Pourquoi la perte alarmante de la biodiversité nous concerne

Dans une [série de nouveaux rapports->https://www.ipbes.net/outcomes] publiés en Mars 2018, l'IPBES (Intergovernemental Science-Policy Plateform on Biodiversity and Ecosystem Services) tire la sonnette d'alarme sur l'état actuel de la biodiversité et des services écosystémiques sur la planète. Outre la question éthique de la dégradation de l'environnement et de la disparition des espèces directement causées par les activités humaines, c'est aussi notre propre bien-être qui sera impacté, et ce, plus rapidement que nous le pensions.

Dans une série de nouveaux rapports publiés en Mars 2018, l’IPBES (Intergovernemental Science-Policy Plateform on Biodiversity and Ecosystem Services) tire la sonnette d’alarme sur l’état actuel de la biodiversité et des services écosystémiques sur la planète. Outre la question éthique de la dégradation de l’environnement et de la disparition des espèces directement causées par les activités humaines, c’est aussi notre propre bien-être qui sera impacté, et ce, plus rapidement que nous le pensions.

C’est quoi la Biodiversité et les services écosystémiques ?
On entend beaucoup parler de la biodiversité ces derniers temps sans vraiment avoir une définition claire de ce qu’est la biodiversité et surtout de son importance pour l’homme et la nature. Une tentative de définition serait celle faite lors de la conférence de Rio, en 1992, première rencontre internationale sur le thème de l’environnement, où tous les états se sont engagés à prendre des mesures pour réduire la perte de biodiversité (sauf les Etats-Unis). Plus de 25 ans après, rien n’a vraiment changé, si ce n’est l’échéance avant laquelle nous devons agir. Voici la définition proposée à l’issue de cette rencontre :

« […] variabilité des organismes vivants de toute origine y compris, entre autres, les écosystèmes terrestres, marins et autres écosystèmes aquatiques et les complexes écologiques dont ils font partie ; cela comprend la diversité au sein des espèces et entre espèces ainsi que celle des écosystèmes »

Pour faire simple, la diversité des gènes (allèles), des individus, des espèces mais aussi des habitats et des paysages, bref tout ce qui touche à la vie (bio- diversité). Cette diversité n’est pas simplement une manière de combler les passions de chercheurs bizarres et autres hippies amoureux de l’environnement, elle est en fait d’une importance capitale pour le bon fonctionnement des écosystèmes et des services qu’ils nous rendent. On les appelle services écosystémiques, ou contribution de la nature au bien-être de l’homme.

Ces derniers regroupent tout ce qui est directement d’origine naturel et qui permet à l’humanité de survivre, et même, de bien vivre. Quelques exemples pour bien comprendre : la production de nourriture, la qualité du sol, la production de dioxygène que nous respirons par les plantes, la filtration de l’eau par les forêts et les étangs, la pollinisation des plantes et arbres fruitiers par les insectes pour notre production de fruits, la régulation des maladies, des espèces envahissantes ainsi que du climat, mais aussi la récréation et les loisirs tels que les balades dans la nature, la vue sur les montagnes ou la mer etc.

La beauté des paysages et la spiritualité sont aussi des contributions de la nature à notre bien être. On les appelle des services culturels.
La beauté des paysages et la spiritualité sont aussi des contributions de la nature à notre bien être. On les appelle des services culturels.

Mais alors, quel est le lien entre la biodiversité et les services écosystémiques ?

En lisant les exemples de services écosystémiques, vous vous êtes probablement rendu compte que certains ne fonctionnaient déjà plus très bien… La régulation du climat et des espèces envahissantes par exemple.

Une forte biodiversité permet un fonctionnement optimal des écosystèmes et donc un panel très important de services pour notre développement et notre bien être, dont on ne se rend compte de l’existence que lorsqu’ils disparaissent. Vous connaissez la fameuse citation de Jacques Prévert « on reconnaît le bonheur au bruit qu’il fait quand il s’en va », ici c’est exactement la même chose. La perte de biodiversité va lentement éroder le fonctionnement des écosystèmes jusqu’à la disparition totale des services contribuant, entre-autre, à notre bien être.

