Prix Terra Ficaria 2006 décerné à Doyle McKey, chercheur CNRS et CIRAD (34)

Le prix Terra Ficaria : préserver et gérer le monde végétal

La Fondation Yves Rocher et l’Institut de France viennent de décerner pour la troisième année consécutive le prix Terra Ficaria à un chercheur pour ses travaux en faveur de la conservation botanique.
En 2006, c’est un chercheur montpellierain, Doyle McKey * qui est récompensé pour ses recherches sur la gestion durable du manioc en association avec Vincent Lebot et Jean-Louis Noyer du Cirad **.

Le manioc et toutes les plantes à propagation clonale (reproduction par boutures) laissent aux agriculteurs la possibilité de sélectionner et multiplier les plants les plus performants pour leur reproduction. Ces copies de plantes sur plusieurs générations entraînent toutefois un risque majeur : la diminution de la diversité génétique qui peut entraîner la perte de l’adaptabilité au milieu. Pourtant, les populations amérindiennes ont su préserver la biodiversité du manioc cultivé chez eux depuis des millénaires. Tout l’objet des recherches de l’équipe de Doyle McKey a donc été d’observer et modéliser ces pratiques culturales en Amazonie.

Propagation clonale et sexuée, sans oublier les fourmis…
« Nous avions déjà des soupçons sur ces bonnes méthodes de cultures, grâce aux études réalisées par les anthropologues » déclare d’emblée Doyle McKey. Restait à observer sur le terrain. Là, au Guyana et en Guyane française, avec ses étudiants en immersion totale parmi les cultivateurs de manioc, les premières hypothèses sont vérifiées. Les amérindiens combinent à la fois la reproduction par bouture (clonale) et celle par graine (sexuée) dans leurs champs de manioc. Ils laissent pousser les plantes en provenance de graines, au sein des populations de boutures plantées puis sélectionnent les plus vigoureuses qu’ils incorporent dans le stock de clones.

Quant aux fourmis, leur rôle n’est pas des moindres. Les insectes disséminent dans le sol des graines de manioc. Cette dissémination s’observe alors dans les populations de parents sauvages de manioc comme dans les champs de manioc amérindiens. « Une banque de graines se forme à quelques centimètres de profondeur dans la terre et reste dormante pendant la jachère», précise Doyle McKey, « après les brûlis, les graines du dernier cycle de culture, germent et un nouveau génotype est susceptible de s’ajouter au stock de clones ».

En Afrique et au Vanuatu
Ce système mixte de reproduction du manioc a mené les chercheurs du Cirad et du CNRS sur plusieurs voies d’étude : ethnobotanique et écologie sur le terrain, puis génétique pour caractériser la diversité et comprendre sa dynamique. Des travaux de recherche se déroulent actuellement sur le continent africain. Il s’agit de confronter l’étude amérindienne à de nouveaux sols et à d’autres pratiques culturales. Les cultivateurs africains du manioc ont-ils développé des pratiques similaires d’incorporation des produits de la reproduction sexuée ?

En juillet 2007, démarre un projet de recherche sur le manioc au Vanuatu mené par Doyle McKey en collaboration avec Vincent Lebot qui connaît bien le pays et sa diversité de plantes. Là encore sera étudié le savoir-faire des agriculteurs qui ont une longue tradition de culture d’autres plantes à propagation clonale comme le taro ou l’igname. Les scientifiques espèrent trouver les indices du maintien de la biodiversité dans les aires d’introduction de cultures à propagation clonale. « A nous de trouver la synergie entre toutes nos observations et élaborer la méthode de reproduction des plantes à propagation clonale », conclut Doyle McKey.

* Doyle McKey est professeur à l’Université Montpellier II et rattaché au Cefe (Centre d’écologie fonctionnelle et évolutive) du Cnrs et à l’Unité propre de recherche (Upr) Gestion des Ressources génétiques et dynamiques sociales du Cirad.

** Vincent Lebot est chercheur à l’Unité propre de recherche (Upr) Amélioration génétique d’espèces à multiplication végétative du Cirad
Jean-Louis Noyer est chercheur à l’Unité mixte de recherche (Umr) Pia (Polymorphismes d’intérêt agronomique)

Contact scientifique : Doyle McKey, doyle.mckey@cefe.cnrs.fr
Contact presse : Florence Vigier, florence.vigier@cirad.fr

En savoir plus :
– Le site de l’équipe de Doyle McKey au Cefe :
http://www.cefe.cnrs.fr/coev/D_McKey.htm
– Le site de l’Upr Gestion des Ressources génétiques et dynamiques sociales :
http://www.cirad.fr/fr/pg_recherche/ur.php?id=37
– Le site de l’Upr Amélioration génétique d’espèces à multiplication végétative :
http://www.cirad.fr/fr/pg_recherche/ur.php?id=42
– Le site de l’Umr Pia :
http://umr-pia.cirad.fr/

Information tansmise par Florence Vigier, Cirad

3 commentaires

  1. pour la 3e fois le prix est attribué à un institutionnel qui n’en a pas besoin, et sur un sujet n’ayant aucun rapport avec la protection ou la compréhension des végétaux sauvages, ni la biodiversité en France. Mais là c’est le pompon, une simple interview journalistique de praticiens traditionnels aurait abouti au même résultat… Quand à « l’immersion totale »… Bref, que restera t-il de tout çà dans 10 ans ?

    1. Le manioc ne nourrit jamais QUE près d’un demi-milliard d’individus sur Terre. Mais qu’est ce que c’est que de laisser crever 500 000 000 de personnes, quand on peut sauver deux pauv’graminées de l’extinction…

  2. Ouais !
    Pendant qu’en France, il y en a qui se cassent le cul a conserver des milliers d’espèces en vie dans des cultures spécialisées.
    Evidemment c’est moins glorieux que d’aller en Amazonie…
    Mais à mon avis plus efficace pour endiguer la disparition massive d’espèces, au moins pour les espèces de climat tempéré !

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