Abattons-les tous ! Plaidoyer contre l’arbre en ville

Dans le cadre de l'appel à contribution sur le thème de l'arbre, Jeanne Charton nous a prêté sa plume pour écrire ce poignant plaidoyer sur l'arbre en ville. Découvrez un essai engagé et ironique qui défend la cause des silencieux : nos arbres en ville !

Nous avons besoin de place, nous avons besoin de beaucoup de place pour nous étendre, pour poser nos routes, nos ronds-points, nos centres commerciaux, nos lotissements de rêves et nos zones industrielles.

Mais ils se posent toujours en travers de notre chemin, s’insinuant dans les moindres interstices du bitume pour reprendre du terrain, posant leurs sales débris sur nos allées bien gravillonnées et reprenant leur pouvoir ancestral dès que l’on n’y prend garde. Un ennemi insidieux et tenace qui profite de la moindre opportunité pour offrir un nouveau territoire à sa descendance. D’abord discrets, cohabitant avec d’autres profiteurs moins pérennes, ils forment en quelques années des colonies inextricables, abritant toutes sortes d’individus plus dangereux les uns que les autres. Des vandales ! Des envahisseurs ! Ils semblent ignorer que cette Terre est à nous et que nous avons droit de vie et de mort sur notre fief !

Ficus carica L. (bdtfx) par Michèle Gozard
Ficus carica L. par Michèle Gozard, CC-BY-SA Tela Botanica

Fort heureusement le combat est inégal, ils n’ont pas les armes pour combattre nos bulldozers et nos tronçonneuses. Tôt ou tard nous en viendrons à bout, ils finiront bien par s’épuiser et arrêter de semer leurs satanées graines où bon leur semble ! De toute façon ils n’auront bientôt plus d’eau car l’eau aussi est à nous. Elle devient rare et nous préférons la garder pour remplir nos piscines et faire tourner nos usines.

Pourquoi n’arrivent-t-ils pas comprendre qu’ils ne peuvent plus former des colonies couvrant des continents entiers ? Pourquoi continuent-t-ils à essayer de gagner du terrain alors que le combat est perdu d’avance ? Désormais ils doivent rester cantonnés dans les réserves qui leur sont dédiées, s’aligner en rangs serrés de la même espèce et produire la matière première qui nous est destinée. Et gare au renégat qui tenterai une incursion hors de la zone de contrôle ! Il serait abattu sans le moindre coup de semonce….

Un proverbe amérindien dit « Quand vous aurez coupé le dernier arbre, pollué la dernière rivière et pêché le dernier poisson, alors vous saurez que l’argent ne se mange pas »

A méditer…

Platanus occidentalis L. (bdtfx) par Thibault TURBIN
Platanus occidentalis par Thibault TURBIN, CC-BY-SA Tela Botanica

Quelques mots sur l'auteure et sur l'article

Rédigé par Jeanne Charton, le texte de cet article est extrait de son blog Yggdrasil921.

L’article fait suite à l’appel à contribution sur le thème de l’arbre. Si ce thème vous inspire également, n’hésitez pas à nous faire part de vos articles à l’adresse mail suivante : apa@tela-botanica.org.

Si vous souhaitez allez plus loin sur le thème de l’arbre en ville, nous vous invitons à consulter et rejoindre l’espace projet Auprès de mon arbre. Vous pourrez ainsi communiquer sur la thématique, poser vos questions, partager vos actualités et échanger sur les forums.

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8 commentaires

  1. Personnellement je serais un peu moqueuse sur les causes profondes du combat des hommes contre les arbres, qu’ils soient « aménageurs », éleveurs, agriculteurs, industriels,  : Il semble que depuis que l’australopithèque soit descendu de l’arbre il n’ait eu de cesse de faire disparaître le témoin de son origine simiesque.

    1. C’est ce que je me dit, et Gansbourg : j’aurais vécu le cul sur l’herbe tendre…

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