Les plantes et le virus

À travers ce texte, l'ethnobotaniste François Couplan nous propose quelques éléments de réflexion sur la crise actuelle...

En cette période mouvementée, où nous avons perdu nombre de nos repères, il est réconfortant de savoir que les plantes sont là.

Cela me fait du bien parce que, malgré le confinement, je trouve la possibilité de descendre en bas de chez moi cueillir quotidiennement quelques brins d’égopode, de jeunes pousses d’ortie, des feuilles d’ail des ours parfumées et de la pimprenelle à saveur de noix fraîche. Heureusement, j’ai un peu de verdure, alors qu’en plein Paris, la chose serait plus compliquée, quoique pas impossible.

Grâce à ces tendres végétaux, je me nourris simplement, mais de façon agréable : un oignon revenu dans une bonne rasade d’huile d’olive, la verdure hachée, une carotte en rondelles et du fromage fondu ou un œuf dans le mélange : voici mon déjeuner quotidien. Et il me convient. Bien que ma gourmandise, cultivée depuis l’enfance, m’ait incité à déguster les plats les plus copieux et les plus sophistiqués, je sais me contenter de peu, et qui plus est, je l’apprécie. Je le pratique d’ailleurs régulièrement et ce fait n’est sans doute pas étranger à la santé que j’affiche encore au bout de soixante-dix années d’une vie plus que bien remplie. Et je crois que bientôt – non, dès à présent ! – il va falloir s’y mettre : sans vouloir paraître moraliste, car chacun est libre du choix de ses comportements, il me semble que plus nous serons capables de vivre frugalement, mieux chacun s’en portera – la planète aussi, par la même occasion…

C’est qu’on ne doit pas confondre quantité et qualité. Nous nous sommes habitués à la première en négligeant la seconde. Or les plantes sauvages nous l’offrent en abondance. Si j’en aime les saveurs souvent marquées – et je ne suis pas le seul −, j’en ressens aussi tous les bienfaits. Il faut le faire savoir : ces végétaux sont extrêmement riches en micronutriments[1] qui nous font généralement défaut : L’Organisation Mondiale de la Santé alerte depuis longtemps sur le fait que la plupart des humains manquent de vitamine C[2], de fer[3], d’oligo-éléments et d’antioxydants qui ralentissent le vieillissement de l’organisme. La réaction habituelle est de supplémenter l’alimentation par la prise de compléments alimentaires. Cependant, quand on connaît la teneur souvent ahurissante des légumes et des fruits sauvages, on se pose la question : mais pourquoi ne les met-on pas à profit ?

La réponse est étonnante, et je l’expose en détail dans mon dernier livre Ce que les plantes ont à nous dire. Elle tient, en fait à ce que nous ne mangeons pas des aliments, mais des symboles ! En l’occurrence, les plantes sauvages ont été dévalorisées depuis des siècles, et pour cette raison, elles ne font plus partie de la nourriture possible de l’honnête homme. Or, si jusqu’à présent je trouvais simplement bête de passer à côté de produits tellement bons au goût et pour la santé pour des motifs sociohistoriques qui n’auraient plus lieu d’être, je dois avouer que dans les circonstances actuelles, cet obscurantisme m’agace profondément.

<i>Aegopodium podagraria</i>
Aegopodium podagraria par François Couplan

Le système immunitaire, notre atout majeur

L’une des grandes absentes des directives que l’on nous assène à longueur de journée est la suivante : faites tout ce que vous pouvez pour améliorer votre immunité naturelle. Certes, on nous recommande fort justement de nous laver les mains et d’éviter tout contact avec les autres, mais on oublie, semble-t-il, qu’un organisme doué d’un système immunitaire en bon état résiste mieux à l’agression de virus même extrêmement contagieux. Il est essentiel de le rappeler. Souvenons-nous que nous sommes en permanence soumis à la présence d’agents infectieux de toutes sortes et que notre corps a, heureusement, les moyens d’affronter efficacement la plupart d’entre eux – la meilleure façon de se soigner ne consiste-t-elle pas à ne pas tomber malade ? Or, à mon avis, la santé ne tient pas qu’au hasard : un organisme à qui l’alimentation apportera tous les éléments dont il a besoin sera très probablement mieux à même de faire face aux agents pathogènes de notre environnement. Y compris le coronavirus SARS-CoV-2, responsable de la pandémie Covid-19 actuelle.

