En ville, ces arbres dont on attend tellement…
Tout le monde le sait, l’entend, le vit (en habitant ou traversant les villes, les bourgs et les agglomérations), une ville sans arbres serait insupportable ! Car au-delà de l’embellissement, les chers ligneux rendent de multiples services écologiques. Il est bon de rappeler que les arbres sont avant tout fort utiles pour le stockage du carbone (rôle de la photosynthèse permettant la séquestration du carbone sous forme de biomasse végétale durant toute la croissance de l’arbre). En 2014, W. Selmi alors à l’université de Strasbourg, démontrait que pour cette ville, l’ensemble de ses arbres stockait 128 000 tonnes de carbone en en capturant 3 700 tonnes par an. Il est bien évident que ce stockage varie considérablement en fonction des essences et des dimensions de l’arbre (par exemple, un sujet de 10cm de diamètre à 1,30m stockerait 19kg de carbone là où un autre de 110cm pourrait en stocker quelque 5 700kg…). Dans tous les cas, pas de doute quant au rôle de cette absorption de carbone pour contribuer à l’atténuation du réchauffement climatique.

Un autre des rôles de plus en plus utiles au niveau de la ville dense, est assurément la lutte contre les îlots de chaleur (secteurs des villes où les températures ont, du fait du caractère très minéral du milieu, des valeurs supérieures de plusieurs degrés aux zones avoisinantes). Au sein de tels îlots, la différence de chaleur est souvent de plus de 4-5°C – voire jusqu’à 8°C en pleine canicule, comme celle de 2003 – entre la ville et la campagne alentour. La contribution des arbres pour lutter contre ces phénomènes de concentration de chaleur est double : à la fois par l’ombre directement procurée et par l’évapotranspiration des feuillages.
De récentes études ont permis de mesurer qu’un double alignement d’arbres d’une dizaine de mètres de haut pouvait diminuer jusqu’à 10°C la température sous couvert. De quoi améliorer significativement le confort de la rue et des habitants : en cela les arbres sont de véritables « bio climatiseurs » (un arbre adulte de grand développement et en bon état physiologique équivaudrait à 5 climatiseurs fonctionnant 20h/j, soit une économie de 11,4 kWh/j…).

La longue liste des « services écologiques » rendus par les arbres ne s’arrête pas là et dépasse les seuls bénéfices envers les humains. De nombreuses espèces animales, végétales et fongiques bénéficient également des habitats favorisés par la présence d’arbres en ville. Les peuplements ligneux urbains contribuent largement à la notion même de trame verte, se devant d’assurer de véritables continuités écologiques. Ces « corridors verts » assurant les connexions entre les divers sites plantés, participent à maintenir une nécessaire biodiversité. Cette dernière s’impose comme une sorte de garantie d’équilibre, seule susceptible de limiter les risques sanitaires et de maintenir un pouvoir d’adaptabilité des diverses espèces.
Alors bien sûr, l’actuelle biodiversité des villes « intra-muros » serait davantage une « biodiversité naturalisée » (à comparer à ce que serait une « biodiversité autochtone » faite de plantes indigènes, et telle que rencontrée dans les territoires plus ruraux).
La biodiversité des villes est domestiquée par l’homme qui a largement introduit des essences à des fins ornementales ou de services et des animaux de compagnie. Certaines de ces essences introduites sont même devenues invasives. Selon les sites et même en pleine ville, la « nature » reprend aussi ses droits en laissant place à des enfrichements mêlant flore indigène et essaimage de plantes exogènes…La « nature en ville » est aujourd’hui ce mélange très hétérogène.

Cet article a été rédigé par Corinne Bourgery, qui est ingénieure agronome, urbaniste, experte en arboriculture ornementale (CITARE – Conseil Ingénierie Technique pour l’Aménagement, les Arbres et l’Environnement). Elle est également membre du collège expert de la Société Française d’Arboriculture et du Groupement des Experts-conseil en Arboriculture Ornementale. Cet article s’inspire de l’article Comme un arbre dans la ville, paru dans le magazine Pour la science.
Cet article fait suite à l’appel à contribution sur le thème de l’arbre. Si ce thème vous inspire également, n’hésitez pas à nous faire part de vos articles à l’adresse mail suivante : apa@tela-botanica.org.
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4 commentaires
Et si des arbres vivants devenais nos bâtiments ?
Oui À condition de leur fournir des conditions de vie satisfaisantes : ils sont souvent sacrifiés au confort des urbains et n ont pas d espace suffisant pour se développer harmonieusement (grilles, peu de terre, …) et arrosés seulement quand ils sont petits
Bonjour,
L’arbre en ville, c’est aussi :
– un épurateur de l’air (capture de particules toxiques grâce aux stomates, la pilosité des feuilles…)
– une atténuation du bruit (plusieurs décibels)
– une régulation des afflux d’eau lors des épisodes orageux (diminution des dégâts et en besoins d’investissements sur les canalisations et autres infrastructures)
– une réduction de la vitesse du vent
mais il peut aussi engendrer des allergies (pollen)
Au total, le bénéfice pour la société peut se chiffrer à plus de 200 € par arbre et par an !
Bonjour,
Je lis avec grand intérêt cette lettre. Et suis attaché à la qualité de l’écriture.
Dès lors comment accepter ce « mais pas que » hélas de plus en plus fréquent?
Merci de votre vigilance.
Bien cordialement.