Aujourd’hui, nombre de ces services ont déjà disparu : les habitats naturels sont si dégradés et si petits que les prédateurs disparaissent et ne régulent plus les populations d’herbivores qui vont alors dévorer toutes les espèces végétales, entraînant une disparition des insectes qui vivaient de la consommation de ces plantes et donc des animaux qui se nourrissaient de ces insectes. Il faut alors abattre tous les ans des herbivores (la chasse) pour réguler les populations que la nature ne peut plus réguler seule. Je vous propose de regarder cette superbe vidéo qui résume bien les interactions trophiques dans les écosystèmes et l’importance des top prédateurs tel que le loup :

Ainsi, la diversité des gènes et des individus permet une adaptation rapide des populations aux maladies et au changement climatique par exemple. Mais les habitats naturels n’étant plus connectés entre-eux, le brassage des populations s’affaiblit et la consanguinité augmente, amenuisant la diversité génétique et donc la capacité des espèces à survivre aux changements à venir. Ne parlons même pas des plantes cultivées pour notre nourriture qui ont toutes exactement le même génome, ce qui représente un risque considérable en cas d’épidémie de maladies ravageuses de culture.

La diversité des espèces et des habitats permet le bon fonctionnement des écosystèmes et donc notre propre bien-être. Nous allons maintenant voir rapidement les résultats de l’IPBES concernant la biodiversité du monde entier.

Les forêts tropicales renferment une biodiversité exceptionnelle. Il y a en effet plus d'espèces végétales dans 1 seul hectare de forêt amazonienne que dans toute la France !
Les forêts tropicales renferment une biodiversité exceptionnelle. Il y a en effet plus d’espèces végétales dans 1 seul hectare de forêt amazonienne que dans toute la France !

Les résultats de l’IPBES en Mars 2018

Cette agence intergouvernementale des Nations Unies se veut comme un trait d’union entre la Science et la Politique, deux domaines extrêmement déconnectés l’un de l’autre alors que leur synergie est une condition sine qua none si nous souhaitons vivre correctement dans les années à venir. Travail fort ambitieux donc ! Leur mission principale est de regrouper toutes les études scientifiques sur un sujet et d’en tirer de grandes conclusions sur une échelle très large.

Un des rapports commence comme cela, attention, ça vous met directement dans le bain :

« Biodiversity – the essential variety of life forms on Earth – continues to decline in every region of the world, significantly reducing nature’s capacity to contribute to people’s well-being. This alarming trend endangers economies, livelihoods, food security and the quality of life of people everywhere »
« La biodiversité continue de décliner dans toutes les régions du monde réduisant significativement la capacité de la nature à contribuer à notre bien être. Cette tendance alarmante met en danger notre économie, notre mode de vie, la sécurité alimentaire et la qualité de la vie des gens partout sur la planète »

Voici quelques chiffres clés issus du rapport et de ses projections pour la moitié du 21e siècle. 38 à 46% des espèces pourraient avoir disparues d’ici 2050 si l’on suit les courbes actuelles d’extinction de masse des animaux, des plantes et des champignons. On parle même de 6e extinction de masse des espèces avec un rythme d’extinction aussi voire plus rapide que lors de la collision de la météorite qui a anéanti les dinosaures (c’était la 5e grande extinction). Cela signifie que les espèces disparaissent plus rapidement à cause des activités de l’homme aujourd’hui, qu’à cause d’une météorite dont la puissance a littéralement vaporisé une partie de l’océan et recouvert la terre de débris pendant des dizaines voire des centaines d’années entrainant la disparition des dinosaures.

En Europe et en Asie centrale, 42% des animaux terrestres ont disparu ces 10 dernières années. Cela n’est pas sans rappeler les récents articles signalant que 75% des insectes volant ont disparu ces 30 dernières années en Allemagne (c’est aussi vrai pour la France et l’Europe en général). Je me rappelle très bien, étant plus jeune, des nuées de fourmis volantes, de hannetons, de sauterelles dans les hautes herbes mais aussi de lucioles visibles la nuit. Ces insectes sont aujourd’hui plus rares et nous voyons des invasions de Pyrales du Buis, un ravageur incontrôlable venu d’Asie dont l’impact écologique sur les forêts européennes est encore très incertain. Un autre article signale une diversité en chute libre des oiseaux des campagnes, devenues silencieuses, avec des chiffres allant jusqu’à -70% d’individus pour certaines espèces en moins de 20 ans.