Pourquoi ne le fait-on pas ? Sans doute y a-t-il toutes sortes de raisons, économiques et culturelles qui font préférer le développement d’un vaccin à celui de notre propre système immunitaire. Cela mérite d’être exploré. Peut-être aussi parce que nous sommes dans l’urgence et que l’amélioration de son immunité est un processus relativement long – mais nous devons dès à présent penser au futur tout comme au quotidien. Je soupçonne aussi que notre mentalité belliciste y est pour quelque chose : « Nous sommes en guerre… » et nous vaincrons ce méchant virus ! Il faut savoir d’où provient cette mentalité et quelles en sont les conséquences.

Bon, je ne m’attends pas à ce que nos dirigeants prônent du jour au lendemain la consommation régulière de plantes sauvages pour améliorer l’état de santé générale de la population, mais je suis persuadé que les personnes sensées qui découvriront les possibilités que nous offrent les végétaux en tireront avantage pour elles-mêmes et pour leurs proches : ce n’est que du bon sens – additionné, il faut l’avouer d’une certaine dose de connaissances précises pour ne pas faire de bêtise et se guérir définitivement de tous ses maux terrestres.

Cueillette de cynorrhodons
Cueillette de cynorrhodons par François Couplan

Et ça vous étonne ?

Dans la situation actuelle, il y a quelque chose qui m’étonne… : c’est que les gens s’en étonnent. Certes, depuis quelque temps on se préoccupe d’environnement, on craint que le réchauffement climatique ne bouleverse notre vie, certains pensent que le nucléaire représente un danger majeur et de plus en plus souvent, on entend parler d’effondrement… Personnellement, j’ai conscience de ces risques depuis de très nombreuses années – oh, plus d’un demi-siècle… Ce sont les plantes qui me l’ont raconté et je vous transmets leurs confidences, car le sujet est d’importance (p. 136 sqq.). Donc la pandémie qui nous assaille ne m’a pas surpris. Elle est, comme les catastrophes que je viens de mentionner, la conséquence directe du changement de mode de vie radical que nous avons entrepris voici dix mille ans. Certes, l’agriculture nous a donné Bach, Jimi Hendrix, Van Gogh et Notre-Dame de Paris. Mais l’adopter, c’était ouvrir la boîte de Pandore ! Et l’invention de l’élevage liée à la concentration des humains dans des villages, puis dans des villes, s’est révélée du pain béni pour les microbes. Il faut savoir que nous sommes les descendants de ceux qui ont résisté aux toutes premières épidémies transmises par les animaux domestiqués au Proche-Orient voici une dizaine de milliers d’années.

Les habitants des Amériques à l’arrivée des Européens, eux, ne l’étaient pas : d’après certaines estimations, près de 90% de la population a succombé aux maladies introduites, certaines aussi bénignes pour nous qu’un simple rhume. Mais nous n’étions pas à l’abri de tout, la grande peste du XIVe siècle a emporté en certains lieux de notre continent plus de la moitié des gens – l’équivalent ferait aujourd’hui quelque 35 millions de morts…

Je ne voudrais pas que l’on se méprenne sur ce que je dis : il est dommage de mourir, il est plus terrible encore de voir un proche décéder. Mais je pense important de prendre conscience de deux choses. La première est que la civilisation que nous avons créée, qui nous nourrit et qui nous oblige à réfléchir selon ses règles est fragile. Nous avons en ce moment l’exemple d’un dysfonctionnement majeur. Il y en aura d’autres, c’est certain. Le second point est que la seule certitude que nous puissions avoir en voyant le jour est que nous mourrons un jour. Or la mort, qui pourtant nous fascine, est un sujet tabou dans notre monde moderne où nous voulons tout dominer, même la grande faucheuse… Mais ça, ce n’est pas possible !

