Grippe aviaire. Nos mageoires à oiseaux présentent elles un danger ?

Suite aux nombreuses réactions à l’article Grippe aviaire. Faut-il vraiment craindre les oiseaux sauvages ?, nous vous proposons quelques échanges intéressants des listes de discussion obsfr@yahoogroupes.fr et ObsRhonAlpes@yahoogroupes.fr sur le problème du nourrissage des oiseaux en hiver qui entraîne parfois de fortes concentrations de volatils.
—-
Philippe Coutellier, Cruseilles, Haute-Savoie [ObsRhonAlpes]

Bonsoir,

L’ hiver n’est pas fini et les ressources alimentaires épuisées ne
vont pas se renouveler du jour au lendemain dans la nature. Aussi les
oiseaux fixés dans un secteur pas toujours propice à un bon hivernage par la
grace d’une mangeoire bien approvisionnée, risquent d’être mis en difficulté
si on leur supprime d’une façon abrupte le nourrissage. A cette période il
est trop tard pour descendre sous des cieux plus cléments et encore trop tôt
pour remonter sur leurs lieux d’origine. Concrètement ma mangeoire est
fréquentée bon an mal an par une centaine d’oiseaux (principalement tarins
et pinsons du nord) sur un petit espace, ce qui est beaucoup trop en effet,
mais je ne peux rien faire pour limiter leur nombre, sauf ne pas les attirer
du tout en ne pratiquant plus le nourrissage hivernal. Est-ce que le bilan
d’oiseaux que j’ai aidés à survivre à l’hiver par nourrissage/oiseaux
décédés par maladies transmises est positif ? Peut-être ferai-je mieux de ne
pas les fixer en début d’hiver et les laisser continuer leur route, car je
suis situé sur une voie de passage de migration des petits oiseaux et c’est
en passant qu’ils remarquent la mangeoire, la nouriture abondante et
décident d’hiverner là, sinon je ne sais pas si le secteur souvent enneigé
serait capable de subvenir aux besoins de groupes importants. Arrêter de
nourrir maintenant, me semblerait les laisser désemparer face aux
intempéries encore fréquentes; et ils ont un peu perdu l’habitude de
rechercher la nourriture eux-mêmes, ce qui ne posera pas de problèmes quand
elle reviendra abondante. A signaler, de plus que la fréquentation de la
mangeoire peut « exploser », 200-300 oiseaux, lorsque des bandes affamées qui
remontent de régions plus méridionales s’arrêtent 2-3 jours. Les sacs de
tournesol fondent à vue d’oeil, et le danger d’infection dû à la trop grande
concentration d’oiseaux inquiétant. Quant à la désinfection, cela reste
relatif, c’estpossible pour les mangeoires, mais pas les sols enneigés ou
non’ idem pour les arbres couverts de fientes et autres perchoirs (même
chose pour les pontons surfréquentés servant de reposoir pour les oiseaux
aquatiques, lac Léman par exemple) .
—-
Christian et Myriam JUPHARD, [ObsRhonAlpes]

Bonsoir,

Je suis en grande partie d’accord avec vous, notamment sur les risques
d’infection aux humains qui semblent très limités ; par contre je serai plus
réservé sur l’utilisation des mangeoires, non pas justement pour des risques
« humains », mais plutôt pour l’oiseau lui-même. Je pense en effet qu’il est
important de limiter au maximum les concentrations importantes d’oiseaux
dans un petit périmètre ; il y a déjà eu des problème avec je ne sais plus
quelle maladie il y a 3 ans, avec surmortalité aux mangeoires. Pour éviter
donc tout risque de « contagion » entre les oiseaux (mini-foyers) il me semble
intéressant de limiter les mangeoires à des périodes « strictement minimum » :
celles où elles ont du mal à se nourrir (2 mois dans l’hiver). Actuellement,
il me semble que les oiseaux n’ont plus trop besoin des mangeoires avec le
redoux et qu’il est donc inutile de « tenter le diable », pour le plaisir
purement égoïste de pouvoir observer les oiseaux de SA fenêtre sur SES
mangeoires. N’oublions pas que les mangeoires sont là pour « soutenir » les
oiseaux durant les périodes très rigoureuses… Par contre, c’est la bonne
période pour construire et commencer à poser des nichoirs pour accueillir
les « pestiférés » ; avez-vous tout vos nichoirs à hirondelle de fenêtre ?
Amitiés à tous Christian
—-
Louis CLEMENT, [ObsRhonAlpes]

Bonjour,

J’habite dans les monts du Lyonnais à 500 m d’altitude et je suis tout à
fait d’accord avec toi.

