Biodiversité. Le monde entier n’est plus un cactus

Un tiers des cactus dans le monde est menacé d'extinction. La faute aux collectionneurs et au commerce illégal.

Un tiers des cactus dans le monde est menacé d’extinction. La faute aux collectionneurs et au commerce illégal.

L’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) a réalisé la première étude mondiale sur les plantes épineuses (publiée le 5 octobre dans le journal Nature Plants). Les résultats ne sont pas roses : 31 % des cactus sont menacés de disparation dans un futur proche, soit 500 espèces sur les 1 478 recensées.

Stéphane Buord est le directeur des actions internationales du Conservatoire national botanique de Brest (CBN), spécialisé dans l’étude et la protection des espèces rares et de la biodiversité. Joint par téléphone, il a réagi à ce chiffre de 31 %.

« C’est énorme, et surprenant. Les cactaceae (la famille des cactus) sont davantage menacés que les orchidées ou les palmiers. Cela signifie qu’ils représentent une cible privilégiée des collectionneurs privés. »

Commerce illégal
Dans le mille ! Le commerce illégal constitue la principale menace qui pèse sur ces rois des zones arides. Dans le communiqué paru sur le site de l’UICN, Inger Anderson, directrice générale de l’UICN s’alarme des conclusions de l’étude. « L’ampleur du commerce illégal d’espèces sauvages – y compris de la flore – est plus importante que ce que nous pensions, et le trafic d’espèces sauvages concerne bien plus d’espèces que les charismatiques rhinocéros ou éléphants qui attirent l’attention du monde entier. »

« On ne peut pas mettre un flic derrière chaque cactus »

Ce commerce supplante les causes habituelles de disparition de la flore, la modification des pratiques agricoles ou l’urbanisation. « L’habitat des cactus, c’est le désert. Le problème n’est donc pas l’urbanisation. Paradoxalement, les collectionneurs mettent les cactus en péril alors qu’ils sont censés être passionnés, les aimer… C’est eux qu’il faut sensibiliser. On ne peut pas mettre un flic derrière chaque cactus, » poursuit Stéphane Buord.

Si l’on en croit le chercheur, une solution intéressante pourrait être le développement d’une filière éthique.[..]

> Lire la suite de l’article de Marion Gonidec, du 07/10/2015 sur le site de Ouest-france.fr

En savoir plus :
> Accéder à l’article High proportion of cactus species threatened with extinction de Bárbara Goettsch, Craig Hilton-Taylor et all dans la revue Nature Plants 1, Article number: 15142 (2015) doi:10.1038/nplants.2015.142, Published online 05 October 2015

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Image d’illustration : « Ferocactus pilosus (5699771771) » by Amante Darmanin from Malta – Ferocactus pilosus. Licensed under CC BY 2.0 via Wikimedia Commons

5 commentaires

  1. Je cite: {« Si l’on en croit le chercheur, une solution intéressante pourrait être le développement d’une filière éthique. On le voit pour d’autres groupes, ça existe chez les orchidées. Au lieu de prélever sur site, dans la nature, pour approvisionner les collectionneurs, on crée des pépinières légales. »}

    C’est ce qui s’appelle « inventer le fil à couper le beurre »! On ne l’a pas attendu pour le faire!En Europe, le premier producteur est apparu en 1685 (Kakteen Haage en Allemagne),ils sont nombreux de part le monde depuis très longtemps et fournissent l’essentiel des collections.
    Bien sûr, ça n’empêche pas certains de prélever dans la nature et d’autres de leur acheter.Peut-être que certains taxons rares mériteraient d’être plus largement cultivés pour éviter les prélèvements, mais la formulation dans l’article est bien naïve.
    Remarquons aussi que certaines espèces sont très menacées dans la nature, mais pourraient être sauvées parce qu’elles sont largement cultivées.

    1. Bonsoir. Il me semble que cette idée de développer des filières de production plus responsables serait pourtant la meilleure chose à faire. Dire qu’elles sont déjà en place et que cela est suffisant, c’est méconnaitre la situation sur place. A l’étranger, j’ai vu beaucoup de pépinières (dont beaucoup d’allemandes justement) qui exportaient, illégalement et en toute impunité, des cactus et autres en Europe notamment, pour alimenter le marché des collectionneurs. Une bonne façon de faire cesser le pillage est la mise en place de ces filières par les Etats eux-mêmes. Enfin, dire que l’on pourrait sauver des espèces menacées en les cultivant est une erreur car une espèce ne peut être protégée qu’en place, dans son milieu naturel. Pour cela, il faut faire cesser le pillage de la nature par les collectionneurs. Casser ce marché illicite par la mise en place de pépinières encadrées est surement la meilleure chose à faire. On en est très loin !

    2. Bien sûr, s’il y a en parallèle du commerce légal issu de semis, des filières de plantes prélevées dans la nature, il faut y remédier. Je suppose qu’il s’agit de gros sujets, peu proposés par les fournisseurs européens (au moins sur leur catalogue)et c’est donc ça que la filière éthique devrait proposer.

      Bien sûr aussi que la protection doit se faire prioritairement sur place, mais lorsqu’un taxon a disparu et qu’on connait des sites favorables où il serait préservé, je ne vois pourquoi ce serait une erreur de l’y réintroduire. Cela a été fait pour des animaux à partir de zones où ils existaient encore et pour les plantes la réintroduction peut se faire même à partir de cultures, plus facilement qu’à partir d’élevage pour les animaux.

    3. Le précédent message nous indique: »pour les plantes la réintroduction peut se faire même à partir de cultures, plus facilement qu’à partir d’élevage pour les animaux ». Je me demande d’où vient cette affirmation arbitraire. La culture de plantes serait plus facile que l’élevage des animaux (?). Pour information complémentaire, j’ajoute que les cas de réintroductions de plantes en milieu naturel font l’objet de très peu d’articles scientifiques et qu’ils sont souvent complexes. J’invite les télabotanistes à lire l’article de Sandrine Godefroid du Jardin botanique de Meise (Belgique), intitulé « How successful are plant species réintroductions ? ». Curieux aussi de parler autant de réintroductions alors que le problème est essentiellement dû au pillage des stations naturelles par des collectionneurs. Essayer de réparer c’est bien mais la solution est sans doute ailleurs…

  2. Bonjour. Horticulteur de 1959 a1982, nous produisions exclusivement des cactus que nous multiplions nous même. Deux choses m’étonnent dans cet article mettant en cause les collectionneurs; « à mon époque » le commerce des graines originaires du continent américain était une exclusivité allemande. Des producteurs comme la firme Uhlig offre une collection remarquable sans passé par du traffic. La seconde chose qui m’interpelle c’est que ce traffic me peut être le fait, me semble t’il, que de collectionneurs fortunés ou de producteurs irrespectueux, comme pour tous les trafics d’espèces rares, animales ou végétales. Ceux-ci pourraient être repérables sans doute?
    Cordialement votre.

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