18 nouvelles réserves de biosphère sont ajoutées au réseau MAB de l’UNESCO

Le Conseil international de coordination du Programme MAB (Man and the Biosphere), réuni à Dresde (Allemagne) du 28 juin au 1er juillet, a étendu une réserve de biosphère existante et ajouté 18 nouvelles réserves au Réseau mondial de réserves de biosphère. Ces ajouts et extensions portent à 580 le nombre de réserves de biosphère du MAB réparties dans 114 pays.

Le Conseil international de coordination du Programme MAB (Man and the Biosphere), réuni à Dresde (Allemagne) du 28 juin au 1er juillet, a étendu une réserve de biosphère existante et ajouté 18 nouvelles réserves au Réseau mondial de réserves de biosphère. Ces ajouts et extensions portent à 580 le nombre de réserves de biosphère du MAB réparties dans 114 pays.

Cette année, des réserves de biosphère ont été inscrites pour la première fois en Lituanie, aux Maldives, à Saint-Kitts-et-Nevis et au Togo. Pour sa part, l’Australie a décidé de retirer l’île Macquarie du Réseau mondial de réserves de biosphère car cette dernière ne compte aucun habitant alors qu’il s’agit d’un critère du réseau mondial depuis 1995.

Les nouvelles réserves désignées sont :

Le Lac Bras d’or (Canada) est une vaste étendue d’eau salée qui occupe le centre de l’île du Cap-Breton, en Nouvelle-Ecosse. Cette « mer intérieure » communique avec l’océan Atlantique par trois chenaux. La nomination a été préparée lors d’un processus qui a étroitement associé les représentants des Premières Nations, les agences gouvernementales provinciales et fédérales, des citoyens et des universitaires. Les parties prenantes travaillent ensemble dans le cadre de l’Association de la réserve de biosphère du lac Bras d’Or, créée en 2005. Cela a permis de développer un plan global de gestion du lac. Plus de 14 000 personnes vivent dans cette zone et ont lancé plusieurs initiatives qui créent de nouveaux emplois, encouragent la création d’entreprises et développent des solutions concrètes en vue d’un développement durable.

La montagne Mao’er (Chine) propose un paysage de montagne particulièrement spectaculaire, avec des sommets dépassant les 2 000 m. On y trouve des forêts de bambous, de conifères et de feuillus qui offrent un habitat à deux rares espèces endémiques de grenouille et de salamandre (Hynobius Mao’er Mountainensis et Rana Mao’er Mountainensis). La réserve de biosphère est habitée par des Chinois Han et par plusieurs minorités (notamment Miao, Yao, Zhuang, Dong, Yi et Hui) qui confèrent à la région une riche diversité culturelle. Grâce à un projet financé par le Fonds pour l’environnement mondial (GEF), la protection de l’environnement et des activités économiques durables, dont l’éco-tourisme, ont été développées dans la zone.

Le Corridor biologique Nevados de Chillan – Laguna del Laja (Chili) se situe dans la partie nord de la Patagonie, au Chili central. C’est une des régions du monde qui enregistrent la plus grande biodiversité. Elle compte aussi un grand nombre d’espèces endémiques. Le corridor relie trois zones centrales.

Le Songor (Ghana) couvre 51 113 ha dans la zone côtière du sud du pays. Il s’agit d’une combinaison unique d’écosystèmes marin, estuarien, d’eau douce et d’eau saumâtre, avec des mangroves, des îles et des lambeaux de forêts protégées par les communautés. Certaines portions de l’écosystème marin servent de lieux de nidification pour les poissons, tortues et oiseaux migrateurs. Les principales sources de subsistance des communautés du site et des alentours sont l’agriculture de subsistance, la pêche et la collecte du sel. L’établissement principal, Ada Foah, est connu pour son activité touristique mais le potentiel reste encore largement inexploité. La possibilité de développer dans la zone des secteurs de tourisme culturel et d’écotourisme pourrait faire du site un modèle de développement durable.

Le Mujib (Jordanie) appartient au bassin de la Mer Morte et au paysage de la vallée du Jourdain. Situé sur les berges orientales de la Mer Morte, ce paysage impressionnant comprend le point le plus bas de la surface terrestre (420 m sous le niveau de la mer). Les activités humaines ont joué un certain rôle et modelé beaucoup des habitats de la réserve. Il s’agit d’activités agricoles, de pêche et chasse, de ramassage de bois de chauffage, de collecte de plantes et herbes médicinales, mais on trouve aussi des pâturages, des carrières dans des parties restreintes à la frontière de la réserve et des établissements humains de petite taille. On répertorie dans la zone plus de 90 espèces de plantes rares au niveau national, une espèce endémique de poisson et 24 espèces de mammifères importants du point de vue de la conservation au plan national, régional ou mondial.

