Glanes étymologiques : nil
Ipomoea nil fait partie d’un complexe d’espèces qui sont toutes américaines. Or les auteurs arabes de matière médicale (Avicenne, Sérapion, Ibn al-Bayṭār) en parlent, bien avant Christophe Colomb, sous le nom de حب النيل — ḥab an-nīl, « graine de nil » . C’est en tout cas l’interprétation qu’en ont faite les botanistes européens comme Gesner (1561), Caspar Bauhin (1623) et finalement Linné, qui a créé le nom Convolvulus nil en 1762.
Le nom arabo-persan est le décalque d’un nom indien : en hindi, nīl-kalmī désigne la plante, de kalmī, liseron d’eau (Ipomoea aquatica) et nīl, « de couleur bleu foncé », et kālādānā désigne la graine, de kālā, « noir » et dānā, « graine ». Le bleu et le noir sont souvent interchangés dans les noms de couleur. Cette « graine bleu-foncé » était employée dans la médecine ayurvédique.
Dans l’est de l’Asie, on a des illustrations que Austin et al. (2001) a étudiées. Il identifie l’asagao Ipomoea nil dans les sutras décorés du Heike Nôkyô (1164) au Japon, par ses fleurs à quatre lobes, ses longs sépales et ses feuilles trilobées. Ce pourrait aussi être le qian niu mentionné en Chine dès 500, et illustré en 1321.
De récentes analyses génétiques laissent penser que l’espèce serait arrivée d’Afrique vers la Chine puis le Japon. Austin et al. (2001) envisage quatre possibilités théoriques pour sa diffusion d’Amérique vers l’Afrique (erreur d’identification, transport par les oiseaux, introduction précolombienne ou postcolombienne par l’homme), mais aucune ne lui paraît crédible. Le mystère reste entier.
Très appréciée comme ornementale au Japon, l’ipomée a fait l’objet de sélection au Japon dans l’ère Edo (XVII-XIXe siècle), et s’est répandue ensuite dans le monde sous le nom de Japanese morning glory.
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2 commentaires
J’ajoute que je remercie Jean-Claude Bonnin et Jamal Bellakhdar pour leur contribution.
Merci pour cet article sur cette plante que j’adore, et que je sème en ce moment 🙂 Superbe photo !