Aimé Goujaud dit Bonpland, botaniste explorateur #MissionBotanique

Aimé Goujaud dit Bonpland est né le 29 août 1773, à La Rochelle. Entre 1790 et 1797, il effectue des études de médecine à Paris, s’initie à la botanique au Muséum National d’Histoire Naturelle et sert dans la Marine comme chirurgien.
Biographie
Sa réputation naissante lui vaut d’être désigné comme naturaliste d’une nouvelle expédition autour du monde conduite par Bougainville qui n’aura finalement pas lieu. La rencontre, en 1798, avec Alexander von Humboldt sera décisive pour son avenir.
Les deux scientifiques projettent alors une expédition en Egypte mais se heurtent de nouveau à des difficultés. Changeant leurs plans, ils décident d’une autre destination : ce sera l’Amérique latine.
Pendant cinq ans, de 1799 à 1804, Humboldt et Bonpland sillonnent Cuba, le Venezuela, le Pérou, l’Equateur et le Mexique. Ils ramèneront de ce voyage une quantité considérable d’observations géographiques (dont la reconnaissance du courant de Humboldt), astronomiques, zoologiques et botaniques. Bonpland est chargé de l’étude et de la publication des quelques 60 000 spécimens botaniques récoltés mais ce sont finalement des botanistes allemands qui mèneront à bien ce travail. Au cours de cette période, Bonpland se lie d’amitié avec Simon Bolivar, futur libérateur de l’Amérique latine.
En 1808, il prend la direction du jardin de Malmaison, résidence de l’impératrice Joséphine, où il acclimatera de nombreuses espèces végétales encore inconnues. Il repart pour l’Amérique du sud en 1816 et crée une plantation où il met au point la technique de culture du maté. Au cours de ses voyages d’exploration en Argentine, il est pris en otage par le dictateur du Paraguay qui le retiendra prisonnier pendant 10 ans (1821-1831).
Aimé Bonpland ne rentrera jamais en France et ne reverra plus son ami Humboldt. Continuant sans relâche son travail de botaniste et ses recherches agronomiques au Brésil, en Uruguay et en Argentine, il s’éteint en 1858.