J’ai arrêté deux mangeoires car il faut que j’ouvre le couvercle pour mettre
les graines ; or ces couvercles sont pleins de fientes. Par contre, ma
mangeoire principale constituée d’une planche et d’un toit restera en
« fonctionnement » quelques jours encore. Cette solution me semble la plus
cohérente.

Cette année, les oiseaux risquent d’être flingués encore plus par
« précaution », certains nids d’hirondelles semblent vivrent leurs derniers
instants, la grippe aviaires fait sont travail, alors si en plus toutes les
mangeoires s’arrêtent en Europe….l’année sera vraiment mauvaise pour les
migrateurs !

Quand la grippe aviaire fait les gros titres des journaux, on ne s’inquiète
plus du tout du C.P.E. et des manifestation contre sa mise en place !

Français, rassurez vous le gouvernement vous protège !!
—-
Yves Thonnerieux, [ObsRhonAlpes]

Sur un autre forum, on m’a posé la question de la dangerosité potentielle
des mangeoires à oiseaux de nos jardins. J’ai fait cette réponse qui
intéressera peut-être certains d’entre vous qui commencent à avoir des
doutes.

A propos du nourrissage des oiseaux en ces temps troublés

Nous vivons dans un environnement qui nous confronte quotidiennement à des
milliards de germes. Le simple bouton d’un interrupteur électrique en
contient des centaines de milliers ! La grippe aviaire à H5N1 n’est pour
l’instant qu’un germe parmi d’autres dont la cible n’est pas l’homme mais
les oiseaux, oiseaux qui sont eux-mêmes confrontés aux différents sous-types
de virus « H ceci et N cela » depuis des millions d’années et auxquels ils ont
résisté pour parvenir jusqu’à l’époque actuelle. H5N1 n’est pas une
nouveauté, puisque son identification sur le continent asiatique remonte à
1997. Pour tous les virologues, on s’installe dans la durée avec ce germe
pathogène qui ne parvient que difficilement, sous sa forme aviaire, à
investir l’organisme humain (200 cas répertoriés dans le monde, malgré des
centaines de millions de gens, et même des milliards à l’échelle de l’Asie,
qui vivent en cohabitation permanente avec les volailles).

Il me semble qu’il est utile de prendre un certain recul pour réfléchir à ce
que sont nos comportements vis-à-vis de maladies autrement plus graves que
la forme actuelle de la grippe aviaire. Et pour ce faire, je ne citerai
qu’un exemple : celui du tétanos.

Le tétanos est une toxi-infection causée par un bacille largement représenté
dans le tube digestif des animaux et qui persiste dans la nature (terre,
mais pas seulement) sous forme de spores résistantes aux intempéries.

Selon les statistiques obtenues en France, les causes les plus fréquentes
d‚infection se rapportent à des travaux de jardinage, des piqûres par des
végétaux (ronces) ou du fil de fer barbelé, des blessures avec du matériel
souillé (outils).

Les portes d‚entrée de la maladie sont épidermiques et relèvent de trois
situations :

– Les plaies « courantes » du quotidien : toutes ces petites
blessures, coupures, griffures, menues morsures d‚animaux domestiques?
– Les plaies chroniques du type ulcères variqueux ou dermatoses.
– Les auto-extractions d‚épines et autres échardes effectuées sans
respecter les règles élémentaires d‚asepsie.

A l’échelle de la planète, l’OMS estime à 1,5 million le nombre de cas
annuels de tétanos (la moitié étant suivis d’un décès, beaucoup se
traduisant par des séquelles invalidantes).

Le nombre déclaré de cas français, en 1998, s’élevait à 20 (dont un tiers
mortel). A la fin du XXe siècle, cette maladie affectait les tranches d’âges
les plus élevées de la population (84 % des patients avaient 70 ans et
plus), car plus un sujet vieillit, plus ses anciennes vaccinations contre le
tétanos sont inopérantes, en l’absence d’injections de rappel.

