« La forêt amazonienne ne peut pas accumuler plus de carbone »

Le temps où le poumon de la planète absorbait une partie du CO2 émis dans l'atmosphère semble révolu. Et ce n'est pas une bonne nouvelle pour le climat ! Les explications de Bruno Hérault, spécialiste des forêts tropicales.

Le temps où le poumon de la planète absorbait une partie du CO2 émis dans l’atmosphère semble révolu. Et ce n’est pas une bonne nouvelle pour le climat ! Les explications de Bruno Hérault, spécialiste des forêts tropicales.
La forêt amazonienne ne sera bientôt plus un puits de carbone. Elle perd sa capacité à absorber le CO2. C’est le résultat de l’une des plus vastes études internationales menées sur cette région, à laquelle ont participé trois instituts de recherche français, dont le Centre de coopération internationale en recherche agronomique (Cirad). Bruno Hérault y est spécialiste des forêts tropicales. Son analyse, depuis Kourou, en Guyane.

Terra eco : Comment avez-vous procédé pour mener cette grande étude internationale ?

Bruno Hérault : L’étude s’est déroulée à l’échelle de l’Amazonie, en rassemblant une centaine de chercheurs et plusieurs dizaines de laboratoires. Il s’agissait de regrouper l’ensemble des dispositifs d’étude existant sur plus de 300 parcelles forestières et de comprendre ce que ces dispositifs nous disaient de la capacité de la forêt amazonienne à stocker du carbone. Nous savons que dans les décennies 1970, 1980 et 1990, l’Amazonie absorbait une partie du dioxyde de carbone émis dans l’atmosphère. La forêt stockait. Mais dans les années 2000, plusieurs évènements nous ont alertés, en particulier des épisodes de forte sécheresse. Il fallait réexaminer les données sur l’ensemble amazonien. Or, nous avons été surpris. Pendant la décennie 2000, la capacité de stockage de la forêt a, au mieux, diminué de moitié. On ne peut d’ailleurs pas écarter l’hypothèse que la forêt n’ait même rien stocké du tout !

Jusqu’à ces nouveaux résultats, l’Amazonie fonctionnait comme un puits de carbone. Quel était ce mécanisme ?

Imaginez un hectare de forêt amazonienne. Il représente 400 tonnes de biomasse sèche, stockée dans les arbres vivants. Pendant plusieurs décennies, cet hectare de forêt stockait chaque année un peu plus de biomasse. Nous interprétions ce phénomène comme une capacité de l’écosystème à s’adapter. Comme il y avait plus de carbone – c’est-à-dire plus de nourriture – présent dans l’atmosphère, il y avait plus de carbone qui rentrait dans l’écosystème via la photosynthèse. L’arbre, un peu gourmand en quelque sorte, profitait de l’accumulation de ce carbone atmosphérique. L’écosystème s’est mis à fonctionner plus vite : les arbres poussaient un peu plus, devenaient un peu plus gros… Dans les années 1990, la capacité de stockage de l’Amazonie était de 2 milliards de tonnes de CO2 par an. Ce que l’on constate aujourd’hui, c’est que, depuis quinze ans, ce mécanisme s’est arrêté. L’écosystème semble désormais saturé. La forêt amazonienne ne peut pas accumuler plus de carbone.

– Lire la suite de cette interview du 23-04-2015 réalisée par Terra eco sur www.terraeco.net/

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Photo d’illustration : « Amazonie » par LecomteB – Travail personnel. Sous licence GFDL via Wikimedia Commons

7 commentaires

  1. Bonjour,

    Dommage que sur TELABOTANICA on confonde poumon (qui consomme O2) et forêt qui en consomme certes (ici justement) mais nous en donne …pas tjs autant qu’on imagine. Bel exemple de formule journalistique qui ne contribue pas à la connaissance…

    Mais merci pour tout le reste et pour l’information qd même

    1. Bonjour, nous ne faisons que relayer des articles. Nous ne pouvons modifier les phrases utilisées. L’interview me semblait intéressante à partager. Véronique

