Donner un nouveau souffle aux sciences participatives

Les activités en ligne prennent constamment de l'ampleur. Au-delà des jeux et des réseaux sociaux, des millions d'individus investissent bénévolement leur temps et leurs efforts pour des tâches laborieuses et répétitives.

Les activités en ligne prennent constamment de l’ampleur. Au-delà des jeux et des réseaux sociaux, des millions d’individus investissent bénévolement leur temps et leurs efforts pour des tâches laborieuses et répétitives. Des jours durant, des internautes du monde entier se sont ainsi branchés sur www.tomnod.com pour explorer des fragments d’images satellite à la recherche de traces de l’avion disparu de la Malaysia Airlines. Ce phénomène social, dit du « surplus cognitif », est à la base du développement des sciences participatives.

Tandis que les grandes entreprises capitalistiques du numérique développent leurs bases de données à l’insu des internautes, d’autres sites majeurs comme Wikipédia les sollicitent pour enrichir les biens communs. En 2011, le nombre de ses contributeurs dépassait les 30 millions, dont un sur mille était particulièrement actif. A une autre échelle, l’association francophone Tela Botanica (www.tela-botanica.org), qui rassemble plus de 20 000 botanistes, voit quelques centaines de ses membres participer régulièrement aux projets scientifiques de chercheurs du CNRS ou du Muséum national d’histoire naturelle (MNHN). Les amateurs ont de longue date observé la nature et collecté des échantillons. Ce qui assure le renouveau de ces pratiques tient à la disponibilité d’outils numériques incroyablement performants et pourtant simples d’utilisation, au développement des réseaux de communication et aussi à la capacité humaine à analyser des images mieux que les algorithmes les plus performants.

Projet Galaxy zoo
Des coopérations étroites se nouent ainsi entre professionnels de la recherche et non-professionnels pour accélérer les travaux et créer de nouveaux savoirs. Mobilisant des milliers de personnes à travers le monde, elles aboutissent à de réels progrès scientifiques tout en procurant aux contributeurs non professionnels des rétributions qui, pour être symboliques, n’en sont pas moins réelles. Créé dès 2006 par de jeunes chercheurs, le projet Galaxy Zoo est l’un de ceux qui ont su allier la puissance des outils numériques à celle de la multitude. En quelques années, des millions d’observations ont été effectuées par des dizaines de milliers de volontaires connectés à un site Internet (http://galaxyzoo.org) qui ouvrait à leur description des images du ciel générées par divers télescopes, Hubble compris. Couplé à un forum de discussion, ce site de recherche participative a rapidement abouti à des découvertes originales et à des dizaines de publications scientifiques associant chercheurs professionnels et amateurs.

L’astronomie n’est pas seule à produire ces fameuses données massives numériques dont l’analyse se heurte au manque de professionnels de la recherche, aux crédits insuffisants et à une absence de reconnaissance pour les activités de constitution et d’enrichissement des bases de données. Que des projets de recherche participative fleurissent sur Internet dans des champs disciplinaires aussi divers que la conservation des archives, la biodiversité ou la biologie la plus fondamentale ne doit donc pas surprendre ni effrayer.

– Lire la suite de l’article de Mélanie Dulong de Rosnay & Marc Lipinski du 14/04/2014 sur le site de lemonde.fr

1 commentaire

  1. J’ai moi aussi apprécié que Tela soit cité dans cet article du Monde. Mais il y a une chose que l’auteur (après bien d’autres) semble ne pas comprendre, c’est que les sciences participatives ne se réduisent pas à mobiliser une armée de supplétifs amateurs pour que les scientifiques soient plus efficaces. L’originalité de Tela, c’est que nous groupons à la fois des amateurs et des scientifiques, et que la communication marche dans les deux sens !

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