Or, précisément, faisons nous ces fameuses injections de rappel ? : la
réponse est non, pour un grand nombre d’entre nous… Outre la vérification
régulière du carnet de vaccinations qui devrait accompagner chacun d‚entre
nous pendant toute sa vie, il serait important de ne jamais négliger la
désinfection des plus petites blessures aux mains et de porter, le plus
souvent possible, des gants protecteurs quand on se livre à des travaux de
jardinage qui induisent un contact avec la terre et les végétaux. En est-il
ainsi systématiquement ? : la réponse est négative, une fois encore…

Certains se demandent sans doute où je veux en venir. Simplement à ceci :
bravant les dangers potentiels qui caractérisent l’existence-même, nous
avons, dans notre vie quotidienne, des comportements qui ne sont pas
forcément neutres pour notre santé. Le plus grand risque n’étant-il pas de
rouler sur une autoroute à 130 km / h, à bord d’une automobile ?

Comme la gazelle africaine qui continue de brouter sans stress excessif,
malgré la présence d’un clan de lionnes qui prélève régulièrement son dû
parmi les herbivores de la savane, nous acceptons de mener une vie qui nous
expose à un certain nombre de dangers.

Certains d’entre nous sont simplement un peu plus prudents, d’autres un peu
moins (personne ne l’étant à 100 %, à moins de vivre dans une bulle). Les
premiers vont cesser, à partir de demain, de nourrir les oiseaux de leur
jardin, avec d’autant plus d’empressement qu’un chat porteur d’H5N1 a été
retrouvé infecté en Allemagne, sur l’île de Rügen où un foyer de grippe
aviaire existe depuis déjà un certain temps. Les seconds vont continer
quelques semaines supplémentaires à procurer de la nourriture aux oiseaux,
considérant à juste titre, en l’état actuel des choses, que ce germe est
faiblement pathogène pour les humains.

En ce qui me concerne, je viens de racheter 25 kg de graines de tournesol
pour finir l’hiver. Je suis simplement vigilant sur le comportement des
oiseaux qui visitent ma mangeoires : sont-ils vifs, comme d’habitude ?

Si les choses devaient empirer du côté de la santé humaine à cause de H5N1,
les services d’alerte de nos pays occidentaux nous le signaleraient très
rapidement. En fait, la seule incertitude réside dans l’éventuelle mutation
du virus qui le rendrait contagieux d’humain à humain. Pour l’heure, il est
inutile de s’affoler pour notre santé, il me semble… Par contre, il est
légitime d’avoir des craintes pour les oiseaux : en effet, une surmortalité
(directe ou indirecte) dans leurs rangs, à cause de cette forme de grippe
aviaire, viendrait s’ajouter à de multiples menaces d’origine humaine qui
ont déjà beaucoup clairsemé leurs populations en Europe (si tous les
agriculteurs devaient considérer comme « avifauna non grata » les hirondelles
qui s’apprêtent à revenir nicher dans leurs locaux, l’effondrement de leurs
effectifs serait tout simplement dramatique). Souhaitons que chacun conserve
son sang froid. Mais j’ai des doutes quand je vois que la consommation de
volailles a chuté de 70 % en Italie et qu’elle atteint ou dépasse déjà 30 %
en France…

Yves THONNERIEUX

2 commentaires

  1. L’article de Yves.Resume la fragilite des societes aseptises,qui ont peur de leur ombre.Je vis en Bolivie,et nous vivons avec la proximite de toutes les maladies tropicales,nous avons conscience de cela et aussi nous ne pensons a tuer tous les animaux sauvages .Les precautions elemntaires d’hygienne et la evaluation des facteurs a risque fait que nous vivons tranquilles.Les pays developpes sont victimes de l’information plus politisee que raisonable. la sagesse du paysan est perdu dans les citees de beton.
    jean paul sanchez

    1. Youpi quelqu’un de sage!! Je suis de Mexique (en vivant en Angleterre) et je suis choquee de voir la facon de reagir de la presse (des milliers de morts qui pourrait avoir par la grippe aviaire) et la reaction des gens (publique et meme des organismes du gouvernement. Tuer et jeter des animaux pour peur, des reactions vraiment stupides.
      La tele montre les millions de mortes qu’il y aurait mais paradoxalement, pas les mesures necessaires d’hygiene pour eviter ca !!. Il faut dire que si c’est un virus, la viande tres bien cuite ne pose pas aucun probleme, car la desintegration est totale. Donc, je me demande si les moyens de communication sont plus un ennemie qu’un aide pour éviter le danger de transmission des maladies.

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