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Donc, que faire ? Céder à la psychose ambiante qui risque de se développer jusqu’à devenir panique, voire pis encore ? Il y a mieux à faire. Je pense qu’il faut bien comprendre les mécanismes par lesquels nous sommes arrivés dans la situation actuelle – et là je ne parle pas que de l’épidémie qui nous submerge, mais de tous nos maux civilisationnels −, sans y voir d’intention. Comprendre est essentiel, car nous sommes des êtres de raison tout autant que d’émotion et il importe d’équilibrer ces deux aspects – or je vois aujourd’hui les émotions l’emporter de loin sur la raison… Les plantes, encore elles, m’ont expliqué bien des choses à propos de nous-mêmes et je crois que si vous les écoutez, vous en tirerez profit.

Ce sont elles aussi qui m’ont suggéré des pistes à suivre pour améliorer ce qui peut l’être. Elles nous proposent de modifier l’attitude dominatrice que nous arborons du haut de notre toute-puissance en descendant de notre piédestal et en accordant de l’importance à l’ensemble du vivant – même aux virus et aux bactéries… Elles nous conseillent de sortir de notre anthropocentrisme, de ce monde uniquement humain dans lequel nous devenons fous et de nous intéresser à elles, pas seulement pour leurs vertus, mais pour leur existence propre. Il est possible de développer avec les végétaux une véritable relation qui commence par le recours à tous nos sens et nous emmène dans un univers d’émerveillement sans fin.

Sommes-nous au début d’une nouvelle ère ? Je pense plutôt que nous nous trouvons en plein milieu d’un grand processus qui dure depuis bien longtemps et a encore de beaux jours devant lui. C’est un immense mouvement qui nous entraîne et dont nous sommes, que nous le voulions ou non, partie prenante. On le nomme l’évolution…

J’ajouterai que le sentiment qui me semble essentiel de manifester, même si en ces temps troublés cela demande un effort, est la gratitude : j’ai beau actuellement me sentir en manque de liberté et avoir dû reporter stages et voyages à des temps meilleurs, je ne peux que remercier pour ce qui m’est accordé, tout en me sentant proche de ceux qui souffrent.

Que la force des plantes soit avec vous !

François Couplan

www.couplan.com

À lire : Ce que les plantes ont à nous dire − vient de paraître aux Éditions Les Liens qui Libèrent.

[1] Grivetti, LE. & Ogle, B.M. (2000) : Value of traditional foods in meeting macro- and micronutrient needs : the wild plant connection. Nutrition Research Review, 13, 31-46

[2] https://www.who.int/vmnis/database/vitamina/fr/

[3] https://www.who.int/nutrition/topics/ida/fr/

16 commentaires

  1. Très beau texte bien rédigé agréable à lire avec des arguments équilibrés sans aucune agressivité ni volonté d’imposer sa vision.
    J’apprécie.
    Une petite question : quid de la peste marseillaise, de la grippe espagnole, des épidémies moyennageuses…. les organisations sociétales de l’époque étaient déjà la cause de ces phénomènes ?

    1. Certainement, même si ces maladies ne se sont pas propagées que dans les villes : les campagnes ont également été atteintes.
      Pour avoir une idée de ce à quoi nous avons échappé, lisez ou relisez Le Hussard sur le toit de Giono. Ou La Peste de Camus…

  2. La proposition de descendre dans son jardin, dans son verger, d’aller glaner dans la campagne nombre de plantes, graines, racines, fruits…comestibles et aux innombrables et délicates saveurs est un sage conseil. Je cueille depuis des années. Nos enfants ont appris à aimer les chénopodes, les orties, les amarantes, la pariétaire, la mauve…et toutes sortes d’autres plantes présentes dans nos environnements locaux. Je fais des confitures des fruits du verger mais aussi des astringentes prunelles, des « gratte-cul », des jujubes, des mûres…
    Conseiller à tous de redevenir cueilleur est une très bonne idée. Malheureusement les gens des villes ne peuvent guère le faire et, si tout le monde le faisait, vu le nombre que nous sommes, de nombreux endroits des campagnes deviendraient rapidement des déserts. Alors, cueillons oui, mais avec parcimonie et remettons au goût du jour les potagers et les vergers en cultivant la foultitude de variétés anciennes interdites sous la pression des grands semenciers.

