Sauver le Cyprès de Duprez (Cupressus dupreziana) !

Le Cyprès de Duprez (Cupressus dupreziana) est une espèce en voie d'extinction dont la France possède quelques rares collections en Région Languedoc-Roussillon. Un appel est lancé par le FCBA Station Sud-Est pour aider à le sauvegarder et à valoriser les individus présents dans ces collections

Le Cyprès de Duprez (Cupressus dupreziana) est une espèce en voie d’extinction dont la France possède quelques rares collections en Région Languedoc-Roussillon. Un appel est lancé par le FCBA Station Sud-Est pour aider à le sauvegarder et à valoriser les individus présents dans ces collections

Le Cyprès de Duprez (Cupressus dupreziana)

Les quelques spécimens de cyprès de Duprez, (Cupressus dupreziana) ou cyprès du Tassili ou encore cyprès des Ajjers ont été découverts en 1925 dans les monts du Tassili au Sahara. Ils sont considérés comme les derniers représentants de cette espèce en voie d’extinction. Il n’y avait en 2001 plus que 231 spécimens dans son aire d’origine.

Cet arbre est considéré comme une espèce en voie d’extinction et figure dans la liste rouge de l’UICN parmi les 12 espèces les plus en danger de disparition au monde. La Liste rouge de l’Union internationale pour la conservation de la nature™ (UICN), (en anglais IUCN1Red List) créée en 1963, constitue l’inventaire mondial le plus complet de l’état de conservation global des espèces végétales et animales.

Une curiosité botanique : c’est la seule espèce connue dans le monde végétal capable de se reproduire à partir de ses seuls gamètes mâles (contenues dans le grain de pollen), en utilisant les ovules de Cupressus sempervirens comme mères porteuses.

C’est le résultat probable de son isolement et de son faible effectif, le cyprès de Duprez a évolué vers un système de reproduction unique d’apomixie mâle dans lequel la graine se développe entièrement à partir du contenu génétique du pollen. Il n’y a aucun apport génétique de la part du « parent » femelle qui ne fournit que les substances nutritives. (Pichot et al. 2000).

Le cyprès en général est une des rares essences à se satisfaire de ces conditions ingrates pour améliorer (en produisant un bois de qualité) les terrains incultes qui ne pourraient pas se prêter à d’autres emplois. Cette vocation forestière passe-partout que lui confère sa rusticité naturelle mérite d’être développée. Il serait erroné de prôner sa vigueur végétative et son utilisation dans un système de sylviculture intensive. Ce n’est pas sa vocation. Contentons nous de l’introduire dans des milieux aux situations écologiques particulièrement défavorisées comme il en existe un grand nombre dans les régions méditerranéennes.

L’utilisation du bois de cyprès est réputé pour ses qualités : assez dur mais facile à travailler, résistant et dense, d’odeur agréable, imputrescible et naturellement résistant aux insectes. Ses caractéristiques expliquent son utilisation prisée en ébénisterie et menuiserie.

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Le Cypres de Duprez en France et en Languedoc-Roussillon

Ce cyprès a été installé par l’AFOCEL en essais de comparaison d’espèce au début des années 1980. Son choix répondait à un besoin d’étoffer l’offre proposée aux reboiseurs méditerranéens.

En effet, ses exigences sont très faibles, sa bonne tolérance au stress hydrique et sa faculté de tirer partit des sols très pauvres en ont fait une aubaine incontournable pour le renforcement des espèces rustiques utilisables dans le sud de la France. Son tempérament très accrocheur lui permet de croître sur des milieux ou les autres espèces ont été éliminées.

Cupressus dupreziana serait d’autre part peu sensible à Coryneum cardinale. Cette espèce constitue une ressource génétique potentielle, dont la valorisation sous forme de croisement au sein d’une espèce donnée, ou d’hybridation parait prometteuse. Cela concorde avec des thématiques actuelles : changement climatique, résistance à la maladie des cyprès.

Parmi une dizaine d’essais installés en France, les principales collections sont rassemblées dans 5 essais présents en Languedoc-Roussillon. On y trouve 32 clones dont 16 sont les descendants directs des arbres millénaires.

