qu’elle subit depuis plus de cent ans, faire subir a nos générations futures les effets désastreux et encore plus complexes du cyanure et de l’arsenic? Ce risque est d’autant plus inacceptable qu’il est mis en oeuvre pour le seul profit d’une multinationale étrangère qui promet, à ses actionnaires, une « année 2006 excitante » ! (9)
    Brigitte Wyngaarde, Philippe Ménard,
    Porte parole de Tamanoir les Verts-Guyane
    tel: 06 94 40 97 27
    Site internet: http://guyane.lesverts.fr/
    Email: tamanoir.guyane@wanadoo.fr

    Edith Patrouilleau, Présidente du CSIA

    (1) La spécificité de la montagne de Kaw ne semble pas avoir été prise en compte par les promoteurs du projet : pas d’expérience similaire dans un site aux précipitations exceptionnelles, proximité d’un sanctuaire écologique unique au monde (Marais de Kaw), piste d’accès au chantier qui traverse la Zone de Droit d’Usage de peuples autochtones mais aussi et surtout risque d’accident en zone de captage de l’eau potable de la population de l’Ile de Cayenne.
    (2) (23 000 riverains déboutés de leur plainte pour vice de procédure) – La catastrophe d’Omai sur le net : http://saxakali.com/omai/
    (3) Extrait du rapport technique / sept 2005 – p 160 : « Afin de limiter les coûts de transbordement portuaire ainsi que les délais relatifs à l’horaire d’opération du port de Dégrad-des-Cannes, nous envisageons d’utiliser, subséquemment aux travaux de dragage et de réhabilitation des quais, les infrastructures du port fluvial de St-Laurent-du-Maroni. »
    (4) « Le Monde » édition du 9 février 2006
    (5) Dans le cas de la Guyane, ce voisinage s’étend à la population de Cayenne en raison de la communication des eaux de ruissellement de la mine à la zone de pompage de la Comté.
    (6) http://www.sites-pollues.ecologie.gouv.fr/InfosPolluants/As/AsLabo.html
    (7) http://www.sites-pollues.ecologie.gouv.fr/InfosPolluants/As/AsSynth.html
    (8) voir éditions de France Guyane des 28 janvier et 8 février 2005
    (9) http://argent.canoe.com/lca/infos/quebec/archives/2006/02/20060221-175304.html

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