    1. La cueillette oui, (je suis un fervent amateur de gelée de pommes sauvages et de pesto d’ail des ours entre autres) et là je suis d’accord avec vous, vu le nombre de « prédateurs » potentiels restons prudents.
      Par contre il est tout à fait erroné de dire que les variétés anciennes sont interdites sous la pression des grands semenciers.

    2. Merci de ces précisions. Vous avez tout à fait raison et il faut le répéter : la cueillette doit se pratiquer avec respect – ma foi, comme tout activité humaine d’ailleurs.
      Cela dit, les plantes qui s’offrent le plus abondamment à nous sont des « mauvaises herbes » qui de toute façon seraient détruites par les jardiniers ou les services municipaux. C’est donc toute une mentalité qu’il me semblerait intéressant de modifier.
      Et la complémentarité légumes du jardin-plantes sauvages me semble optimale.

    3. Bonjour et merci pour ce très beau texte que j’ai pris grand plaisir à lire.
      Je suis tout à fait d’accord avec ce commentaire mettant en cause les multinationales qui cherchent à interdire les variétés anciennes. Je ne comprends pas d’ailleurs qu’on puisse encore en douter. Il suffit de regarder ce reportage de Cash Investigation pour avoir un avis éclairé sur le sujet: https://www.france.tv/france-2/cash-investigation/1005819-multinationales-hold-up-sur-nos-fruits-et-legumes.html
      On y parles des semences paysannes en particulier après 1h de reportage, mais je conseille vivement à toutes les personnes intéressées par les problématiques de nutrition et d’agriculture de regarder le reportage en entier. On y découvre entre autre pourquoi les taux de nutriments des fruits et légumes que l’on achète ou que l’on cultive sont bien inférieurs à la normale, et comment nous sommes arrivés à avoir des tomates imputrescibles et insipides dans nos assiettes. Vive la sélection artificielle! Bon visionnage 😉

    4. A lucie :
      les mots ont un sens ! Où avez vous entendu dans le reportage d’Antenne 2 que les semences antiennes étaient interdites. Nulle part. Les semences plants et variétés anciennes sont commercialisées en France par des semenciers certes de plus petites tailles que les grandes entreprises citées, mais vous pouvez vous en procurer comme vous voulez…
      D’autre part Cash Investigation est, dans le domaine de la communication, une multinationale de la désinformation avérée. C’est le festival de la Fake news anxiogène à souhait car c’est cela qui fait l’audimat et fait son « succès ». Comme par exemple les taux de nutriments que vous citez. Il n’y a aucune différence significative entre les variétés dites paysannes ou anciennes et les variétés nouvelles cultivées dans les mêmes conditions.

    5. J’abonde dans le sens de Bernard Cure: non, les variétés anciennes fruitières ne sont nullement interdites: adhérez ou renseignez vous aux Croqueurs de Pommes(et il y a d’autres associations), vous pourrez vous rendre compte qu’il y a quantités de variétés que vous pouvez acquérir chez les pépiniéristes spécialistes des variétés anciennes;Vous pourrez aussi apprendre à les greffer. Quant aux variétés de semences anciennes , elles ne sont nullement interdites, de nombreux petits semenciers les commercialisent(par exemple La ferme de Sainte-Marthe).Cependant ces petits semenciers n’ont pas les moyens des grandes firmes et vous ne serez pas assuré d’un très pureté des variétés.Mais pour un amateur, ce n’est pas grave.
      D’autre part, j’ai remarqué de gros mensonges dans les quelques émissions d’Elise Lucet que j’ai regardées.Aussi, j’ai cessé de les regarder;Elles sont très orientées idéologiquement.

