Abeilles et bourdons : méfaits confirmés des insecticides
Plusieurs études viennent confirmer les soupçons qui pesaient sur les pesticides couramment utilisés en agriculture, dont l’impact sur les insectes pollinisateurs se révèle loin d’être négligeable
Les populations d’abeilles et de bourdons, insectes pollinisateurs qui ont un rôle important dans la productivité agricole, subissent depuis plusieurs années un déclin rapide et inexpliqué. Pour les abeilles domestiques, on parle de syndrome d’effondrement des colonies. Parasites, maladies, présence accrue de substances toxiques, dégradation des habitats, modifications climatiques ? Une conjonction de plusieurs facteurs est probablement à l’œuvre, mais l’impact négatif des pesticides répandus sur les cultures devient de plus en plus évident. C’est ce que l’on peut conclure de trois études indépendantes publiées récemment, deux conduites par des équipes françaises et la troisième par une équipe britannique.
Mickaël Henry, de l’INRA à Avignon, et ses collègues ont soumis des abeilles domestiques (Apis mellifera) à des doses faibles, non létales, de thiaméthoxam, une substance de la famille des néonicotinoïdes, des composés insecticides largement utilisés depuis les années 1990. En équipant 653 abeilles de radio-étiquettes RFID pour les repérer, les chercheurs ont constaté que jusqu’à 43,2 pour cent des abeilles traitées au thiaméthoxam ne retournaient pas à la ruche : l’intoxication se traduit par une diminution de leur sens de l’orientation. Pour les abeilles non traitées, le pourcentage d’individus ne revenant pas à la ruche n’atteignait que 16,9 pour cent…
Lire la suite de cette article sur le site de la revue Pour la Science. Un blog donne les réactions de plusieurs lecteurs.
Pour ceux qui sont intéressé par la vie passionnante des abeilles, nous recommandons l’écoute des deux remarquables émissions « Sur les épaules de Darwin » de Jean-Claude Ameisen sur France Inter consacrées au abeilles : les battements du temps :
– Emission du 21 avril 2012 : La démocratie des abeilles
– Emission du 28 avril 2012 : A la découverte du monde des abeilles
Daniel Mathieu
5 commentaires
Et malgré cette étude, le gouvernement a renouvellé pour une année l’autorisation de mise sur le marché de ce poison…
Nous comparons toujours avec l’Allemagne beaucoup de pesticides et autres produits sont interdits depuis des décennies chez eux, qu’attendons nous pour faire pareille, il y a moins d’abeilles, moins de papillons et moins d’oiseaux, tout diminue faute aux pesticides, les paysans eux mêmes tombent malades et il y a des procès en cours contre les fabricants…
Bonjour
La dose administrée dans ces études serait 20 à 30 fois supérieure à celle effectivement reçue par une abeille qui butine sur des plantes traitées.
Un sérieux doute donc sur le bien fondé de ces études.
Elles démontrent simplement qu’un insecticide qui tue à une certaine dose peut avoir de conséquences même à une dose non mortelle. Mais cette dose-là n’est pas celle constatée sur le terrain.
Avec ce genre d’estimation, si j’estime que la dose de nicotine absorbée par le fumeur est 30 fois celle qu’il absorbe en réalité, le tabac est interdit demain.
Il serait donc intéressant de faire ces expériences sur le terrain, pour que la dose ne soit pas « estimée » mais réelle.
Qu’entendez-vous par expériences sur le terrain ? Ce qui est montré c’est que les conséquences de l’exposition des abeilles à ce type de pesticides ne se mesure pas au niveau des individus, mais de l’ensemble de la ruche ou les effets sont catastrophiques à des doses beaucoup plus faibles, voire insignifiantes au niveau des abeilles isolées. La ruche est à prendre en compte comme un super individu pour le quel les doses létales sont beaucoup plus faibles que sur les insectes pris isolément. Quand aux doses 20 à 30 fois plus faibles dans la nature, il s’agit là de l’affirmation des fabricants de pesticides, alors… ces chiffres sont-il plus fiables que ceux des chercheurs ?
On reste confondu devant une telle mauvaise foi .