Une première visite en 2010 a permis de vérifier que ce patrimoine expérimental était toujours présent.

Appel à contribution

Cette espèce rare et vulnérable ne peut se maintenir seule sans mesure de protection. Il ne s’agit pas de protéger cette espèce dans son aire naturelle, mais de sauvegarder ce patrimoine expérimental installé en région Languedoc Roussillon.

L’objectif poursuivi est de :
– établir un inventaire dendrométrique des ressources existantes,
– estimer le potentiel génétique en graines qui peut être mobilisé,
– faire un état des lieux des conventions avec les propriétaires et préciser l’avenir de ces parcelles,
– éventuellement, récolter des cônes et établir un lien avec des professionnels, pépiniéristes ou jardins botaniques en vue d’assurer une conservation de cette espèce.

Voir pour plus d’informations dans le document joint.

Toute personne ou institution intéressée pour nous aider dans ce programme est invitée à prendre contact avec :

Thierry Fauconnier
Technicien forestier
mail : fauconnier.thierry@neuf.fr

16 commentaires

  1. à la place de « descendants directs » je préférerais que Thierry écrive « copies végétatives ».Ces quelques copies d’arbres millénaires furent introduites de Tunisie en France en deux fois, en 1972, sous forme de jeunes plants produits en Tunisie qui furent confiés aux pépinières Minier d’Angers et furent éliminés par le premier gel gel du printemps 72. Une réintroduction des clones d’arbres millénaires fut effectuée en 1973 par des rameaux prélevés sur les pieds mères de ces clones millénaires, identifiés par les numéros commençant par 68… du livre des origines tenu par l’Institut de Reboisement de Tunisie.Les numéros 68… correspondant aux lots de boutures récoltés au Tassili en 1968 par le Professeur Paulet et les membres de l’ambassade de France visitant cette région pour en admirer les peintures rupestres…En prévision de cette visite j’avais équipé les touristes avec le matériel permettant de conserver en vie des lots identifiés et séparés de rameaux feuillés au cours de plus de 15 jours de trajets à dos de dromadaires. Grâce aux report des numéros 68,,, sur le livre des origines de l’AFOCEL il nous a été possible cette année de localiser chacun des clones millénaires récoltés au cours de ce périple et poussant en France à La Piège. Il est bien sur regrettable qu’à la suite du succès de cette « première », la totalité des survivants n’ait pas été clonée et transférée identifiée dans d’autres régions que le Tassili.
    L’intérêt de ce clonage de vétérans identifiés serait outre son intérêt sylvicole, si ces clones ont été récoltés dans des stations différentes et très éloignées les unes des autres, comme me l’a rapporté le Professeur Paulet, de permettre de vérifier sur ces géniteurs la généralité du phénomène « mère porteuse »(cf.Pichot)chez le cyprés de Duprez.

  2. Je possède sur la commune de Gap un jeune Cupressus dupreziana situé à une altitude de 950 m.
    Actuellement haut de 1.66 m., la pointe a séché 2 fois sans inconvénient majeur car le rameau placé dessous a pris le relai. En hiver je le protège partiellement du froid, mais je crains surtout l’humidité et la condensation. Pouvez vous me conseiller sur cette question ?

  3. La question de Pierre Salomez, de Gap, m’intéresse, sans que je puisse apporter une réponse, au contraire.
    Envisagé comme arbre de reboisement pour le littoral méditerrannéen, le Dupréziana doit pouvoir, à mon sens , supporter le froid : le massif du Tassili culmine à 2000m, et ses cyprès survivants subissent quotidiennement, entre le jour et la nuit, des amplitudes de température énorme.
    C’est pourquoi, en parfait amateur, je cherche en ce moment à convaincre des forestiers tarnais de le tester à des altitudes variant entre 400 et 900m, avec une pluviométrie abondante ( jusqu’à 1800mm) et des périodes de sécheresse estivale. Votre essai m’intéresse donc . Connaissez vous la provenance de votre spécimen ?
    J’apprend qu’une expérimentation a été conduite naguère à Marvejols, Lozère. Je n’en sais pas plus, mais il serait intéressant de se rapprocher du CRPF ou de l’ONF locaux pour en savoir plus…