  3. Merci pour ce beau texte qui propose une solution pragmatique et, semble-t-il, facilement accessible. Mais le commentaire de Jean Siol est justifié : la disponibilité des espaces susceptibles de mettre à notre disposition autant de végétaux capables de nous nourrir (tous) en nous maintenant en bonne santé me semble beaucoup trop limitée. Selon Y. N. Harari, la civilisation des fourrageurs permettait encore à une population limitée de Sapiens de se nourrir comme conseillé plus haut. Mais ensuite, l’invention de l’agriculture depuis … disons 15 000 à 10 000 ans avant notre ère a rendu la chose impossible : trop de monde, pas assez de surface.
    A moins que …..

    1. Oui, bien sûr. Il ne s’agit pas de nourrir huit milliards d’êtres humains rien qu’avec des plantes sauvages. Mais en complément à une alimentation « néolithique », ça fait vraiment du bien. Personnellement j’aime ça et je sais que ça me maintient en pleine forme, ce qui, en particulier par les temps qui courent, n’est pas sans intérêt.
      De toute façon, chacun fait comme il l’entend, et tout dans la vie est question d’équilibre !

  4. La remarque de Jean Siol me paraît pleine de sens.
    Disposons nous de surfaces assez importantes pour encourager nos contemporains à redevenir des cueilleurs-chasseurs ? A lire ou a relire : Sapiens de Harari, les premiers chapitres sur la Révolution agricole …

    Dans cette même lettre : L’ail des ours en question

    Le Conservatoire botanique national des Pyrénées et de Midi-Pyrénées lance un questionnaire dans le cadre d’un programme d’étude sur la cueillette d’Allium ursinum.
    Ni rare, ni en danger, et offrant même une apparente abondance, Allium ursinum suscite un engouement tel que sa cueillette peut représenter une réelle pression pesant sur la ressource, voire provoquer la disparition de certains sites.

    1. Pour ce qui est de l’Egopode, sa raréfaction ou plus, sa disparition ne résulterait que d’un travail acharné pour éliminer les racines et tiges souterraines qui se propagent et deviennent « envahissante » !! C’est vrai qu’elle se mange en salade …

    2. Juste une précision essentielle : il ne s’agit en aucun cas de redevenir des cueilleurs-chasseurs, mais d’intégrer une cueillette intelligente dans un mode de vie au final moins utilisateur de ressources, car ce que l’on ne cueille pas, on le cultive sur les surfaces prises à la nature, n’est-ce pas ?
      Ensuite, il importe de savoir ce que l’on fait : certaines cueillettes ne posent aucun problème, d’autres si. Ce n’est pas en appliquant la politique de l’autruche qu’on l’optimisera, ni en interdisant de cueillir, mais en agissant de façon à guider les gens, que l’on peut espérer sincères, dans la démarche d’une cueillette respectueuse. C’est sans doute, au final, une question de position : optimiste ou pessimiste…

  5. Il y a un potentiel important de plantes « sauvages », dites mauvaises herbes, qui poussent spontanément dans les vignes dont certaines bien comestibles que l’on pourrait récolter au lieu de les arroser de rond up :
    amarantes , chénopodes , poireaux , pissenlits , chicorées , salade (dite de Nîmes chez nous)mauve, pimprenelle , doucette sauvage , menthe etc..

  6. Pour répondre à Bernard Cure.

    Comment se fait-il que l’association Kokopeli ait dû se défendre en justice car elle diffusait des graines de variétés anciennes QUI N’ETAIENT PLUS AU CATALOGUE officiel ?

    Pour les taux de nutriments, tout ne peut pas être mesuré. Et il est évident qu’il y a des différences au goût, donc très certainement des choses qui pourront « être mesurées » dans le futur, mais pas nécessairement.
    ——————-
    Mais pour en revenir au texte initial. Tout d’abord je connais indirectement quelqu’un de 96 ans qui n’a jamais cueilli, qui est en très bonne santé et qui dit que l’agriculture biologique c’est de la … On ne peut pas généraliser avec des cas particuliers. D’autant plus que ça peut culpabiliser des personnes malades, nous ne somme pas tous égaux sur ce point.

    Je suis d’accord avec le fait que chacun a sa responsabilité. Et aussi avec la réflexion sur la mort. Le tabou de nos sociétés sur la mort ne viendrait-il pas aussi d’une « absence de vie » avant la mort ?