Zuvintas (Lituanie) se situe dans la partie sud des basses terres lituaniennes. D’une superficie de près de 59 000 ha, le site comprend des lacs, des marais, des tourbières et des pinèdes. Cette grande variété d’habitats et de végétation se traduit par une riche biodiversité. La Réserve de biosphère occupera une catégorie à part dans la législation nationale de protection. Les principales activités humaines sont l’agriculture, la sylviculture, la pêche et, depuis peu, le tourisme et l’éco-agriculture. Quelque 11 000 personnes – petits ou grands propriétaires – vivent dans la zone.

L’Atoll Baa (Maldives) héberge dans ses nombreux récifs une biodiversité d’intérêt mondial et illustre une longue histoire d’interactions entre l’homme et son environnement. Le site, qui couvre environ 139 700 ha de zones marines et côtières, est représentatif de la richesse des Maldives en animaux coralliens, avec des coraux durs et mous, des espèces de poissons associées aux récifs, des tortues marines, des raies mantas et des requins baleines. Habitée par 12 170 résidents, la réserve reçoit 350 000 touristes par an. En tant que projet GEF, le site est prometteur pour illustrer aux Maldives et dans la région un développement durable reposant sur une économie verte.

L’Archipel Berlengas (Portugal) comprend les Berlengas, un groupe de petites îles et îlots, ainsi que la ville de Peniche sur le continent. L’archipel est régulièrement visité par des touristes, des pêcheurs et des scientifiques qui transitent par Peniche vers ces emplacements exceptionnels du point de vue de la géophysique et de l’écologie. Des habitants de Peniche participent à la gestion de la réserve de biosphère afin de promouvoir le développement durable et la conservation des îles.

La plaine inondable Volga-Akhtuba (Fédération de Russie) représente un écosystème unique, situé dans la vallée de la Volga. La Volga-Akhtuba est une mosaïque de paysages allant de prairies inondables, permettant de hauts rendements agricoles, à des frayères, des chênaies et des zones humides d’importance internationale. Habité en permanence par près de 45 000 personnes, l’endroit a un important patrimoine historique et culturel. Les principales activités sont l’agriculture, la pêche, le tourisme et l’usage récréatif.

L’importance de St. Mary’s (Saint-Kitts-et-Nevis) tient à sa biodiversité particulièrement riche. La réserve englobe des forêts humides, des mangroves et des récifs coralliens, mais aussi le Parc national de la forteresse de Brimstone Hill, site inscrit sur la Liste du patrimoine mondial pour son importance historique, culturelle et architecturale. Il s’agit d’une des premières réserves de biosphère situées dans les petites îles des Caraïbes et elle peut constituer un exemple du fait de l’importante participation locale à la préservation de cette mosaïque exceptionnelle de paysages culturels et naturels.

La réserve de l’Archipel Blekinge (Suède) comprend l’essentiel des zones côtières et des archipels de Blekinge, au sud-est de la Suède. Sur ses plus de 200 000 ha, la réserve offre des paysages de côtes granitiques et toute une variété d’îles et d’îlots. L’endroit a un riche patrimoine naturel et culturel et la population locale est fermement décidée à maintenir le dynamisme économique et social de la région par le biais d’un entreprenariat innovant et du développement de technologies favorables à l’environnement et aux économies d’énergie. Une recherche conjointe sur l’utilisation durable des ressources côtières est menée par des municipalités et des universités.

Le Paysage de la rivière Nedre Dalälven (Suède) s’étend sur 308 000 ha, mariant zones humides, rivières, lacs, plaines inondables et forêts. On y trouve notamment le lac Hovran et la baie Färnebofjärden, un site Ramsar. La région a une grande biodiversité et la rivière marque une nette frontière du point de vue de la faune et de la flore entre les parties sud et nord de l’Europe du Nord. L’agriculture et la sylviculture ont évolué suite aux changements dans la sidérurgie. Plus de 100 projets pour le développement durable témoignent du grand dynamisme de la région. La réserve de biosphère bénéficie d’un système de gouvernance hautement participatif ainsi que de nombreux partenariats avec des universités et centres de recherche axés sur le suivi environnemental.

Oti-Keran / Oti-Mandouri (Togo). Située dans la partie nord du pays, la réserve de biosphère inclut le Parc national Keran et la réserve de faune de l’Oti-Mandouri, soit 179 000 ha comptant 16 710 habitants. Il s’agit d’une zone clé établissant une continuité entre Oti-Keran et l’ensemble WAP – W (Niger), Arly (Burkina-Faso) et Parc national du Pendjari (Bénin) – et représentant un corridor migratoire transfrontalier pour les éléphants et d’autres gros mammifères comme les buffles. La réserve de biosphère Oti-Keran / Oti-Mandouri offre de nombreux écosystèmes : zones arbustives, savanes, galeries forestières, prairies. Les communautés ont été impliquées dans le processus de création et de gestion de la réserve de biosphère, notamment en ce qui concerne la surveillance. Une recherche centrée sur la dynamique de l’écosystème et l’évolution de la biodiversité, ainsi que sur des questions socioculturelles est menée en collaboration avec des universités nationales et internationales.