    1. Bonjour,
      Votre arbre vit il toujours?
      Et produit il des graines…
      Qui m’interesseraient fort!
      Ainsi que vos retours d’expérience…
      Cordialement
      A Josse

  4. Bonjour
    Je souhaiterai planter un groupement de cyprès de duprez sur un terrain situé dans les Pyrénées orientales. Si quelqu’un peut m’indiquer comment me procurer des graines ou des plans je suis très intéressé.
    Par avance merci

    1. J’ai dans mon jardin (dans les Alpes-Maritimes) deux cyprès de Duprez issus de graines provenant d’un individu planté vers 1965 au jardin botanique de la faculté des sciences de Saint-Jérôme à Marseille. Je crois qu’il a été semé à Alger à partir de graines directement récoltées dans le Tassili (vraisemblablement la station de Tamrit). Contrairement à ce qu’on lit dans la littérature, cet arbre fructifie abondamment et se ressème naturellement autour de lui, de préférence sous des feuillus, à l’écart de sa propre litière. Les miens ont maintenant 17 ans et l’un a fructifié dès l’âge de 13 ans, ils font environ 8 m de hauteur. J’ai conservé des graines et les cônes de cette année sont assez nombreux (maturité en automne 2022), je peux donc vous en donner.
      Pour la résistance au froid, pas de problème, un individu planté à la faculté de Toulouse par le professeur Gaussen à résisté sans dommages au fameux hiver de 1956. Deux individus ont également été plantés, il y a près de 20 ans dans l’arboretum de Roure (06) à 1300 m d’altitude dans la vallée de la Tinée où les hivers sont rigoureux.
      J’ai lu plus haut que quelqu’un évoquait des plantations de Tunisie. N’y aurait-il pas confusion avec le cyprès de la région de Makthar, qui est du sempervirens ?

    2. Bonjour,
      Votre plantation a t elle abouti?
      Et si oui, produit elle des graines…
      Qui m’interesseraient fort!
      Ainsi que vos retours d’expérience, et informations, sur où trouver du plant/semence…
      Cordialement
      A Josse

  5. Je serais intéressé pour avoir des graines et les faire germer pour un terrain que je considère comme un conservatoire botanique dans le Vaucluse à VENASQUE. J’ai déjà planté du tetraclinis articulata.
    Merci de votre aide

    1. Bonjour.
      Je suis à la recherche de plants et graines de ce cyprès.
      Ayant un grand terrain schisteux, exposé sud, à 600m d’altitude, et recevant environ 500mm de pluie/an, j’aimerais tester cette espèce potentiellement bien résistante au sec et au chaud.
      Je suis intéressé par toute information concernant cette espèce ( et var. atlantica ),et comment s’en procurer…

    2. Bonjour, je cherche également à tester cette espèce…
      Avez trouvé ?
      Et si oui…où?
      Cordialement

    3. Bonjour,
      La dernière fois que j’ai fait germer 250 gr de graines, j’ai eu 15 semis d’un an viable. La faculté germinative n’est pas formidable, il faut utiliser de grosses quantités de graine après les avoir mises au froid.
      La croissance est lente, environ 30 cm à 3 ans.

  6. Mes plantations poussent bien. Les plus vieilles ont des cônes chaque année. Beaucoup de graines avec une faculté germinative très variable : une année j’en ai eu des centaines de plants avec des milliers de semis
    Une autre année avec environ 250 gr de graines seulement 15 plants.
    Donc, vaut mieux se procurer directement des plants d’au moins 2 ans
    Les hybrides se voient bien. Sur un lot j’ai eu quelques cupressus sempervirens. Cela se remarque tout de suite avec la couleur verte et la croissance plus rapide.
    Croissance lente des petits cyprès de Duprez, 8 à 10 cm la première année et 30 cm à 3 ans.
    Vaut mieux les cultiver en pot au moins 3 ans avant de les mettre définitivement en place.

    1. Et les 14 vont bien !

      Le quinzième était un sempervirens. Aujourd’hui on dépasse très largement les 30 cm !

