L’extrême résistance du cyprès saharien par Espèces
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Cette semaine, Espèces nous propose de découvrir un article sur l’extrême résistance du cyprès de Duprez dans le désert du Sahara.
Conifère rarissime ne comptant guère plus de 230 individus spontanés, le cyprès de Duprez ou cyprès du Tassili (Cupressus dupreziana) est sans doute l’espèce végétale la plus emblématique et l’une des plus rares de l’immense désert saharien. Cet arbre, dont les plus beaux pieds atteignent 22 m de hauteur et 12 m de circonférence, a une aire de distribution très restreinte. Il est localisé dans un massif montagneux du Sahara central, le plateau du Tassili n’Ajjer, près de Djanet, au sud-est de l’Algérie.
Longtemps resté méconnu, ce cyprès a fasciné nombre de botanistes et d’explorateurs depuis le
milieu du XIXe siècle. Au vu de son extrême rareté et d’une régénération fort limitée, ils ont vite
estimé que l’arbre encourait un péril d’extinction imminent. Mais ce véritable témoin d’environnements passés plus favorables est-il vraiment condamné à disparaître ou bien ses adaptations biologiques hors norme l’aideront-elles à traverser les crises climatique et anthropique actuelles ?
Une présence restée longtemps mystérieuse
L’existence du seul conifère saharien est longtemps restée une énigme pour les naturalistes. Les premiers explorateurs européens, dont le géographe H. Duveyrier (1840-1892) lors de sa fameuse mission de 1861-1863, ne purent identifier l’arbre qui était utilisé pour le bois des charpentes et les portes des maisons et nommé localement tarot (prononcer “tarout”) par les Touareg.
Dans son ouvrage Les touareg du Nord : exploration du Sahara, Duveyrier indique : « la forêt qui produit cette essence paraît considérable, car tous les bois employés dans les constructions de Rhât et de Djânet en proviennent.» Mais ne disposant que d’un “échantillon de planche rapporté”, il assimila avec doute ce spécimen mystérieux au thuya articulé (Tetraclinis articulata), un conifère endémique des moyennes montagnes d’Afrique du Nord toujours très utilisé en marqueterie et ébénisterie ainsi que dans la confection de divers objets vendus dans les souks marocains. Duveyrier rapporte aussi que les Touareg en extrayaient du goudron et que la résine était utilisée pour rendre sonore les cordes des violons locaux ou rebâza.
Il faut attendre 1924 pour que le capitaine Maurice Duprez rencontre par hasard, lors d’une
mission méhariste dans la vallée de Tamghit (ou Tamrit), située à l’est de l’oasis de Djanet (sud-est de l’Algérie), deux arbres vivants d’une dizaine de mètres de haut et un troisième, mort. Lors de la mission de Tunis au Tchad, en 1925, l’inspecteur des forêts L. Lavauden rapporta enfin les premiers échantillons qui permirent à la botaniste A. Camus de décrire cette nouvelle espèce. Puis, lors d’une mission scientifique réalisée en 1949, C. Leredde put récolter un plus grand nombre de cônes de tarot qui semblèrent morphologiquement différents au professeur Henri Gaussen,
de l’université de Toulouse, puisqu’il décrivit un nouveau taxon, Cupressus lereddei. Une analyse morphologique portant sur de nouvelles récoltes montra que ces cônes, bien que plus gros, s’inséraient en fait dans la gamme de variation connue de celles du Cupressus dupreziana.
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2 commentaires
Vos lecteurs peuvent voir 5 exemplaires de cyprès de Duprez ou du tassili au jardin des plantes de Montpellier, près de l’ancien bâtiment de l’Institut Botanique. Ils pourront y récolter des graines pour dissémination (c’est ce que fait le jardin). Je les ai signalés et décrits dans mon livre sur les Parcs et jardins de Montpellier, publié aux Presses du Midi (auteur: Claude Leray)
Article très intéressant.
Peut être une chance de survie supplémentaire voir de développement si le « reverdissement » actuel dont on parle peu est avéré ?