Mais où sont passés nos végétaux ? Un paradoxe, le végétal cœur du métier est réduit au rang de simple support

Communiqué.

Communiqué.
A l’occasion de la rénovation du Bac Professionnel « Aménagements Paysagers » pour renforcer la place de l’Agro-Ecologie, le Ministère remet en chantier les évaluations des modules professionnels. Ainsi, l’épreuve E7 sur les pratiques professionnelles se concentrerait, dans le projet actuel, sur la réalisation du chantier, avec des travaux liés à l’aménagement végétal et aux infrastructures. Cette restructuration ferait disparaître l’évaluation spécifique de la reconnaissance des végétaux. En effet, l’approche capacitaire relègue la connaissance des végétaux au titre de savoirs dits «associés» qui ne sont pas destinés, à être évalués.

Après le BTS et le CAPa, l’évaluation des connaissances liées à l’identification des végétaux passerait à la trappe ! La capacité n°8 du Bac pro Aménagements Paysagers « Identifier les végétaux utilisés en aménagements paysagers et leurs caractéristiques écologiques et esthétiques », impliquant les enseignant.es de biologie-écologie et d’aménagements paysagers, n’aurait plus besoin d’être certifiée, car « incluse de fait dans les situations professionnelles ».

Alors que le plus grand point faible des élèves, étudiant.es et apprenti.es, au regard des professionnels lors des stages ou des séquences en apprentissage, est bien le manque de connaissances dans l’identification des végétaux, le Ministère en introduisant l’approche par compétences pense tout simplement supprimer le problème ! Grâce à l’approche capacitaire, les élèves et apprenti.es, deviendraient tellement « acteurs de leur formation » que de simples formatifs suffiraient à valoriser leurs efforts souvent très importants, et quelques plantes manipulées sur le site de formation feraient bien l’affaire !

Alors que le référentiel précise : ‘’Le végétal reste au cœur des compétences de cette filière », alors que des concours régionaux et nationaux de reconnaissance des végétaux sont organisés par la profession, alors que tous les acteurs et actrices du paysage s’accordent pour dire que la connaissance approfondie des plantes ornementales est bien l’une des valeurs primordiales du métier de jardinier-paysagiste, comment comprendre que la connaissance et la reconnaissance des plantes utilisées en aménagements paysagers ne soient pas validées par des évaluations.

Nous pensons au contraire que l’absence d’évaluation conduira les les élèves et apprenti.es à négliger par utilité et ou pragmatisme la connaissance des plantes. De plus cette injonction paradoxale est de nature à détourner les futurs jardiniers du cœur du métier.

Nous, enseignant.es et professionnels, ne pouvons nous satisfaire de la disparition d’une formation et d’une évaluation spécifique de la discipline fondamentale de cette profession. Nous exigeons dans le référentiel du Bac Pro « Aménagements Paysagers », un fléchage de la reconnaissance des végétaux dans les contenus, dans les grilles horaires et dans l’évaluation, qui permette un enseignement dynamique, efficace et qui favorise l’analyse, l’esprit scientifique et critique.

Communiqué suite à la Commission Nationale Spécialisée du 21 12 2017 – Rénovation du Bac Pro AP
Communiqué Snetap-FSU / FO-Enseignement Agricole / CGT-Agri / Fnaf-CGT

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7 commentaires

  1. Déjà que je trouvais que la connaissance des végétaux était insuffisante chez beaucoup de professionnels rencontrés!
    C’est dans l’air du temps: on veut mettre l’accent sur la réflexion, en oubliant qu’elle ne peut se faire que sur des bases encyclopédiques faisant appel à la mémoire et qui peuvent paraître désuètes, mais qui restent indispensables.

    1. Etant dans le métier du paysage depuis plus de 30 ans , passionné du végétal, je forme régulièrement des jeunes , mais même après quelques années d’expérience dans plusieurs entreprises , le niveau de connaissance des végétaux est vraiment totalement navrant et lamentable , je pousse cet apprentissage sur les chantiers à la rencontre des végétaux parce que j’ai toujours eu une bonne connaissance mais ce n’est pas le cas de tous les professionnels !!!, et au niveau des écoles il y a encore beaucoup à faire pour cette grosse lacune !!!

  2. Entièrement d’accord, le végétal n’est plus que vu sous la forme qu’on va lui faire prendre(taille), ou dans sa participation au paysage:c’est un objet et non un être vivant déterminé en partie par ses caractéristiques botaniques

  3. N’étant qu’une simple amatrice de botanique, je comprends néanmoins les arguments avancés. Ayant de mon côté des problèmes pour me débarrasser d’ailanthes glanduleux, j’ai été effrayée de voir le peu de connaissances sur cette espèce végétale exotique envahissante (EVEE) qu’avaient les professionnels que je consultais sur le sujet ! Le problème ne serait-il pas lié à ce que vous dénoncez ?

  4. Je vous rejoins complètement. Ardent défenseur de la connaissance des végétaux. Celle-ci n’étant pas qu’une simple liste de noms scientifiques, ou non, et de caractéristiques pédologiques, sanitaires, …

    C’est une approche de l’apprentissage par l’observation, la concentration sur le détail, la compréhension des différences qui sert de base de travail cognitif au reste des apprentissages

    Mais c’est aussi une méthode de réflexion sur le pourquoi et le comment de la place de ces végétaux dans l’espace, restreint ou non, et son apport sociologique qui oblige à connaitre son client pour le satisfaire.

  5. Enseignante « dite en retraite » mais toujours active pour partager ce que j’ai appris, je suis scandalisée par cette réforme.

    Si mes petits enfants sont sensibilisés à la Nature c’est parce que je me suis chargée de leur apprendre à découvrir les plantes et les animaux.

    En classe, c’est le néant !

    Je suis intervenue dans un lycée professionnel pour faire découvrir le jardin médiéval du château de Bressuire que j’ai installé en 2008. Ils étaient en section jardiniers- paysagistes. Ils ne savaient pas reconnaître les plantes (famille, espèce)

    Actuellement, les paysagistes nous offrent le même type de décoration avec utilisation de structures minérales alors que l’on peut utiliser des vieux troncs, des plessis et des sculptures végétales.

    Merci si vous pouvez manifester votre opposition à cette réforme.

  6. Merci de mettre ce sujet en avant. Navrant le peu de connaissance de nos plantes en effet. M. Lieutaghi écrit à ce propos:
    « On ne dira pas ici toutes les péripéties du passage de la savane au gazon mais c’est sur un bruit de tondeuse … belle machine à métaphores: elle arase avec l’herbe toute mémoire de la plante complice, de celle qui peut surprendre et inciter à comprendre.Elle réduit le rapport au végétal à l’entretien d’une verdure, d’une couleur. On ne peut faire plus simple; on est passé de l’accord au décor. On a réussie l’intégration du végétal (on ne lui demande pas plus que de poursuivre au-dehors moquette et papier peint). »
    Pauvre ministère qui ignore les services rendus par une biodiversité végétale et écosystémique dont la connaissance précise est une garantie nécessaire au bien-être de tous.
    Karel MAES

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