  2. Encore un bel article alarmiste destiné à alimenter le fond de commerce du COP 21 !
    D’abord, une forêt quelle qu’elle soit n’est pas un poumon : dans une forêt stable le bilan CO2/O2 est nul. Tout bon scientifique quel qu’il soit le sait !
    Deuxième remarque : certes les forêts sont des puits de carbone, mais très loin derrière le phytoplancton. Cela relativise le catastrophisme de l’article.
    Enfin, pour ce qui concerne la forêt amazonienne, on comprend ici que la diminution du stockage du carbone est liée aux récents épisodes de sécheresse. Or la durée de vie moyenne d’un arbre dans ce genre de forêt tropicale peut bien être de 300 ans (je ne suis pas un spécialiste) et la moindre des choses pour un scientifique serait de tirer des conclusions sur une période d’au moins un cycle complet plutôt que sur une ou deux décennies de sécheresse dont on ne sait si elle sera passagère ou pas.

    1. Exact ! Une forêt climacique stable a, si on veut bien lisser quelques variations dues aux fluctuations climatiques au fil des années, un bilan CO2 nul. Il est surprenant que des dizaines de scientifiques perdent leur temps a essayer de nous prouver que la biomasse de la forêt d’Amazonie augmente et à calculer le volume d’oxygène libéré dans l’atmosphère. Ladite biomasse diminue, comme la surface de la forêt, et à cette diminution, correspond un dégagement de dioxyde de carbone dans l’atmosphère

      Pour ce qui est du phytoplancton, je ne suis pas non plus persuadé que sa biomasse soit en augmentation et qu’il libère de l’oxygène dans l’atmosphère.

  3. Je regrette qu’il n’y est que des commentaires négatifs. Si la végétation n’est plus le poumon de la terre, (ce que l’on m’a appris pendant des décennies ….) pouvez-vous m’expliquer qui est l’organisme qui l’est ?
    Que l’on soit contre l’alarmisme je le conçois, mais donnez une autre méthode efficace pour convaincre nos « décideurs » et autres « désintéressés » (pour ne pas être méchant) et je vous rejoins immédiatement. Malheureusement pour nous, il n’y a que le catastrophisme qui touche…. voir toutes les émissions de télé qui agglutinent les films, reportages des JT et autres documentaires aux heures de pointes.
    Alors OUI c’est une catastrophe que la forêt amazonienne diminue, oui, c’est une catastrophe que le phytoplancton régresse dans certaines zones, oui c’est une catastrophe de devoir bousculer les gens pour qu’ils bougent dans le bon sens….
    Merci à ceux qui divulguent ces informations, ………. et merci à ceux qui les contestent.

    1. Il ne s’agit pas d’être catastrophiste mais simplement réaliste. Il est bien évident que l’oxygène présent dans l’atmosphère a été libéré par les végétaux . Cette quantité d’oxygène correspond à la biomasse végétale plus la biomasse animale plus la biomasse morte (végétale et animale ou thanatomasse) plus la matière organique (et le charbon) fossile.

      Si on exclut les formes fossiles de carbone qui, sauf intervention humaine, se trouvent hors du cycle du carbone, il n’y pas d’ apport d’oxygène dans l’atmosphère si la somme biomasse (végétale et animale) plus thanatomasse est constante (sauf si une partie de la thanatomasse est soustraite au cycle normal du carbone et se fossilise.)

      La biomasse des forêts jeunes ou des forêts ravagées, en cours de reconstitution, augmente, elles injectent de l’oxygène dans l’atmosphère et pompent du CO2.

      La biomasse de la forêt amazonienne est probablement stable et il ne faut pas compter sur elle pour constituer un puits de carbone ni une source d’oxygène. C’est une raison impérieuse pour conserver son intégrité puisque toute réduction de sa surface constitue une source supplémentaire de dioxyde de carbone.

    2. Oui, nous devons protéger – notamment – la forêt amazonienne pour sa biodiversité (connue et inconnue), pour ses paysages, pour les populations qui peuvent y vivre encore,…mais ce n’est pas un POUMON (pas plus que le phyto-plancton) car aucun poumon n’a jamais produit d’oxygène à ma connaissance.
      Les mots ont un sens et encore plus qd on veut défendre une cause juste, ici déterminante pour notre avenir. Il y en a assez de ces formules médiatiques ( éventuellement reprises par l’enseignement) qui brouillent le débat et portent atteinte à la crédibilité de arguments.
      Oui, TELABOTANICA ne devrait pas utiliser cette formulation.
      Mais merci pour tout le reste.

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