      Leur croissance a ete très rapide l’année dernière. Je vais acquérir une parcelle forestière ou assimilée pour les placer. A la fin de l’année leur taille sera compliquée à gérer

      Ils ont supporté sans aucun problème les pieds gelés chaque hiver. Et semblent effectivement bien adapté et adaptables pour le coup.

      Ici à Toulouse, nous avons eu une année 2023 a 50 degrés d’amplitude. Car au-delà de l’accentuation des coups de chaud et de sécheresse, il y a aussi les amplitudes accentuées entre les évènements climatiques.

      Eh bien, ça passe. !
      Bonne journée à tous !

  7. Bonjour,

    je me permets d’ajouter qq informations en lien avec le fil de discussion.
    Suite à la découverte de son système de reproduction par apomixie mâle (seul cas actuellement connu chez les plantes) un important travail de caractérisation de plantules issues de graines produites par des individus Cupressus dupreziana (en collection en Fance ou dans son aire d’origine) a été conduit dans le cadre de la thèse de J.L Rivera Nava (https://hal.science/tel-02824782). Ce travail a aussi porté sur la diversité génétique de l’espèce.
    Les taux de germination ont été très faibles (~4% ,de 0 à 10). Les plantules produites à partir de graines récoltées en France étaient pour ~1/3 des cyprès C. dupreziana et pour ~2/3 des C. sempervirens eux mêmes haploides ou diploides homozygotes en proportion d’environ 2/3 – 1/3. Un triploide interspécifique a également été identifié, cas rare mais néanmoins confirmé depuis sur qq autres nouvelles plantules. L’étude montre notamment que la croissance juvénile de C. dupreziana est légèrement inférieure (mais non significativement) à celle du cypres vert.

    Nous conduisons actuellement (2022-2023) une étude de caractérisation des « sources » de graines françaises en matière de ‘qualité’ des semences produites. Le travail fait l’objet d’un stage d’un étudiant en master 2, Jacques, qui pourra probablement apporter des compléments d’information.
    Une cinquantaine de lots de graines ont été récoltés sur la zone géographique Carcassonne-Lyon-Nice. Les graines sont mises en germination et les plantules produites suivies en élevage. Au delà des observations faites, l’opération devraient conduire à la production fin 2023 d’au moins 2000 plants de Cypres du Tassli.

    Christian Pichot, INRAE

  8. Bonjour monsieur Pichot

    Merci de ces informations très intéressantes
    Depuis mes premières plantations en 1980, je n’ai jamais cessé de me passionner pour cette espèce exceptionnelle en voie de disparition.

    Cette étude entreprise pour caractériser la qualité des semences Françaises, m’interroge sur la propriété des descendances produites. Je pense que c’est le but de la manip.

    La cinquantaine de lots récoltés dans le triangle Carcassonne, Lyon et Nice, constitue un bassin géographique très large. Cette zone est soumise à 3 climats très différents : Méditerranéen, semi méditerranéen, voir très différents en Rhône Alpes avec de fortes influences continentales.

    L’expression de l’épigénétique va entrer en piste et provoquer des mécanismes d’adaptations inévitables. L’incidence d’un climat humide voir pluvieux ou très lumineux produira des graines moins résistantes à la sécheresse. Donc, le climat peut allumer ou éteindre certains gènes contenus dans l’ADN. Dans son aire naturelle, l’espèce n’a plus été confronté à un tel bouleversement de son milieu depuis des millions d’années. Quoiqu’ils se soient bien adaptés, vu qu’auparavant le Sahara était un milieu humide. Cette espèce à donc un héritage épigénétique évident.

    La descendance obtenue va donc en tenir compte dans l’expression des futurs gènes. Ainsi, à partir du même génome, l’acclimatation risquent de voir l’apparition de qualités endormies qui ne seraient jamais exprimé depuis longtemps : changer de couleur, ou perdre leur résistance exceptionnelle à la sécheresse, car sa particularité est aussi l’assimilation de l’eau atmosphérique.

    Dans la nature l’épigénétique est un phénomène naturel qui pousse les espèces forestières à s’adapter toute seule aux changements climatiques. Mon souci dans cette manip est de ne pas enlever et propager à ces futurs semis l’essence même de l’espèce : leur résistance inhabituelle à la sécheresse….

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