Le changement climatique, l’appauvrissement et la dégradation des sols va presque doubler le nombre de personnes vivant en zone aride pour arriver à 4 milliards d’êtres humains en 2050, entraînant des migrations vers des zones climatiques plus favorables. De même, le réchauffement de l’eau entraîne une diminution fulgurante de la barrière de Corail australienne et il ne devrait rester que 10% des coraux dans trentaine d’années.

Des phénomènes de désertification posent déjà de gros problèmes dans certaines régions du monde, notamment en Bolivie ou en Afrique du Sud où les lacs s'évaporent et les réserves d'eau potables pour les habitants s'assèchent.
Des phénomènes de désertification posent déjà de gros problèmes dans certaines régions du monde, notamment en Bolivie ou en Afrique du Sud où les lacs s’évaporent et les réserves d’eau potables pour les habitants s’assèchent.

Des solutions existent-elles ?

Oui. Il existe tout un tas de solutions trouvées par les scientifiques depuis des dizaines d’années mais qui ne sont pas appliquées ou pas prises en considération par les gouvernements à cause des divergences de priorités (prochain mandat vs le sort de l’humanité d’ici la fin du siècle, pour caricaturer).

Nous savons que les causes de la majorité de ces problèmes sont les suivantes : un système agricole intensif ne respectant pas les capacités naturelles des milieux, une pollution des écosystèmes aux intrants (pesticides, herbicides) mais aussi aux déchets humains (plastiques), un changement de la chimie des écosystèmes à cause de l’abus d’engrais, une urbanisation croissante et l’expansion des villes au détriment des habitats naturels, une déconnexion des habitats entre-eux ne permettant plus le brassage génétique et les migrations d’espèces entrainant un appauvrissement de la diversité génétique globale, un rejet de gaz à effet de serre qui a déjà atteint le point de non retour entrainant un changement climatique incontrôlable, une société de manière générale basée sur la surconsommation et le profit plutôt que sur le besoin et le respect des limites naturelles amplement suffisantes au bien être de toute l’humanité.

Chacune des ces causes ont leur lot de solutions : agroécologie, agriculture biologique, recyclage, protection efficace de l’environnement, changement du style de vie à son échelle (covoiturage, transport en commun, achat de nourriture produite localement), développement d’énergie propre (c’est un euphémisme, disons « moins sale »), mise en place de lois contraignantes en faveur de la biodiversité, plantation d’arbres en ville pour réduire la chaleur et plus largement, une communication efficace pour toucher et sensibiliser un maximum de personnes à ces problématiques.

Chacun peut piocher au moins 1 élément dans cette liste et l’appliquer sans trop bousculer son petit confort. Si tout le monde s’y met et que de nouveaux marchés financiers semblent rentables, alors les gouvernements suivront !

Cette vision peut paraître optimiste, voire naïve… C’est pour cette raison que l’année prochaine, l’IPBES va rendre publique la plus importante évaluation scientifique sur la biodiversité et les services écosystémiques réalisées depuis 2005 en dictant aux États la marche à suivre pour limiter notre impact sur la nature et notre propre bien être. États qui ont pour le moment complètement foiré à s’organiser entre-eux de manière responsable afin de lutter contre les grands problèmes que nous rencontrons au 21e siècle.

L'agroécologie est une discipline scientifique visant à implémenter les connaissances en écologie dans l'agriculture pour la rendre plus respectueuse de l'environnement.
L’agroécologie est une discipline scientifique visant à implémenter les connaissances en écologie dans l’agriculture pour la rendre plus respectueuse de l’environnement.

Quelques références :
– IPBES : https://www.ipbes.net/
– Un des rapports publiés : https://www.ipbes.net/news/media-release-biodiversity-nature%E2%80%99s-contributions-continue-%C2%A0dangerous-decline-scientists-warn
– Le détail par continent : https://www.ipbes.net/outcomes

Des articles de vulgarisation
– Biodiversité : l’état d’urgence, CNRS : https://lejournal.cnrs.fr/articles/biodiversite-letat-durgence
– Campagnes françaises : ces oiseaux en voie de disparition, Libération : http://www.liberation.fr/france/2018/03/22/campagnes-francaises-ces-oiseaux-en-voie-de-disparition_1637881
– Les chiffres alarmants de cette étude sur la disparition des insectes volants, Huffingtonpost : https://www.huffingtonpost.fr/2017/10/19/les-chiffres-alarmants-de-cette-etude-sur-la-disparition-des-insectes-volants_a_23248522/
– La sixième extinction de masse des animaux est sous-estimée, Futura planète : https://www.futura-sciences.com/planete/actualites/zoologie-sixieme-extinction-masse-animaux-sous-estimee-58704/

