Quel nom pour les plantes ? Mieux comprendre la nomenclature en botanique, exemple de Meconopsis cambrica

A quoi servent les noms ? Pourquoi changent-ils ? Penchons-nous sur l'exemple de Meconopsis cambrica (L.) Vig.

A quoi servent les noms ? Pourquoi changent-ils ? Penchons-nous sur l’exemple de Meconopsis cambrica (L.) Vig.

Des noms pour quoi faire ?

Les noms latins des êtres vivants et en particulier des plantes changent régulièrement, au grand dam des botanistes amateurs et parfois même des professionnels.

Pourquoi donc s’embêter à dire A un jour et B le lendemain ?

Les noms vernaculaires eux aussi sont multiples, et pourtant personne ne s’affole qu’une plante porte un nom différent selon que se trouve dans une région ou dans une autre.

C’est qu’un nom est un outil. Les noms vernaculaires servent uniquement à désigner les plantes, à les identifier. Leur intérêt réside dans la communication et la compréhension commune de ce que le nom désigne.

Le nom latin d’une plante est son nom scientifique : il ne sert pas seulement à désigner la plante, il a aussi pour fonction de la situer dans le grand arbre du vivant. Et c’est pour cette raison là que ces noms changent : parce que la compréhension que nous avons des relations de parenté des plantes, évolue au cours du temps. Les noms évoluent également afin de refléter le plus fidèlement possible cette compréhension.

On pourrait se lamenter de ce phénomène, mais on peut aussi le prendre avec philosophie et ne pas y apporter trop d’importance : ce qui compte c’est que tous les interlocuteurs en présence sachent de quoi on parle.
Peut importe pour cela que – selon les circonstances – on parle de Pavot du Pays de Galles, de ce “coquelicot jaune qu’on a vu l’autre jour”, de Meconopsis du Pays de Galles ou encore de Meconopsis tout court…

Seuls les professionnels de la botanique et les scientifiques sont tenus de suivre assidûment ces changements et d’utiliser des noms “à jour”. Mais pour un usage non professionnel, personne ne devrait avoir le droit de vous embêter parce que vous utiliser “un vieux nom”.

Choisissez donc ceux que vous préférez et utilisez les sans honte : Meconopsis cambrica, Papaver cambricum ou Parameconopsis cambrica : tout est question de choix individuels, tant que vous ne rédigez pas une flore ou rapport d’inventaire pour un client.

Comment sont choisi les noms des plantes ?

Le choix du nom d’une plante est régit par 3 principes.

> Le principe d’unicité : Dans une classification un taxon ne possède qu’un seul nom.

> Le principe de priorité : C’est le nom le plus ancien qui doit être utilisé.

> Le principe des échantillons-types : Le nom correspondant à un taxon donné est basé sur un échantillon de référence.

Malgré ces règles, il existe de nombreux cas particuliers ainsi que des changements réguliers.

Exemple de Meconopsis cambrica (L.) Vig.

Actuellement, le genre Meconopsis inclus 1 seule espèce européenne, et près de 65 espèces sino-himalayennes très emblématiques de la flore locale.

2 espèces de Meconopsis
2 espèces de Meconopsis

Des analyses à la fois morphologiques et moléculaires indiqueraient que Meconopsis cambrica est plus proche d’autres genres, en particulier Papaver et Stylomecon, que des autres espèces asiatiques de Meconopsis.

Cependant changer le nom de genre de Meconopsis cambrica n’est pas si simple. En effet, le genre Meconopsis a été publié en 1814. Sa description est basée uniquement sur l’espèce européenne. Si l’on souhaite donc conserver la monophylie (= la caractéristique d’un groupe qui contient l’espèce souche dont descendent tous ses membres) il faudrait donc renommer tous les Meconopsis Himalayens…

Et donner un nouveau nom de genre aux espèces himalayennes aurait de graves conséquences au niveau botanique et économique.
En effet, ces espèces asiatiques sont liées à ce nom dans la littérature depuis longtemps et elles ont acquis une grande notoriété horticole en particulier grâce au Pavot Bleu de l’Himalaya.

La conservation du nom de genre Meconopsis pour les Pavots himalayens avec comme type Meconopsis regia (plante asiatique) et non Meconopsis cambrica est recommandée depuis 2013 (Taxon 62:1318). La décision finale sera prise par le prochain congrès de botanique.

Suite à cela, 2 solutions peuvent être mise en place pour renommer Meconopsis cambrica.

La première solution qui a été récemment publiée dans la revue Taxon par Grey-Wilson, est d’engager une procédure de conservation – proposition pour rattacher Meconopsis cambrica au genre Papaver (il serait alors nommé Papaver cambricum L.). En effet, cette espèce européenne Meconopsis cambrica (L.) Vig. a été à l’origine décrite comme un Papaver par Linné.

Une autre solution serait d’attribuer un nouveau nom de genre, Parameconopsis (déjà indexé par l’IPNI) mais dans ce cas les règles de phylogénie impliqueraient de renommer au moins 2 autres nouveaux genres.

Meconopsis cambrica (L.) Vig.
Meconopsis cambrica (L.) Vig.

Sources

MALECOT V., La nomenclature botanique : les Codes internationaux de nomenclature botanique et horticole
– GREY-WILSON, 2012, Proposal to conserve the name Meconopsis (Papaveraceae) with a conserved type, Taxon 61, 473-474, en attente de validation (?)
-TISON JM & De FOUCAULT B (coords), 2014. – Flora Gallica. Flore de France, Biotope, Mèze, p876
– JM Tison et Peter A. Schafer, communication personnelles
Graham Rice, 2015. The Welsh poppy gets a change of name

Samantha

8 commentaires

    1. article très utile, toutefois l’exemple cité a ses limites

      si pour l’amateur la différence entre meconopsis européen et meconopsis hymalayen sera de peu de conséquence

      il en va différemment d’assimiler meconopsis cambrica à un pavot jaune car répondent à cette description :
      – glaucium flavum
      – Papaver nudicaule
      – voire Eschscholzia californica
      et sans doute d’autres encore

      en effet les biotopes diffèrent et par suite les conditions de réussite de leur culture

  1. article très utile, toutefois l’exemple cité a ses limites

    si pour l’amateur la différence entre meconopsis européen et meconopsis hymalayen sera de peu de conséquence
    il en va différemment d’assimiler meconopsis cambrica à un pavot jaune car répondent à cette description :
    – glaucium flavum
    – Papaver nudicaule
    – voire Eschscholzia californica et sans doute d’autres encore

    en effet les biotopes diffèrent et par suite les conditions de réussite de leur culture

  2. Merci pour cet article, qui me soulage ! J’étais souvent en colère contre les « botanistes pro » qui me riaient au nez quand je citai les noms vernaculaires … Je vois que l’essentiel est ailleurs !

  3. Les noms vernaculaires ne servent à rien en botanique. Impossible de faire sérieusement de la botanique sans le latin.
    Le latin sert justement à simplifier la botanique et à la rendre universelle. Sinon, chacun nomme une fleur comme il veut et ce n’est plus de la botanique !

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