Nos civilisations se dirigent-elles vers un effondrement irréversible des écosystèmes terrestres ?

En se basant sur des théories scientifiques, des modélisations d'écosystèmes et des preuves paléontologiques, une équipe de 18 chercheurs, incluant un professeur de la Simon Fraser University (SFU, Vancouver), prédit que les écosystèmes de la Terre vont faire face à un effondrement imminent et irréversible.

En se basant sur des théories scientifiques, des modélisations d’écosystèmes et des preuves paléontologiques, une équipe de 18 chercheurs, incluant un professeur de la Simon Fraser University (SFU, Vancouver), prédit que les écosystèmes de la Terre vont faire face à un effondrement imminent et irréversible.

Dans un article récemment publié dans Nature intitulé « Approaching a state-shift in Earth’s biosphere », les auteurs examinent l’accélération de la perte de biodiversité, les fluctuations climatiques de plus en plus extrêmes, l’interconnexion grandissante des écosystèmes et le changement radical du bilan énergétique global. Ils suggèrent que tous ces éléments constituent des précurseurs à l’apparition d’un état planétaire de seuil ou encore d’un point de basculement[1]. Si cela s’avérait exact, ce que les auteurs prédisent pour le siècle en cours, les écosystèmes de la planète, tels que nous les connaissons, pourraient rapidement et irréversiblement s’effondrer.

« Le dernier point de basculement dans l’histoire de la Terre est apparu il y a 12 000 ans, lorsque notre planète est passée de l’âge de glace, qui a duré 100 000 ans, à un état interglaciaire », a déclaré Arne Mooers, un des auteurs de l’article et professeur de biodiversité à SFU. « A ce moment, des changements biologiques les plus extrêmes menant à notre état actuel sont apparus en seulement 1000 ans. C’est comme passer de l’état de bébé à l’âge adulte en moins d’une année. Mais la planète est en train de changer encore plus rapidement aujourd’hui ».

« Il y a une probabilité très élevée que le prochain changement d’état global sera extrêmement perturbateur pour nos civilisations. Souvenez-vous, nous sommes passés de l’état de chasseurs-cueilleurs à celui capable de marcher sur la Lune dans une des périodes les plus stables et anodines de toute l’histoire de la Terre », a souligné Arne Moeers. « Lorsque le seuil sera atteint, ce sera un point de non-retour. Ainsi, si un système bascule vers un nouvel état parce que vous y ajoutez beaucoup d’énergie, même si vous retirez ensuite cette nouvelle énergie, il ne repassera pas dans son état précédent. La planète ne possède pas la mémoire de son état précédent ». Autrement dit, lorsque les activités humaines modifient le bilan radiatif de la Terre en émettant massivement des gaz à effet de serre, nous prenons un risque très élevé : celui de faire basculer brutalement tout le système climatique vers un nouvel état d’équilibre, sans que nos sociétés soient capables de s’adapter, tout comme les écosystèmes actuels.

Ces projections contredisent une croyance populaire répandue selon laquelle la pression de l’Homme sur le changement climatique qui détruit notre planète est encore contestable, et qu’un effondrement serait alors graduel et étalé sur plusieurs siècles. L’étude conclut que nous serions avisés de ne pas transformer la surface de la Terre de plus de 50%, ou nous ne serions plus capables d’inverser ce processus.

Or, nous avons aujourd’hui atteint 43% de ces changements, en convertissant les paysages en zones agricoles et urbaines. « En un mot, les hommes n’ont rien fait réellement de significatif pour éviter le pire car les structures sociales existantes ne sont juste pas les bonnes », dit Mooers. « Mes collègues qui étudient les changements climatiques induits à travers l’histoire de la Terre sont plus qu’inquiets. En fait, ils sont terrifiés… ».

Point de basculement et fonte totale de la calotte polaire du Groenland

Ce point de basculement irréversible peut être illustré par une récente simulation effectuée par Andrey Ganopolski et ses collègues du Postdam Institute for Climate Impact Research. Ceux-ci montrent qu’il suffirait d’une augmentation de seulement 1,6 °C au-dessus du niveau préindustriel pour entamer la disparition complète et irréversible de la calotte glaciaire polaire. 1,6 °C c’est beaucoup moins que les 3 °C alors admis et inférieur aux 2 °C à ne pas dépasser ! La fonte totale serait relativement rapide : 50 000 ans pour 2 °C d’augmentation (scénario devenu improbable), 8000 ans pour 4 °C (scénario vers lequel nous nous dirigeons), 4000 ans pour 6°C et 2000 ans pour un réchauffement de 8 °C.
Rappelons qu’une fonte totale de la calotte glaciaire du Groenland entraînerait une hausse du niveau des mers de 7 m alors que les températures moyennes estivales au Groenland connaissent déjà des anomalies positives de 2,4 °C !