Des articles scientifiques :
– Ceballos, G., Ehrlich, P. R., Barnosky, A. D., García, A., Pringle, R. M., & Palmer, T. M. (2015). Accelerated modern human-induced species losses: Entering the sixth mass extinction. Science advances, 1(5), e1400253.
– Barnosky, A. D., Matzke, N., Tomiya, S., Wogan, G. O., Swartz, B., Quental, T. B., … & Mersey, B. (2011). Has the Earth’s sixth mass extinction already arrived?. Nature, 471(7336), 51.
– Newbold, T., Hudson, L. N., Arnell, A. P., Contu, S., De Palma, A., Ferrier, S., … & Burton, V. J. (2016). Has land use pushed terrestrial biodiversity beyond the planetary boundary? A global assessment. Science, 353(6296), 288-291.

Arthur Sanguet
https://phagophytos.com/
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Photographies : Arthur Sanguet, https://phagophytos.com/

11 commentaires

  1. Magnifique votre dernière photo légendée en référence à l’agroécologie.
    L’agriculture sert à nourrir les hommes, je ne pense pas que le brome rouge et la folle avoine le permettent.
    Tant que l’on mélangera les genres on fera fausse route.
    Gardons un espace à l’agriculture productive pour nourrir économiquement l’humanité. Il en restera d’autant plus pour permettre à la biodiversité de pouvoir s’exprimer et être contemplée.

    1. Il y a effectivement quelques Avoines messicoles dans cette photo, mais ce que vous avez pris pour des Bromes rouges sont en fait des Orges cultivées à épis rouges, comme on en voit rarement en culture, il est vrai. Votre méprise est une parfaite illustration du fait que la biodiversité cultivée est plus vaste qu’on ne le pense habituellement, et qu’elle mérite elle aussi d’être mieux connue et préservée.

    2. En réétudiant l’image, il semble plutôt qu’il s’agisse d’Orge des rats ({Hordeum murinum}), espèce sauvage à grains moins remplis que chez l’Orge cultivé, et prenant des teintes variant du jaune au rouge pourpré à maturité. Il s’agirait donc d’une photo de friche, et non de culture, comme je l’ai cru au départ. Donc, en effet, pas la meilleure photo pour illustrer l’agroécologie.

  2. l’agriculture biologique nécessitera des surfaces plus importantes (donc perte de surface actuellement non utilisées) pour nourrir une population en expansion exponentielle ! Le problème qu’il faudrait oser mettre sur la table est la démographie galopante. Toutes les « bonnes actions » ne sont que cautère sur une jambe de bois.

    1. Oui… Et non. La très grande majorité des surfaces agricoles sont en fait utilisées pour nourrir le bétail. Une consommation plus occasionnelle de viande (qui au passage serait meilleure pour notre santé et l’environnement) augmenterait ainsi les surfaces agricoles pour nous même. De même, une agriculture plus respectueuse de l’environnement permettrait de cultiver les terres tous les ans, or nous savons que ce n’est pas possible actuellement avec le model intensif. De plus, on pourrait aussi réduire le gaspillage pour augmenter l’efficacité de la production.
      L’un dans l’autre, on pourrait largement nourrir l’humanité avec autant de surfaces agricoles et réduire notre impact de l’environnement. Mais tout ceci est très utopique, et effectivement, la démographie pose un problème, même si elle devrait se stabiliser dans les décennies à venir.

    2. Je me permet de répondre à Mr Sanguet bien que son commentaire ne me soit pas destiné : l’argument des surfaces consacrées à l’élevage ne me semble pas pertinent au niveau planétaire. Je reviens de 6 missions en Chine (du nord) ou j’ai pu mesurer l’incroyable envie, tentation, volonté… d’aller vers une alimentation carnée. Il faut l’avoir vécu pour le croire. Et la Chine n’est qu’un exemple, ça se passe et ça se passera de la même façon dans tous les pays en développement. Le retour d’une alimentation carnée vers une alimentation plus végétale (je ne parle même pas de l’épiphénomène actuel Végan) est une vision très occidentale de nantis qui ne peut avoir aucun effet au niveau planétaire sur une quelconque tentative de réappropriation de biodiversité.
      Alors pourquoi s’appuyer sur une utopie pour orienter les générations futures dans une impasse ?

