Un grand botaniste, Gérard-Guy Aymonin, nous a quitté

Nous avons appris mardi dernier, 6 mai 2014, le décès du Professeur Gérard-Guy Aymonin qui s'est éteint des suites d'une longue maladie

Nous avons appris mardi dernier, 6 mai 2014, le décès du Professeur Gérard-Guy Aymonin qui s’est éteint des suites d’une longue maladie

C’est une grande perte pour la botanique, une douleur pour les siens et ses amis, pour tous les botanistes et en particulier pour la Société botanique de France, qui lui doit tellement. Des hommages seront organisés dans un avenir proche : sans doute cela sera-t-il très peu au regard de ce qu’il a apporté (et continuait infatigablement à donner activement) à notre discipline.

Pour ceux qui voudraient se souvenir, voyez d’une part le beau portrait que lui avait consacré Anne-Marie Slezec sur le site de Jardins de France
…et d’autre part, les lignes qui suivent, assemblées par ses collègues du Muséum à l’annonce de son décès.

Il a été inhumé ce vendredi 9 mai à 11h, à Camaret en Bretagne, où repose son épouse. C’est une semaine pleine de tristesse, où la Société botanique de France préfère penser en termes de reconnaissance pour ce que Gérard-Guy Aymonin lui a donné.

Marc-André SELOSSE
Professeur du Muséum national d’Histoire naturelle
Président de la Société botanique de France
http://www.biusante.parisdescartes.fr/sbf/

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Hommage à Gérard-Guy Aymonin de la part de ses collègues du Muséum

Botaniste, attaché honoraire au département Systématique & Évolution, Gérard-Guy Aymonin a passé sa vie professionnelle dans l’Herbier national où il a étudié, observé, cherché et transmis ses connaissances pendant près de 60 ans. Dévoué à la botanique et véritable mémoire de l’Herbier, il était toujours sur le pont, y compris durant le chantier considérable de rénovation de l’Herbier de ces dernières années.

Né le 14 juin 1934, Gérard Aymonin s’était très tôt intéressé à la compréhension de la nature. Avant même l’obtention d’une licence ès sciences naturelles, il vint au Muséum national d’Histoire naturelle, d’abord comme travailleur libre en paléontologie et en botanique dès 1950. Il fut recruté en 1957 au laboratoire de Phanérogamie, devint maître assistant en 1964, sous-directeur en 1967 puis professeur. En plus de ses activités scientifiques incluant des enseignements (ENS, ENGREF), il assuma des responsabilités administratives et techniques au sein du laboratoire, au CNRS, au CNPN.

Au cours de sa carrière de chercheur, G. Aymonin s’est notamment spécialisé dans la systématique des Thymelaeaceae (Daphne), des Cucurbitaceae et des Begoniaceae de Madagascar (en collaboration avec son épouse, Monique Keraudren-Aymonin). Ses innombrables herborisations l’ont conduit aussi bien dans les montagnes d’Iran et de Turquie, au Mont Washington, à l’Olympe que sur les petits chemins de l’Hexagone. G. Aymonin était l’un des meilleurs connaisseurs de la flore française. Très actif dans les actions de protection d’espèces menacées, il a contribué à la création des Conservatoires Botaniques Nationaux, et aux activités de plusieurs associations scientifiques en particulier la Société Botanique de France dont il fut le Secrétaire pendant plus de 25 ans.

Officiellement en retraite depuis 2003, il continua inlassablement à participer à la vie de l’Herbier et à transmettre sa grande connaissance des collections. Ce véritable naturaliste répondait volontiers aux demandes, quotidiennes et variées, des techniciens, des chercheurs, des particuliers, résolvant toutes sortes d’«énigmes» historiques, géographiques ou nomenclatures.

Depuis près d’un an, ses problèmes de santé l’empêchaient de se rendre à l’Herbier. Pourtant, de chez lui et même de son lit d’hôpital, il continuait à correspondre avec nous et avec les nombreuses personnes qui le sollicitaient et lui témoignaient de la sympathie. À l’automne 2013, il a ainsi significativement contribué à la rédaction de textes pour le livre collectif « l’Herbier du Muséum » et pour les cartels de l’exposition de la Galerie de Botanique. On peut le voir à diverses reprises dans le Web-documentaire « Herbier 2.0 ». D’abord hostile à ce projet, il s’était laissé « apprivoiser » par ses auteurs, qui en ont fait un portrait très émouvant.

Gérard Aymonin a inspiré à Véronique Roy le personnage du Professeur Florus dans son roman « Muséum » paru en 2006. Présent près de 365 jours par an à l’Herbier, il était aussi fan de Gaston Lagaffe, féru du rock des années 1970 comme de chant grégorien, inconditionnel du « jeu des mille francs », passionné de pêche, de bateaux et de trains… Il nous manque déjà.

Ses collègues au Jardin des plantes
Muséum national d’histoire naturelle de Paris

Image du site Jardins de France
Image du site Jardins de France

2 commentaires

  1. J’ai eu l’occasion de croiser ce grand monsieur si gentil en blouse blanche lors d’un tournage d’un petit film que je faisais alors pour France 3 au Muséum. J’en garderai toujours la mémoire.Et de son bureau-estrade d’un autre âge sous les toits …Sa modestie a fait qu’il n’est pas apparu dans le film mais c’est aussi parce que je n’ai pas su saisir le bon moment. Je le regrette encore.

  2. Je ne rajouterai rien sur les compétences de l’homme, tellement elles sont évidentes et d’autres en parleront bien mieux que moi.
    Nous avons, il y a près de 20 ans, échangé des courriers sur le Cypripedium calceolus qui pousse dans Causses Majeurs et la disparition de l’Aldrovanda vesiculosa, plantes qui sont chères à mon cœur.
    Il m’a toujours répondu avec beaucoup de modestie et sans mépris, moi qui ne possède aucun diplôme, juste un enfant sorti d’un ruisseau sans nom.
    Il a même accepté d’être mon parrain à la Société Botanique de France, pour dire que la vision globale de cet homme allait bien au-delà des corolles de fleurs.

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