Une plante pour détecter les diamants

Jeune, Stephen Haggerty était attiré par la physique nucléaire. Mais il faut croire que son environnement a été le plus fort.

Jeune, Stephen Haggerty était attiré par la physique nucléaire. Mais il faut croire que son environnement a été le plus fort.
Né en 1938 en Afrique du Sud dans le Bassin de Witwatersrand, qui héberge la moitié des réserves d’or mondiales, non loin des gisements de métaux du complexe du Bushveld et de la mine de diamants Premier, c’est la géologie que ce chercheur a finalement choisie. Pendant des années il a travaillé sur les roches lunaires, tant pour le programme Apollo américain que… pour le programme soviétique Luna de retour d’échantillons. Mais depuis que la Lune n’est plus explorée, le scientifique, aujourd’hui à la Florida International University, s’est intéressé à d’autres terrains, et notamment aux kimberlites, ces roches volcaniques qui, parfois, remontent à l’air libre les diamants qui se sont formés en profondeur, dans le manteau terrestre, sous des pressions gigantesques.

En 2013, Stephen Haggerty a découvert au nord-ouest du Liberia, non loin de la frontière avec la Sierra Leone, l’affleurement d’un diatrème, une de ces cheminées par où la kimberlite se fraie un chemin vers la surface. En réalité, les soupçons du géologue sur la nature du sous-sol remontaient… à la fin des années 1970. A l’époque, entre 1977 et 1980, Stephen Haggerty avait effectué de brefs voyages de reconnaissance au Liberia mais n’avait pu explorer méthodiquement la zone. Puis les guerres civiles que le pays a connues entre 1989 et 2003 l’ont empêché d’y revenir, mais l’endroit restait dans un coin de sa tête car on avait, dans les alluvions locales, retrouvé des diamants. Certains d’entre eux étaient sans doute devenus des « diamants de sang », ces gemmes exploitées dans des zones de conflits et dont le trafic sert à financer l’achat d’armes et de matériel militaire. Une fois le pays pacifié, Stephen Haggerty a donc découvert ce diatrème oblong, de 500 mètres de long sur 50 de large. Mais, comme il le rapporte dans le numéro daté de juin-juillet de la revue Economic Geology, ce n’est pas tout ce que ce chercheur a trouvé…

Avec ses 2,5 hectares, la zone en question s’avère d’une superficie modeste. Difficile d’accès, c’est une jungle marécageuse mais Stephen Haggerty y remarque un fait intrigant : sur le diatrème – et apparemment rien que sur le diatrème – pousse un végétal bien particulier. Avec ses racines aériennes, il évoque un arbre de mangrove. Pouvant monter jusqu’à 10 ou 15 mètres de hauteur, il porte de longues feuilles pointues – un peu semblable aux frondaisons des palmiers – sur des branches qui lui donnent l’allure d’un chandelier, d’où son nom de Pandanus candelabrum. La coïncidence est troublante et Stephen Haggerty, qui veut en avoir le cœur net, va vérifier, sur deux autres sites à kimberlite, si cette plante s’y retrouve. La réponse est oui… Peut-être, se dit-il, aime-t-elle simplement les zones très humides et profite-t-elle du fait que la roche, en s’altérant, forme des argiles imperméables. Le géologue teste donc d’autres sites marécageux mais sans kimberlite : pas de trace de P. candelabrum…

Pour le chercheur, cette plante pourrait bien être le premier indicateur biologique connu des diatrèmes à kimberlite au Liberia et probablement dans le reste de l’Afrique de l’Ouest.

> Lire la suite de l’article de Pierre Barthélémy du 14/05/2015 sur son blog Passeur de sciences sur LeMonde.fr

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Photo d’illustration :
« Pandanus candelabrum MS4080 » par Marco Schmidt [1] – Travail personnel (own foto). Sous licence CC BY-SA 2.5 via Wikimedia Commons

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