L’intelligence des plantes en question

LIVRE/ La question de l’intelligence des plantes occupe ces dernières années une grande place dans les médias, qu’il s’agisse des best-sellers de Peter Wohlleben ou d’un des pères de la neurobiologie végétale, Stefano Mancuso. Si la question est pertinente, les réponses apportées par les chercheurs sont différentes en nature et loin d’aller de soi…


A contrario de la majorité des livres abordant ce sujet passionnant, l’auteur a pris le parti, plutôt que de développer une thèse, de nous en donner une lecture transdisciplinaire et à plusieurs entrées. Ainsi, après un épilogue qui resitue l’émergence de la question de l’intelligence végétale, ses tenants et ses aboutissants, les conséquences qu’elle implique sur notre vision par trop anthropocentrique du monde et les différentes formes qu’elle peut revêtir au plan sémantique comme éco-psychologique, l’auteur a tour à tour invité des scientifiques, des philosophes et des artistes pour en parler. L’ouvrage est ainsi divisé en trois chapitres : L’écophysiologie des plantes qui accueille les textes de Jacques Tassin (Les maux des mots), de Luciano Boi (La complexité des formes végétales) et de l’auteur lui-même (L’électrome des plantes) ; La philosophie des plantes avec des originaux d’Emanuele Coccia (Le moi des plantes), de Quentin Hiernaux (Entre subjectivité et adaptation) et de Michael Marder (Plantes et/ou philosophie) et Le symbolisme des plantes avec une présentation de Claudia Zatta (Les métamorphoses d’Ovide et au delà) et des artistes Olga Kisseleva (Bio-art et mémoire des arbres), Anais Lelièvre (Art et immersion écologique) et Yann Toma (Manteaux-Monde et Capitalocène). C’est ce prisme, qualifié de « kaléidoscopique » par l’éditeur qui donne à cet ouvrage toute sa valeur sans perdre son unité et permettra au lecteur de construire sa propre vision du phénomène intelligent comme de la sensibilité et l’altérité extrême des plantes.

L'auteur

Marc-Williams Debono, auteur et directeur de l’ouvrage, est écrivain et chercheur en neurosciences. Il a parallèlement mené des travaux pionniers en électrophysiologie végétale qui reviennent aujourd’hui sur le devant de la scène grâce à l’ouverture de la communauté scientifique sur la sensibilité et les capacités de communication des plantes.

Informations pratiques

L'intelligence des plantes en question
Marc-Williams Debono (Dir.)
Éditions Hermann, Mars 2020
242 p., Format 14,8 X 21cm
ISBN : 9791037003065
Prix indicatif : 22€

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7 commentaires

  1. Si prêter une caractéristique de l’homme à une plante c’est pas de l’anthropocentrisme , c’est quoi ? On est en plein Walt Disney.
    Lâchons leur la grappe et laissons les avoir des qualités que nous n’avons pas, des méthodes de fonctionnement qui nous dépassent. Elles ont du génie : ne les rabaissons pas !

    1. Mille fois d’accord avec vous, jpp : le monde végétal est radicalement différent, laissons-lui son originalité !
      De mon point de vue de vieille botaniste naturaliste, l’amalgame pratiqué dans les derniers livres à succès trahit la sale mentalité des moléculistes : comme l’ADN est constitué des mêmes bases dans les cellules de tous les vivants de notre planète, ils en déduisent implicitement que le vivant est homogène comme le contenu d’un tube eppendorf. Mais la plupart des chercheurs « en biologie végétale » sont infoutus de distinguer une monocotylédone d’une dicotylédone. Voir aussi le discours de Susana Coelho, lauréate de prix et de médailles, et qui se dit étudier (c’est à dire essentiellement séquencer) « les algues brunes » : quand on sait la diversité des ordres contenus dans cette famille, on a le choix entre fondre en larmes ou hurler de rage.

    2. il semble que le message ne soit pas bien passé… Ce livre ne défend en aucune manière l’anthropocentrisme et favorise au contraire une prise en recul face à cette tendance ou attitude et la prise en compte de l’altérité des plantes !

  2. Merci MrNold pour votre bon sens ! D’une part , ce livre pose une question et ne prétend pas y donner de réponse péremptoire, et d’autre part les propos apportés par des spécialistes de disciplines très différentes n’y développent jamais de propos anthropocentriques, bien au contraire ! Lisez donc ce livre, à commencer par le chapitre de Jacques Tassin sur les maux des mots.

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