Conséquences de la mise en place des bandes enherbées sur l’évolution de la flore adventice

À Télécharger / Thèse que nous fait partager Stéphane Cordeau.

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La gestion intensive des populations adventices, liée aux risques de perte de rendement et à la dégradation de la qualité de la récolte, a largement conduit à leur régression dans les milieux cultivés au cours de ces dernières décennies. Ce déclin floristique dans le paysage agricole a conduit à une perte de biodiversité plus large car de nombreux organismes (oiseaux, insectes, mammifères) sont dépendants de la ressource trophique que représentent ces communautés végétales.
Pour contrer cette perte de biodiversité et limiter les effets néfastes de l’agriculture sur l’environnement, de nombreuses mesures agro environnementales ont été mises en place à travers l’Europe. En France, des bandes enherbées ont été implantées par les agriculteurs le long des cours d’eau pour limiter la dérive des produits phytosanitaires et limiter l’érosion hydrique des sols.
Ces bandes sont principalement semées avec des mélanges de graminées et ne reçoivent ni traitement chimique, ni engrais. En conséquence, leur mise en place généralisée dans le paysage agricole pour de nombreuses années et sans contrepartie financière pour les agriculteurs, suscitent des craintes quant aux risques malherbologiques qu’elles peuvent représenter.
A l’opposé, ces espaces peuvent être considérés comme des opportunités pour maintenir, dans des compartiments proches des zones cultivées, des populations adventices dont les services écosystémiques rendus à l’agriculture sont de plus en plus mis en évidence. Ce travail de thèse montre que les bandes enherbées hébergent une grande diversité floristique. Les communautés adventices sont principalement structurées par le type de bordure adjacente à la bande enherbée et par les modes de gestion qui y sont conduits. L’alternance perturbation-compétition générée respectivement par le broyage et la compétition des espèces semées ne permet pas aux espèces annuelles de se maintenir dans cet habitat où elles ne peuvent que difficilement y produire des semences. Les espèces fréquemment rencontrées sont vivaces, mais ne dominent que très rarement sur le couvert semé. Bien que les bandes enherbées hébergent une flore riche, composée majoritairement d’espèces des champs, il apparaît que ces espaces ne favorisent pas la dispersion d’espèces adventices vers la parcelle cultivée. En effet, la mise en place d’un couvert semé à l’endroit même où l’on observait auparavant une transition de la flore des bordures vers la flore des champs, limite l’effet des bordures sur les champs, au moins à court terme. En outre, la mise en place et l’entretien de ce couvert ont un coût pour l’agriculteur raisonnable à l’échelle de l’exploitation agricole.
Malgré la crainte émise quant au déclin des mauvaises herbes annuelles, les bandes enherbées sont une opportunité pour la gestion des adventices à l’échelle de la parcelle cultivée comme à celle du paysage. Des études conjointes mettant en relation la flore avec d’autres communautés (microflore du sol, criquets) ont été initiées et pourraient permettre de valoriser d’un point de vue biodiversité la mise en place d’une mesure au départ purement agro-environnementale.

Stéphane CORDEAU

– Consulter l’intégralité de l’article « Conséquences de la mise en place des bandes enherbées sur l’évolution de la flore adventice » dans la rubrique Publication de Tela Botanica.
– Télécharger l’article au format PDF (288 pages, 14,5Mo).

3 commentaires

  1. Je suis choquée par la publicité faite au fabriquant d’herbicides.
    Il me semblait que Tela-botanica défendait plus volontiers la biodiversité que les produits visant à l’élimination des « mauvaises herbes ».
    Quant à leur insecticide {Cruiser}, parlez-en aux abeilles autour de vous, enfin, à celles qui sont toujours en vie.
    Ethnobotaniquement
    Isabelle

  2. Bonjour,
    je ne comprends pas bien le sens de cette remarque Isabelle, en lien avec l’article ci dessus ?
    quel est le lien entre une thèse qui traite de l’évaluation de la mise en place d’une mesure agri-environementale basée sur une composante biologique, la flore spontanée, et votre remarque.

    quel lien voyez vous entre cette thèse qui vise à comprendre si les bandes enherbées sont un refuge de biodiversité floristique et votre remarque sur le fait que tela botanica ferait de la publicité pour les fabricants d’herbicide ?
    Ici, quel rapport avec les abeilles, le cruiser, … ???

    si vous souhaitez en discuter, je suis à votre écoute.

    stéphane, auteur de cette thèse et de cet article.
    merci

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