Le puits de carbone de l’Amazonie menacé par les sécheresses
L’Amazonie est étonnamment sensible à la sécheresse, selon une nouvelle étude menée au cœur de cette forêt tropicale humide, la plus grande du monde.
Cette étude, publiée le 6 mars 2009 dans la revue SCIENCE, met en
évidence pour la première fois les preuves que l’accentuation récente des sécheresses provoque des baisses massives de la réserve de carbone dans les forêts tropicales, notamment du fait de la mortalité des arbres. Ces résultats sont le fruit de travaux coordonnés par Oliver Phillips de l’université de Leeds http://www.leeds.ac.uk/ (UK) et
menés avec ses collègues de 14 pays au sein du réseau de recherche
RAINFOR http://www.geog.leeds.ac.uk/projects/rainfor/ auquel participent pour la France, le Cirad->http://www.cirad.fr/fr/le_cirad/index.php], l’INRA et l’université Paul Sabatier.
Les impacts de la sécheresse intervenue en 2005 dans la région
amazonienne ont permis aux scientifiques d’entrevoir ce qui pourrait
arriver dans l’avenir si la saison sèche amazonienne devenait de plus en plus chaude et intense. Afin de calculer les changements en termes de stockage de carbone, les 68 scientifiques impliqués dans l’étude [[* L’étude a été soutenue par le Natural Environment Research Council et par la Gordon and Betty Moore Foundation ont
examiné plus de 100 sites forestiers sur une zone de plus de 600
millions d’hectares de l’Amazonie, depuis le Brésil jusqu’à l’Equateur, en passant par la Guyane Française. Ils ont utilisé des données de croissance de plus de 100 000 arbres, enregistrées depuis 30 ans, et étudié les mortalités et les nouvelles pousses.
Leurs résultats montrent que la sécheresse de 2005 a provoqué une
inversion brutale des absorptions de carbone réalisées pendant des
décennies. La mort des arbres s’est accélérée là où la sécheresse a le plus frappé. « Pendant des années, la région amazonienne à aidé à
ralentir le réchauffement climatique. Si ce puits de carbone est
amoindri, voire fonctionne à l’envers, le niveau de dioxyde de carbone dans l’atmosphère augmentera encore plus.» souligne Oliver Phillips.
Selon l’analyse des scientifiques, cette sécheresse en Amazonie a
diminué de 5 milliards de tonnes la séquestration de CO2 par la forêt.
L’effet sur l’atmosphère est donc équivalent à celui qui résulte
annuellement des déforestations au profit d’activités agricoles dans le monde entier. En outre, bien qu’à l’œil nu, on voie peu d’impact sur la forêt, les mesures des chercheurs prouvent que le taux de mortalité des arbres a été augmenté par la sécheresse. Pour l’instant, ce carbone est « au sol », sous forme d’arbres morts mais pas encore décomposés.
Cela prendra quelques dizaines d’années avant que ces arbres soient décomposés et que le CO2 se retrouve dans l’atmosphère.
La région amazonienne est tellement vaste que même de faibles effets écologiques peuvent avoir un large impact sur le cycle du carbone mondial. Si les sécheresses se répétaient en Amazonie, cela conduirait à une accélération du réchauffement climatique.
Pour plus de renseignements
– Contacts scientifiques :
Lilian Blanc, lilian.blanc@cirad.fr
Damien Bonal, damien.bonal@cirad.fr
Jérôme Chave, chave@cict.fr
En savoir plus :
L’Unité mixte de recherche(UMR) Ecofog (Ecologie des forêts de Guyane) http://www.cirad.fr/fr/pg_recherche/ur.php?id=137
« Terre rouge http://www.quae.com/livre/?GCOI=27380100594750 » de Julie Blanchin et Laurent Sick
(Editions Quae, 2007)