Agriculture & biodiversité : deux visions complémentaires ?

L’agriculture se retrouve encore une fois à la une.
Crise nationale, problème international… entre le monde financier et la planète écologie, les citoyens oscillent.
Et si l’agriculture se mettait au rythme de la biodiversité ?

Pour essayer d’y voir plus clair Tela Botanica vous propose deux articles traitant du sujet agricole, l’un de France Nature Environnement (FNE) et l’autre du Forum Biodiversité Suisse.

Agriculteurs en colère : et si l’environnement était une solution ?

Un modèle agricole en faillite
L’agriculture française traverse une crise sans précédent. Certains syndicats agricoles, mais aussi le Gouvernement, accusent l’environnement de nuire à la compétitivité de l’agriculture. Pour FNE, c’est l’agriculture productiviste qui est aujourd’hui en faillite !
Pour Jean-Claude Bévillard, responsable agricole à FNE : « Pour produire 100 euros de blé, lait, viande, une exploitation agricole moyenne a dépensé environ 60 euros d’engrais, pesticides, carburant, aliments pour le bétail,… C’est cette dépendance
insoutenable aux intrants qui rend notre agriculture aussi fragile.
»

L’environnement, un atout pour l’économie agricole
Bruno Le Maire, Ministre de l’agriculture, se montre prêt à lever le pied sur certaines mesures environnementales, comme l’objectif d’atteindre 5% de l’espace agricole laissé à la nature (haies, bosquets, mares) d’ici à 2012 : « Je ne suis pas certain qu’ilfaille aller aussi loin. » a-t-il déclaré ce matin sur France Inter.
FNE rappelle que la protection de l’eau, des sols, de la biodiversité est une condition de base de la production agricole. Opposer agriculture et environnement revient tout simplement à condamner notre agriculture. L’environnement ne doit pas être la
variable d’ajustement en période de crise : ce n’est ni acceptable ni efficace.
Marie-Catherine Schulz, chargée de mission agriculture à FNE, explique : « Pour reprendre l’exemple des zones de nature (haies, bandes enherbées) : celles-ci améliorent l’auto-régulation des espaces agricoles face aux ravageurs. Loin d’être un
caprice d’écologistes, elles représentent un atout pour la production agricole, surtout dans l’objectif de réduire les besoins en pesticides.
»

Pour une PAC plus légitime
Les subventions représentent aujourd’hui 90% du revenu des exploitations agricoles (source : Inra). Cette situation ne peut plus durer.
Pour Jean-Claude Bévillard, responsable agricole à FNE : « Justifier le maintien de la PAC, qui représente 40% du budget de l’Europe, par le soutien au revenu d’une catégorie de la population n’est pas socialement acceptable. C’est une nouvelle PAC
qu’il faut inventer, une PAC qui rémunère la prestation d’intérêt général de l’agriculture : nourrir les hommes tout en préservant l’eau, l’air, le sol, la biodiversité.
»

En savoir plus
– Retrouver cet article, du 27 avril 2010 sur le site de France Nature Environnement
– Voir les propositions de FNE pour l’avenir de la PAC

Photo © John Nyberg, SXC.hu
Photo © John Nyberg, SXC.hu

Et chez nos voisins Suisses ?

Hotspot est le bulletin d’information du Forum Biodiversité Suisse. Chaque édition de Hotspot est consacrée à un thème d’actualité, dont les chercheurs et spécialistes traitent les différents aspects.
Le numéro 21 met en lumière les rapports entre l’agriculture et l’environnement dans leur dossier « Visions de la diversité – Biodiversité: Dialogue entre recherche et pratique ».

Aperçu de la situation suisse :

À l’encontre des affirmations officielles,
une bonne partie du budget agricole est aujourd’hui néfaste à la biodiversité.
Les objectifs fixés en la matière sont loin d’être atteints. Nous avons urgemment besoin d’un système de paiements directs
ciblé et transparent qui satisfasse au mandat constitutionnel de l’agriculture, et rémunère à juste titre les prestations
d’intérêt commun. Il existe des propositions concrètes de réforme de la politique agricole.

Aucune activité humaine n’influence autant la diversité des espèces et les écosystèmes de notre pays que l’agriculture. L’activité agricole revêt une importance capitale pour l’état et l’avenir de la biodiversité en Suisse. Au sortir de la seconde guerre mondiale, la révolution verte affecta tout particulièrement
notre pays. Elle fut longtemps considérée comme une réussite totale, ce qui était d’ailleurs le cas à bien des égards.
De moins en moins d’agriculteurs produisaient de plus en plus de denrées alimentaires sur une surface de plus en plus réduite.
Au plus tard dans les années 1980, les progrès gigantesques de la production furent peu à peu victimes de leur efficacité.
Les quantités produites ne pouvaient plus être écoulées sur le marché. Des montagnes de beurre et de viande furent stockées dans
d’immenses chambres froides; de véritables lacs de lait furent transformés en poudre et exportés à des prix de dumping vers
les pays du tiers monde, anéantissant ainsi les marchés locaux.
Cette politique coûta des milliards aux citoyens suisses durant
de longues années. En même temps, les atteintes à l’environnement s’aggravaient et se multipliaient.

En savoir plus :
– Lire la suite de l’article : télécharger le bulletin d’information HOTSPOT
– Voir le site du Forum Biodiversité Suisse

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Photo d’illustration © Feikje Meeuwsen, SXC.hu

2 commentaires

  1. Oui pauvre Agriculture, ce n’est pas normale de voir que les distributeurs Francais soit toujours à la recherche de productions et non pas de producteurs afin d’assurer toujours plus leur marge, tout en taxant aussi les consommateurs.

    La mondialisation n’a pas fait l’enrichissement des producteurs, mais celles des services; Allez produire aux prix des chinois??? Même les producteur Americains sont financés par les USA.

    Le monde de la finance règne en maître absolu!!!

    1. Tout a fait en accord avec ce message !
      Le clash est inévitable car les écarts se creusent toujours un peu plus chaque jour entre la société (les hommes) et la finance (l’argent).

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