Humboldt et Bonpland embarquent à La Corogne, le 5 juin 1799, sur la corvette Pizarro pour explorer les colonies espagnoles d’Amérique. Après avoir fait relâche aux Canaries, ils abordent les côtes vénézuéliennes le 16 juillet à Cumaná. Jusqu’à la fin de l’année 1800, ils explorent le bassin de l’Orénoque puis se dirigent vers Cuba et les Caraïbes. Leur séjour à Cuba les sensibilise au problème de l’esclavage largement pratiqué dans les plantations de canne à sucre. L’un et l’autre deviendront d’ardents partisans de l’abolitionnisme. En avril 1801, ils rejoignent le continent dans le port de Carthagène.
La suite de l’expédition se déroule essentiellement par voie terrestre. A travers la Colombie et l’Equateur actuels, ils atteignent Bogota puis Quito où ils arrivent en janvier 1802. L’année 1802 est consacrée à l’étude de cette partie de la cordillère des Andes, jusqu’à Lima au Pérou.
A l’étude de la flore et de la faune s’ajoutent de nombreuses mesures dans les domaines géographiques, astronomiques, atmosphériques sans oublier l’observation des mœurs locales. L’ascension du Chimborazo, en juin 1802, permet à Humboldt d’élaborer sa « Géographie des plantes », prémisse de la phytosociologie et de l’écologie. Pendant ce temps, Bonpland ne cesse de récolter des plantes. A l’issue de ce voyage, 5 800 espèces, pour la plupart inconnues, auront été récoltées.
Sur les côtes péruviennes, entre Lima et Guayaquil, Humboldt effectue de nombreuses mesures de température de l’eau de mer, mettant ainsi en évidence l’existence d’un courant marin froid auquel on donnera par la suite son nom. Il est donc aussi un pionnier de l’océanographie, tout comme de la climatologie ou de l’étude du magnétisme terrestre, disciplines qui s’inscrivent dans sa conception globale de la Nature alliant romantisme et expériences scientifiques. Humboldt et Bonpland rejoignent Acapulco en mars 1803 et séjournent au Mexique pendant une année entière.
Le voyage de retour vers l’Europe se fait par Cuba et la côte est des Etats-Unis et s’achève à Bordeaux le 1er août 1804. Il ne faudra pas moins de 30 ans et 30 volumes pour que le récit de ce voyage soit publié sous le titre « Voyage aux régions équinoxiales du Nouveau Continent ».
Parmi les 5 800 plantes que Bonpland a ramenées de son voyage avec Humbolt figurent de nombreuses orchidées. L’étude des spécimens botaniques qu’ils ont récoltés a été menée par K. S. Kunth et publiée, de 1815 à 1825, dans l’ouvrage « Plantes équinoxiales – Nova genera et species plantarum ».
70 orchidées nouvelles y sont décrites ainsi que 10 nouveaux genres dont Telipogon, Ionopsis, Odontoglossum, Restrepia. Ces orchidées découvertes par Humboldt et Bonpland se placent dans de nombreux autres genres préexistants : Anguloa, Bletia, Catasetum, Cymbidium (4 esp.), Dendrobium (8 esp.), Epidendrum (7 esp.), Habenaria, Masdevallia, Oncidium (7 esp.), Pleurothallis, Stelis (8 esp.), Vanilla…
Elles ont été observées aussi bien dans les forêts tropicales du bassin de l’Amazone et de ses affluents que dans les montagnes andines ou sur les côtes du Mexique.
L’herbier de Bonpland, conservé au Muséum d’Histoire Naturelle de Paris, montre plus de 150 planches d’orchidées récoltées au Venezuela, Pérou, Colombie, Equateur, Argentine, Mexique, Etats-Unis dont un grand nombre constitue des types botaniques.

Si Bonpland fut en son temps un botaniste de renom, Humboldt a davantage œuvré dans le domaine des sciences géophysique, physique et astronomique que biologiques. Son nom (humboldtii) reste cependant associé à de nombreuses espèces végétales ou animales, soit qu’il les ait découvertes lors de son voyage en Amérique du Sud, soit qu’elles lui aient été dédiées.
En plus des nombreuses espèces de plantes qu’il a décrites, Bonpland a lui aussi été maintes fois honoré par ses collègues botanistes qui lui ont dédié, entre autres : Harrisia bonplandii et Opuntia bonplandii (Cactées) ; Anthurium bonplandii (Aracée) ; Carex bonplandii ; Euphorbia bonplandii ; Sorocea bonplandii (Moracée) et tant d’autres !
Bonplandia est également le nom d’une revue botanique éditée en Allemagne entre 1853 et 1862. Ce nom perdure comme revue botanique argentine depuis 1960.
Cet article a été écrit par Henri Mathé, secrétaire de la Société Française d’Orchidophilie de Lorraine-Alsace. Pour faciliter la lecture, certains éléments ont été tronqués, vous pouvez retrouver le texte dans sa totalité en suivant ce lien.
Il vous est proposé dans le cadre de la #MissionBotanique lancée par Tela Botanica. Plusieurs articles sur l’histoire de la botanique vous sont proposés dans le cadre de cette campagne de communication.
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2 commentaires
la legende de la photo montrant un Oncidium ne semble pas correspondre.:
https://www.researchgate.net/publication/311235940_Oncidium_ornithorhynchum_HBK
Bonsoir,
A l’origine, cette image ne faisait pas partie de mon article. Elle a été utilisée par Tela Botanica car libre de droits.
https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Oncidium_ornithorhynchum_GotBot_2015_001.JPG
Cependant, je pense qu’elle a tout à fait sa place. Peut-être aurait-il fallu la légender O. sotoanum puisque c’est son nom actuel mais la légende correspond finalement au nom donné par Kunth à partir des récoltes de Bonpland.
Cordialement
Henri Mathé