[1] Ce point de basculement pourrait être comparé à une personne, présente dans une embarcation sur l’eau et qui la fait tanguer dangereusement. En poussant le jeu trop loin, la barque va atteindre un point de basculement et chavirer brutalement.

Source de cet article : le site de notre-planet.info
Photographie © Globaia, Planet Under Pressure, SEI, SRC, CSIRO

Daniel Mathieu

6 commentaires

  1. Quel plaisir avez vous à relayer ces informations qui peuvent être aussi facilement contredites par d’autres personnes toutes autant scientifiques enfin qui se disent également scientifiques.
    Ces gens donnent l’impression de vouloir se faire une notoriété en prédisant toujours plus catastrophique.
    Je pense qu’ils devraient rester modestes dans leur affirmations car a force d’en rajouter ils vont passer pour être suspect pour quel dessein? on peut se demander

    1. Cet article pose un problème : celui de l’effondrement possible de l’écosystème mondial. Ce scénario va-t-il se réaliser ou pas, personne ne peut l’affirmer, et j’espère que cela n’arrivera pas. Par contre ce qu’il exprime, c’est que dans les systèmes complexes, comme celui de l’écosystème terrestre, des évolutions lentes et continues qui passent parfois inaperçues ou peu inquiétantes, peuvent soudain changer du tout au tout par effet de « rétroactions positives », c’est à dire par renforcement des phénomènes entre-eux conduisant à de graves déséquilibres (par exemple, un faible réchauffement continu peut libérer de grandes quantités de méthane dans le permafrost ou la glace de méthane – clathrates – des fonds marins qui vont provoquer un brusque et important réchauffement).

      Je conseille à ceux qui sont intéressés par les effondrement des sociétés en relation avec leur envioronnement de lire le remarquable et très documenté ouvrage de Jared DIAMOND : Effondrement. Comment les sociétés décident de leur disparition ou de leur survie (Gallimard, NRF Essais, 2006), ISBN 2-07-077672-7 ((en) Collapse, 2005)

      Daniel

    2. Attention danger !!!! Si on se base sur une emprise écologique d’un modeste pauvre de la planète, on doit pouvoir monter à 20 milliards d’humains sans problème, mais si on se réfère à l’emprise d’un étatsunien ou européen occidental, effectivement il y a surpopulation. Alors s’il est affirmé qu’il y a surpopulation, en fait suremprise sur le système, que fait-on personnellement nous riches ? Ces idées de surpopulation plusieurs fois déjà avancées sont très dangereuses.
      Par ailleurs effectivement, la terre ne disparaitra pas, elle peut devenir comme la planète mars !!!!
      Quel projet de société global sommes nous prêts à mettre en oeuvre ?
      Le paradigme de la terre « ressource gratuite inépuisable » ne tient plus car il faut partager.

  2. Le changement climatique ne peut pas détruire la planète, peut-être tout au plus modifier l’évolution d’une partie plus ou moins grande du biotope actuel.

    Mais ce ne serait pas plus mal si l’espèce humaine avait une pression moins grande sur le biotope.

    La quantité d’humains actuelle n’a aucun sens, puisque la multiplication des humains ne fait que multiplier la misère humaine d’autant (la conscience de la misère permet la misère).

    1. Vous avez raison, le changement climatique ne détruira pas la planète. Elle en a vu d’autre et de plus graves… Par contre il va renforcer le stress du aux autres actions de l’homme sur la nature : ressources en eau, en nourriture terrestre et marine, en énergie, pollutions…

      C’est la combinaison de ces facteurs et de la surpopulation humaine qui peut faire s’effondre les systèmes écologiques, en particulier dans un contexte d’économie mondiale « libéralisée » qui rend les états et les populations incapables de faire face aux enjeux par des mesures appropriées.
      Daniel

  3. Bonjour,

    Je trouve crédible cette idée d’effondrement et d’effet de seuil, à l’instar de ce qui se passe dans de nombreux systèmes complexes. Il semble que ce soit les mêmes mécanismes qui régissent le vivant, avec les effets « tampon » des boucles de régulations que l’on retrouve dans la notion d’homéostasie. Ces boucles de rétroactions positives et négatives engendrent des équilibres dynamiques avec des oscillations plus ou moins grandes. Lorsque ces dernières dépassent les limites admissibles, l’effondrement du système est en général brutal. On retrouve dette idée dans l’hypothèse Gaia de James Lovelock. L’avenir nous dira qui avait tort ou raison puisque l’homme est incapable de faire du préventif et qu’il reste implacablement dans le curatif.

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