Voyagez avec ces 2 poèmes en corse sur les herbes folles

Dans le cadre de notre appel à rédaction d’articles sur le thème des herbes folles, Gabriel Chapuis nous partage deux poèmes en corse et leur traduction française de sa composition.
hypochaeris radicata
La porcelle enracinée, Hypochaeris radicata par Jean-Luc Gorremans, CC BY-SA

Bone da manghjà, ma...

Elle grilliscenu ind’e u giardinu
o annantu i ripali da stradottu
l’erbigliole.
L’arba purcina, incù e lattarelle,
gustose pà l’insalate è e suppe
prufumose.
Cotte ind’e e torte in veru nustrale
a romiccia, ancu l’arechja capruna,
a sambula,
li so sapori arguti arrecanu.
È pà e fritelle sara u mintrastu,
e vultate
incù a nepita da muscu unicu.
Ma si à a funtana l’avete coltu
u criscione
duvete fà bolle bè tutte e foglie
pà eliminà a furbattula mala
pà figatu.
Siate tutti ricunniscenti eppuru,
perche papille dicenu mille grazie
l’erbigliole.

Bonnes à manger, mais...

Elles poussent dans le jardin
ou sur les talus du sentier
les herbettes.
La porcelle enracinée, avec les terre-crépies,
délicieuses en salade ou soupes
parfumées.
Cuits dans les tourtes vraiment de chez nous
la patience, le plantain lancéolé,
l’ail triquètre,
apportent leurs saveurs subtiles.
Et pour les beignets ce sera la menthe,
les crêpes
avec le calament au parfum unique.
Mais si vous l’avez cueilli à la fontaine
le cresson,
vous devez bien faire bouillir toutes les feuilles
pour éliminer la douve mauvaise
pour le foie.
Pourtant soyez tous reconnaissants
car les papilles rendent mille grâces
aux herbettes.

Malva alcea L. [1753][Dét. : La Spada Arturo]
Malva alcea L. par La Spada Arturo, CC BY-SA

Stradotti da ghjugnu

I candeleri gialli di a barbaresca
si scartulanu annantu l’altare di a natura.
U ripale offre un pianu di rosula
chi sepali so tanti effimeri.
L’accuzza barba hà tracambiatu i so fiori
in una palla setaghjola
spargugliata da u ventu.
Eccu fittamente u mucchju
cù i so fiori bianchi
è i so foglii appiccicosi.
E nalbe appitticate a i muri.
a piverella, u carufanu biancu,
quanta bellezza, quanti sentori
propi di a nostra macchja
Arba santa, arba strega,
magia di i nostri sensi.
L’albitru variulatu
abbazzaca da a so pittura.
U pugnitopu rigala da e so perle rosse.
U risu copre i sassi
da i so numerosi pedi.
I batti cristu nun facenu flagellazione,
ma prisentanu a l’acelli i so frutti
veneti di fiori viuletti.
Bonghjornu leccie è castagni
purghjitore di nutrimenti
per l’animali è l’omi.
U mio core esulta
guardandu i miraculi di a natura.

Sentiers de juin

Les chandeliers jaunes de la molène floconneuse se déploient sur l’autel de la nature.
Le talus offre un parterre au coquelicot
dont les sépales sont si éphémères.
L’urosperme de Daléchamps a changé ses fleurs
en une boule soyeuse
dispersée par le vent.
Voici abondamment le ciste
avec ses fleurs blanches
et ses feuilles poisseuses.
Les mauves agrippées aux murs,
la germandrée marum, l’œillet blanc,
quelle beauté, quelles senteurs
propres à notre maquis,
achillée de Ligurie, épiaire visqueuse,
enchantement de nos sens.
L’arbousier bariolé
surprend par sa peinture.
Le petit houx régale de ses perles rouges.
L’orpin couvre les rochers
de ses nombreux pieds.
Les cardets tomenteux ne font pas de flagellation
mais présentent aux oiseaux leurs fruits
venus de fleurs violettes.
Bonjour chênes verts et châtaigniers
fournisseurs de nourriture
pour les animaux et les hommes.
Mon cœur exulte
en voyant les merveilles de la nature.

Les appels à articles

Cet article a été rédigé par Gabriel Chapuis suite à l’appel à articles sur le thème “Les herbes folles du milieu urbain au monde rural”

Si le principe des appels à articles vous intéresse, n’hésitez pas à consulter régulièrement le site de Tela Botanica ainsi que ses réseaux sociaux pour prendre prochainement connaissance du prochain thème. Au plaisir de vous lire !

2 commentaires

  1. En occitan : « Quala rica idea gostosa que de cantar e onorar fartalhas e flors fèras que se manjan tanben dels ueilhs que de las dents, e tot aquo dins la lenga bela d’un caire escondut de son paradis. Coma una mena de bendich de la varietat !  »

    En Français: « Quelle riche et goûteuse idée que de chanter et honorer herbes et fleurs sauvages qui se mangent autant des yeux que des dents, et tout ça dans la belle langue d’un coin secret de son paradis. Comme une sorte d’éloge de la diversité ! « 

    1. Merci pour l’intérêt que vous portez à ces deux poèmes.
      J’espère que mon initiative va inciter l’écriture de textes dans d’autres belles langues régionales. Amitiés.

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