    Relativement à la cueillette, je vois aussi un effet bénéfique dans le fait d’aller dans la nature, de se ressourcer, de voir ce qui est disponible, de se sentir en synergie avec elle (et donc de ne pas y aller pour faire un stock à vendre). C’est non mesurable mais ça a peut être plus d’effet que le fait de faire passer dans la bouche « des taux de ceci ou cela », j’aime penser que c’est la combinaison des deux qui est efficace.
    Pour le dire autrement, « crûment » : quelqu’un craignant beaucoup pour sa santé, pour sa vie, qui aurait beaucoup de moyens pour se faire livrer toutes les plantes sauvages possibles ET en qualité ET avec les bons conseils, ne retirerait par nécessairement des bénéfices de cette alimentation.

    Bref, la cueillette oui, mais avec une attitude d’émerveillement, de respect (ce qui est déjà dit autrement dans le texte).
    ————–
    Pour les huit milliards à nourrir. Il y avait, au mois de mars, une émission sur FranceCulture, la méthode scientifique à 16h. Le sujet était sur les protéines de synthèse. Ce n’était pas tout à fait dans le sujet, mais à un moment donné il a été dit, et ça m’a franchement surpris, que si on supprimait le gaspillage pour faire redescendre l’occidental à 3 000 calories, par jour par personne, PRODUITES (et non pas consommées), et pour les Africains, ne pas passer au-dessus de 2700 (car ils ne gaspillent pas mais il ne faudrait pas qu’ils nous imitent) alors on arriverait à nourrir facilement 10 milliards d’humains. Ca ne sortait pas de la bouche d’écolo ou chasseurs-cueilleurs.

    1. Je me contenterai de quelques points :
      – Kokopelli a surtout eu un procès intenté par un autre vendeur de semences, les Graines Baumaux, qui l’accusaient de concurrence déloyale. Ce qui est reproché à Kokopelli, c’est avant tout de n’accepter aucune réglementation, alors que toutes les autres firmes le font. De plus, la fiabilité des semences de Kokopelli laisse à désirer (identification, viabilité, pureté variétale…). On voit que sa clientèle est constituée d’amateurs bobo qui ne cherchent pas vraiment à produire quoi que ce soit. Enfin, la gamme qu’il propose comprend surtout des variétés introduites des Etats-Unis, et peu de variétés françaises anciennes. De plus, Kokopelli a toujours joué tout seul, en ignorant froidement les structures et associations locales qui se battent pour les variétés anciennes.
      – Il existe dans le catalogue officiel une liste spéciale de variétés d’amateurs, dont la commercialisation est soumise à certaines restrictions (grammage…).
      – Par contre, il y a belle lurette qu’il n’existe plus de catalogue officiel pour les arbres fruitiers. Les échanges sont donc libres, mais si vous discutez avec un pépinériste, il vous dira que finalement il vend très peu de variétés anciennes. Par contre, les producteurs commerciaux doivent acheter des plants certifiés, qui, eux, sont très contrôlés. Il est vrai que cela leur permet de planter des plants indemnes de virus, ce qui est important.
      – Concernant le goût et les nutriments, l’essentiel réside dans les conditions de culture et de conservation. Il est normal que les tomates n’aient pas de goût hors-saison. Personnellement, je n’achète de tomates qu’entre juin et novembre. De plus, la tomate étant biologiquement un fruit, il ne faut pas la mettre au frigo, sinon, elle n’exhalera pas ses arômes. Enfin, le grand commerce (nécessaire pour approvisionner les mégalopoles) a besoin de produits qui tiennent au transport, ce qui vient évidemment au détriment du goût.
      – Les sélectionneurs offrent de nouvelles variétés, mais c’est la marché qui décide ce qui arrivera au consommateur. Si celui-ci veut des tomates ou des fraises en février, tant pis pour lui. Par contre, si vous avez mangé des fraises Gariguette, des pommes Chanteclerc ou Ariane, ou des poires Angélys, sachez que ce sont des obtentions récentes de l’INRA. Mais la fraise Gariguette a mis dix ans avant d’apparaître sur les marchés, car on trouvait qu’elle n’était pas assez rouge et trop petite !

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