Analyse économique du coût des espèces exotiques envahissantes pour l’économie française
Le service d’information de l’OEPP (Organisation Européenne et Méditerranéenne pour la Protection des Plantes) publie dans sa revue électronique du mois de novembre n°11 une analyse économique du coût des espèces végétales envahissantes pour l’économie française.
Le nombre d’espèces exotiques en Europe est estimé à 12 000 ; 10-15 % sont jugées envahissantes et coûtent environ 12 milliards d’euros par an à l’UE.
En France, le Ministère de l’écologie, du développement durable et de l’énergie a commandité un projet pour évaluer les coûts financiers à l’échelle nationale, dans lequel des informations ont été rassemblées par le biais de questionnaires et d’études bibliographiques. L’enquête a montré qu’entre 2009 et 2013, 19 millions d’euros ont été dépensés chaque année (en incluant le temps de travail et les coûts de gestion) pour la lutte contre les espèces exotiques envahissantes. 68% de ce montant a été dépensé dans les territoires d’outre-mer et 32 % en métropole.
Les dégâts causés par les espèces exotiques envahissantes sont estimés à environ 19 millions d’euros par an, entraînant un coût total de 38 millions d’euros par an. L’étude a montré qu’entre 2009 et 2013, les dépenses liées aux espèces exotiques envahissantes ont augmenté chaque année et les espèces aux coûts les plus élevés causaient des impacts négatifs sur les infrastructures et des pertes pour l’agriculture et la sylviculture.
Deux espèces envahissantes de Ludwigia (L. peploides et L. grandiflora) et des espèces d’Elodea (E. callitrichoides, E. canadensis et E. nuttallii) représentaient un coût annuel de lutte dépassant 1,5 millions d’euros en métropole (Tableau 1). Les coûts couvraient les perturbations des voies d’eaux (par ex. diminution des activités de plaisance et de pêche récréative), associées à une diversité biologique moindre dans les zones envahies. Les coûts de gestion des plantes aquatiques sont souvent élevés en raison de la nécessité d’avoir du matériel spécialisé et d’effectuer des visites répétées des sites pour contrôler les populations. La présente étude s’ajoute au nombre croissant d’études nationales qui ont évalué les coûts des espèces envahissantes pour leurs économies.
Cet article est à mettre en relation avec l’article Espèces exotiques envahissantes : un nouveau défi pour l’Europe !
Source: Wittmann A & Flores-Ferrer A (2015) Analyse économique des espèces exotiques envahissantes en France. Ministère de l’écologie, du développement durable et de l’énergie. Disponible en ligne
Daniel Mathieu
Tela Botanica
3 commentaires
Ok. Un rapport à charge qui permet de justifier l’augmentation des postes liés à la destruction de ces espèces, qui aura pour conséquence l’augmentation des coûts liés à ces espèces, qui permettra un nouveau rapport encore plus alarmiste, et etc.
Il faudrait parler du coût engendré par ceux qui détruisent ou souhaitent détruire ces espèces.
Pour avoir le coût réel des espèces, il faudrait aussi calculer tout ce qu’elles rapportent : augmentation de biomasse et donc capture de CO2, production en pépinière et vente aux jardiniers ou aquariophiles, maintien de biodiversité dans des zones ou aucune autre plante « de souche » ne rendrait ce service, etc.
Oui, je suis d’accord avec votre commentaire!
Ce rapport n’illustre t-il pas que tout ces fonds sont dépensés quasiment à perte?
Il faut repenser notre rapport aux « espèces exotiques invasives » avec cette vision très protectionniste et anthropo-centrée. La nature n’en mourra pas et des régulations naturelles viendront remettre les équilibres en place. Évidemment, l’échelle de temps nécessaire dépasse celle d’un plan de gestion ou d’une vie humaine et c’est ce qui nous gène car nous n’avons pas de réelle prise sur les temps plus longs de la nature…
Il y a sans doute d’autres priorités qui nécessiteraient davantage de dépense que cette course en vain contre des moulins à vent…
Avez-vous remarqué d’où vient l’information ? La locution trompeuse « protection des plantes » (ou « des végétaux ») rassemble tous les organismes (passe…) mais aussi tous les industriels du « phytosanitaire ». Pas étonnant que les dépenses phytocides les intéressent ! Les « mauvaises herbes » et les herbes mauvaises, auxquelles les plantes dynamiques exogènes sont assimilées, sont leur fond de commerce. Leur temps n’est effectivement pas du tout le temps long d’une lutte maligne, économe et raisonnable.