Vu sur la toile #63

Découvrez les articles, vidéos et podcasts qui ont attiré notre attention ces dernières semaines. À la une cette semaine : "Francis Hallé, à la recherche de la forêt perdue", à lire sur Libération.
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Photo Pxhere CC0 Domaine public

À la une : "Francis Hallé, à la recherche de la forêt perdue" par Libération

« Le biologiste milite pour la recréation d’une forêt primaire en Europe de l’Ouest, dans les Vosges du Nord. Un endroit où on laisserait la nature se régénérer à son rythme.

Cela fait longtemps qu’il se bat pour éviter la destruction des forêts tropicales. Les canopées sont pour lui «l’endroit le plus vivant du monde». Des lieux à défendre qu’il étudie et dessine depuis des années et à qui il a consacré sa vie. Dès l’instant où il y a mis les pieds, il a constaté qu’elles étaient exploitées par des étrangers et non des gens du pays, comme une «permanence de l’état colonial». Cela lui a donc inspiré un «profond dégoût». De fait, il assure qu’il ne lâchera jamais rien sur ce point, essentiel pour la biodiversité menacée de la planète. Optimiste, le biologiste Francis Hallé veut pourtant croire qu’on va, peut-être, après les incendies en Amazonie et en Australie l’été dernier, avoir un plus grand respect pour les forêts…

La pandémie actuelle accentue cette tendance, car elle résulte directement de la déforestation, et s’il en juge par la consultation de la presse, le lien entre la crise sanitaire et la déforestation est bien établi, et il va naturellement dans le sens de la protection de la forêt primaire.

Le grand projet de Francis Hallé, c’est la recréation d’une forêt primaire en Europe de l’Ouest, un endroit situé entre la France et l’Allemagne dans les Vosges du Nord, où on laisserait la nature travailler, où il ne serait pas question de planter des arbres, pas plus que de récolter du bois mort, ni de chasser.

«La tyrannie de l’immédiateté»
Cette «création» au long cours aurait pour but, d’après le biologiste, de permettre un maximum de stockage de carbone. Un bon projet pour le climat, une initiative qui ne coûterait pas cher – même s’il ne la chiffre pas. Pour ce faire, il a monté une association, la bien nommée : Association Francis Hallé pour la forêt primaire qui rencontre, selon lui, une bonne réaction du public, même s’il s’agit d’un projet pour le – très — long terme. C’est dire la gageure alors que nous vivons «la tyrannie de l’immédiateté». Avec cette forêt-là, poursuit-il «nous nous trouvons dans le tempo de la nature, c’est-à-dire celui de la patience et de la longueur du temps, où il va falloir donc attendre que les arbres qui sont là disparaissent», très probablement remplacés par des chênes et des hêtres.

Car, précise-t-il, on ne peut pas «créer la forêt primaire», on ne peut que réunir les conditions où elle peut s’installer d’elle-même. Car, ajoute le biologiste, tout dépend de l’âge de la forêt. «Supposez qu’elle ait quatre cents ans, il faudra six siècles. Depuis un sol nu il faut mille ans. Ce temps long n’est pas un choix de notre part. Sous les Tropiques, cela va beaucoup plus vite; c’est imposé par la nature, personne ne peut accélérer le processus. Si on se tourne vers les Etats-Unis [dans l’Oregon, particulièrement, ndlr], la Russie ou la Chine, l’Argentine et le Chili, tous ces pays sont dotés de forêts primaires; leurs ancêtres, eux, n’ont pas « tout détruit », contrairement aux nôtres; il s’agit donc, tout simplement, de remettre les choses dans l’état où elles seraient si on n’avait pas anéanti notre environnement, pour exploiter le bois, ou remplacer le milieu naturel par des terres agricoles»…

Francis Hallé se désole qu’il y ait une forêt primaire en Pologne, dans la région de Bielovica, dont on peut penser qu’elle va bientôt disparaître, car le gouvernement polonais n’est guère sensible à sa cause, alors qu’il s’agit là de la dernière forêt primaire européenne. L’UE pousse des cris d’orfraie, en vain. Donc, pour Francis Hallé, puisque la forêt disparaît à l’Est, il est tout à fait normal de la reconstituer à l’ouest…

«C’est utopique, mais ceux qui n’ont pas d’utopie ne vont nulle part», sourit le biologiste. Cette histoire de forêt, c’est celle qu’il aurait choisi de raconter aux rencontres d’Agir pour le vivant (reportées à l’été pour cause de Covid-19). »

Extrait de l’article de Libération

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