    3. Bonjour,

      Il y a une différence entre : arrêter de manger totalement de la viande, et produire/consommer de la viande de manière raisonnée/raisonnable. Nous sommes dans un système de sur-production et de gaspillage, il est facile d’imaginer une diminution de moitié de la production de viande sans franchement impacter notre alimentation. Et puis réduire notre propre consommation, à l’échelle de l’individu n’est pas impossible non plus si on éduque correctement les générations futures. Ce n’est ni une utopie, ni une impasse, plutôt une nécessité ! Cela permettrait de libérer des surfaces agricoles afin d’avoir une marge de manœuvre suffisante pour changer la manière de produire.

      Je ne suis ni végétarien ni végan, et même si certains peuvent voir ces mouvements comme un effet de mode, force est de constater qu’au final… Ils ont raison !

  3. Je suis Paysan-murailler et je pratique une agriculture trés respectueuse de l’environnement.J’ai 52 ans et un petit peu d’experience pour vous dire que:C’est un choix de l’Homme.Si nous continuons comme cela,nous n’allons pas loin.Cela se chiffre en quelques dizaines d’années.Nous empoisonnons la deèsse Mère Terre.Et actuelement nous sommes empoisonnés par nos actions sur la terre en général.Nous n’écoutons plus Dame Nature quand elle souffre.Pourtant si nous le voulions la Nature a une résilience extraordinaire.C’est un choix.99% des espèces ont disparues depuis l’évolution de la Terre.Mère Terre continura de vivre …mais sans nous.Pour autant heureusement qu’il y a des personnes qui s’élèvent contre cela.Des humains au grand sens du mot.Gardons espoir.

  4. Face à l’argument assez habituel de la productivité inférieure de l’agroécologie par rapport à l’agriculture dite intensive, je vous invite à consulter les derniers travaux de la FAO ou de l’ONU, notamment, qui s’appuient sur des centaines d’études de part le monde, et qui montrent que seule l’agroécologie sera capable d’assurer la sécurité alimentaire dans le futur, du fait de sa productivité en moyenne plus élevée à l’échelle mondiale (un peu moins élevée en climat tempéré, beaucoup plus élevée en climat chaud), et son indépendance vis-à-vis des énergies fossiles et de l’industries (qui vont devenir de plus en plus coûteuses). Le document intitulé « L’agroécologie pour la sécurité alimentaire et la nutrition – Compte-rendu du symposium international de la FAO – 18-19 septembre 2014, Rome, Italie » est une bonne lecture de départ, car les différents niveaux d’exigences qui peuvent être distingués dans le vocable « agroécologie », allant de l’agriculture intensive limitant les intrants, jusqu’à une agriculture complètement intégrée au milieu écologique et social, entretenant la biodiversité (cultivée et sauvage), et se passant complètement d’intrants d’origine industrielle. En tous les cas, un sujet passionnant, et merci pour cet article sur la biodiversité dont nous faisons partie.

  5. Tous ces arguments me semblent « occidentalo-centrés ». Nous sommes encore en train de donner des leçons au monde qui n’en a cure (mer d’Aral, barrage des Trois Gorges…).
    La plus grosse part de perte de biodiversité se trouve dans les pays en développement. Soyons vertueux en Occident, mais n’imposons pas nos valeurs. L’argument de l’exportation de la surexploitation et de la pollution de la nature ne tient pas face au droit des pays émergents d’utiliser leurs avantages comparatifs.

    1. Je comprends votre point de vue et je pense qu’il n’existe pas de réponse tranchée. D’un côté, « nous » sommes des pays développés car nous avons largement exploité nos ressources naturelles, de l’autre, on connait maintenant des méthodes pour ne pas reproduire les catastrophes que nous avons faites par le passé. Et je pense qu’il faut se concentrer sur cette deuxième partie, d’autant plus que les pays en développement ne devraient pas baser leur économie sur l’exploitation abusive des ressources qui sont limitées ! De notre côté, et surtout en Europe, nos écosystèmes sont les plus perturbés et déconnectés de la planète et nous devons absolument travailler à améliorer leur connectivité pour freiner la perte en biodiversité (qui est proportionnellement plus importante chez nous que dans les pays en voie de développement).

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