Roztochya (Ukraine) s’étend sur 74 800 ha consacrés à l’agriculture, l’élevage et la pisciculture. Situé sur la frange nord-ouest du Podillya Upland, à 20 km de la ville de Lviv, le site attire des vacanciers avec ses sanatoriums. Des plans prévoient le développement de l’économie et du tourisme dans la région. Une coopération avec la Pologne existe déjà et se poursuivra.

Bura’a (Yemen) doit son nom au massif granitique Jabal Bura’a qui domine la région. S’échelonnant de 200 à 2 200 m, le Bura’a est une zone montagneuse très accidentée avec plusieurs vallées très encaissées qui sont riches en espèces de plantes endémiques rares et vulnérables. Le site héberge aussi une faune diverse, notamment un grand nombre d’espèces d’oiseaux et plusieurs reptiles (tortues d’eau douce et lézard monitor du Yémen). Les systèmes traditionnels agro-forestiers ont toujours cours et représentent une importante source de revenus pour les communautés locales.

La Réserve de biosphère de Santana Madeira (Portugal) est située dans l’archipel de Madère. Il s’agit de la première réserve dans cet archipel. Même si des activités touristiques y sont développées, l’agriculture domine largement dans la communauté vivant sur le site. La réserve abrite une faune et une flore riches qui présentent un taux élevé d’espèces endémiques. Avec ses écosystèmes marins et côtiers, sa végétation d’altitude et ses forêts de laurier, la Réserve est représentative des principales unités biologiques présentes sur l’île. L’archipel de Madère fait partie de la Macaronésie, qui comprend notamment les îles Canaries et les Açores, qui comptent plusieurs réserves de biosphère insulaires.

Ramot Menashe (Israël) comprend un ensemble de systèmes écologiques représentant la version méditerranéenne de l’écosystème global de type « forêts sclérophylles à feuilles persistantes, bois et broussailles ». Couvrant 17000 ha, le site, géré par le Conseil régional de Megiddo, a été créé après un long processus de consultation innovant impliquant 13 exploitations agricoles et 10 000 habitants. Il englobe le site de Megiddo, inscrit sur la Liste du patrimoine mondial et entretient une coopération régulière avec la Réserve de biosphère du Mont carmel. La réserve de biosphère apparaît comme un site pilote en matière de développement durable et pourrait être imité par d’autres réserves situées dans des zones arides. Parmi les pratiques durables, on peut citer notamment l’utilisation d’un système d’irrigation goutte-à-goutte fonctionnant à partir des eaux usées retraitées provenant des exploitations agricoles de la Réserve de biosphère ou encore le maintien des écosystèmes « batha » et de revenus de subsistance tirés de l’activité pastorale.

Trifinio Fraternidad (El Salvador/Guatemala/Honduras) est la première Réserve de biosphère trinationale d’Amérique centrale. Elle est considérée comme une contribution majeure à la mise en place d’un Couloir biologique mésoaméricain. Située dans la partie centrale de la région, elle présente un nombre élevé d’espèces endémiques vivant dans les forêts tropicales humides. Elle présente des zones centrales à cheval sur les trois pays, ce qui permet de protéger de larges parts de la forêt tropicale par-delà les frontières. Le fleuve Lempa, qui traverse les trois pays avant de se jeter dans l’océan Pacifique, y prend sa source. Trois millions de personnes tirent directement leur subsistance du fleuve. La gestion de cette Réserve est coordonnée par le Plan Trifinio, une agence de coopération interétatique qui se trouve sous la supervision directe des vice-présidents des trois pays concernés.

Extensions ou changements de délimitation de réserves de biosphère :

Cat Tien (Viet Nam) est le nouveau nom de l’ancienne réserve de biosphère Dong Nai, inscrite en 2001. Deux nouvelles zones centrales ont été ajoutées, ce qui porte la surface totale de la réserve à 966 563 ha. L’extension vise à répondre aux défis posés par les demandes liées au développement socio-économique. Sous la direction du Comité populaire de la province de Dong Nai, une collaboration accrue entre les différents acteurs devrait aider à renforcer la coordination et les processus de gestion pour l’ensemble de la réserve en réconciliant une conservation pluri-objectif et les objectifs de développement.

Depuis 40 ans, le Programme MAB est pionnier dans son approche scientifique du développement durable. Les réserves de biosphère sont des lieux reconnus par le MAB où les communautés locales sont étroitement associées à la gouvernance, gestion, recherche, éducation, formation et au suivi, en vue à la fois du développement socio-économique et de la conservation de la biodiversité. Ce sont aussi des sites d’expérimentation et d’enseignement du développement durable.

Article du 30 juin 2011
Source : UNESCOPRESS
– Lire cet article en ligne sur
le site de l’UNESCO

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Photo d’illustration : Lac Bras d’Or en Île du Cap-Breton, Nova Scotia, Canada. Eugene Belianski, 2003. Licence CC-by-SA-2.5

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