La vie des sauvages de nos rues

Dans le cadre de notre appel à rédaction d’articles sur le thème des herbes folles, Mariana Aguilar nous partage sa rencontre passionnée avec les plantes sauvages de nos rues.
Cymbaliare identifiee
Cymbalaria muralis, Cymbalaire des murailles "identifiée" dans la rue par Mariana Aguilar CC BY-SA, Tela Botanica

Il était une fois un confinement… Je pense que beaucoup d’histoires ont commencé ainsi, tout du moins c’est ainsi que j’ai commencé à m’intéresser aux sauvages. Pour me soigner d’une méchante sinusite qui traînait depuis un moment, on m’a parlé du plantain et voilà, les plantes sauvages étaient arrivées dans ma vie pour ne plus jamais me quitter.

Comme la plupart des gens habitant en ville, je passais à côté en les ignorant, en ignorant leurs « pouvoirs », pour s’adapter, pour nous soigner, pour nous alimenter, pour alimenter les petits et grands animaux et favoriser la biodiversité en ville, comme ça de façon « modeste » et presque silencieuse. J’ai d’abord commencé à les étudier sur le papier, et au printemps 2021 c’était une vraie découverte de les voir sortir de terre, d’abord ces fleurs violettes qui tapissaient le parc, les unes à côtés des autres, la Violette, puis sur les trottoirs, les petites feuilles rondes du Mouron des oiseaux, puis l’infatigable Pissenlit, le Laiteron maraîcher, les belles Cymbalaires dans les murs, avec ses fleurs inépuisables, les « tapis » de Ficaires, les Pâquerettes… Plus les semaines passaient, plus je découvrais de nouvelles fleurs, de nouvelles plantes. Je me suis ainsi rendue compte que « cette nature » arrivait petit à petit, pas au même moment, pas de la même façon. Je m’en souvenais plus ou moins, si une fleur m’avait marqué, ou pas, si elle était très présente ou alors plutôt rare.

Les mois passant, je me suis questionnée et je me suis rendue compte que je ne pouvais pas continuer à exercer un métier qui m’obligeait d’être enfermée à l’intérieur, incapable de voir la nature et d’en parler autour de moi. C’est devenu un impératif pour moi, la seule façon de survivre moralement et physiquement. Je me suis rappelée que dans un passé pas si lointain, j’avais travaillé brièvement dans un établissement qui préparait aux métiers de l’environnement, et je me suis dit que mon vrai chemin était plutôt par là. J’ai donc emprunté ce chemin-là et je suis devenue apprentie botaniste… pour en faire mon futur métier.

Pour le moment je continue à les observer (c’est devenu obsessionnel), à les étudier, à les répertorier. J’ai commencé à faire comme le botaniste Boris Presseq, sortir une craie, de temps en temps, et marquer leur nom sur le sol, pour essayer de leur donner une visibilité, un nom auprès des passants… Et elle continue comme ça, la vie des sauvages de nos rues, discrètes et pourtant si importantes.

Cymbalaire
Cymbalaria muralis, Cymbalaire des murailles par Mariana Aguilar CC BY-SA, Tela Botanica

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Cet article a été rédigé par Mariana Aguilar suite à l’appel à articles sur le thème “Les herbes folles du milieu urbain au monde rural”

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6 commentaires

  1. Il me semble que sur la première photo, il y a, à côté des cymbalaires, de la pariétaire judaïque, plante très fréquente sur les murs, mais pas citée dans le texte. Est-ce que je me trompe?

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