Un nouveau président pour Tela Botanica

Le 14 décembre 1999, la préfecture de l’Hérault accusait réception de la demande de création de l’association Tela Botanica. Créateur, quelques années auparavant, du site Internet et du bulletin de la Société Botanique du Vaucluse, je découvrais les capacités de ce nouveau média pour communiquer au-delà du cercle de proximité trop restreint des associations naturalistes locales.

En m’appuyant sur les travaux d’Edgar Morin (La Méthode), Jean-Louis Lemoigne (Théorie du Système Général) et de Jean-Michel Penalva (méthode Sagace) je disposais des éléments théoriques pour aborder la conception d’une organisation nouvelle, fondée sur une approche systémique des réseaux d’acteurs. L’objectif était de créer du lien entre les botanistes à l’échelle de la francophonie, quel que soit leur niveau de compétence, leur activité ou leur situation géographique, et de les inviter à partager leurs pratiques et leurs savoirs de façon organisée.

Profitant d’un détachement professionnel de plusieurs années à l’ANVAR j’avais eu l’opportunité d’acquérir une bonne formation en gestion de projet (propriété intellectuelle, gestion du personnel, comptabilité). Détaché à Montpellier, je rencontrai alors, par l’entremise des Ecologistes de l’Euzière, deux passionnés de botanique : Joël Mathez (1940-2018), professeur à l’université et conservateur de l’herbier de Montpellier, devenu mon mentor, et James Molina, responsable de l’antenne montpelliéraine du Conservatoire botanique méditerranéen de Porquerolles. Leur faisant part de mon idée de créer un réseau des botanistes francophones, ils me permirent d’élargir le cercle des compétences susceptibles d’accompagner ce projet avec notamment la rencontre de Bernard Descoings, alors président de la Société Botanique de France, de René Delpech (1922-2012) également membre de la SBF, de François Breton et Pierre Sellenet, de la Garance voyageuse, de Michel Chauvet chercheur à l’INRA…

Commençait alors à se constituer un petit groupe de proximité intéressé par ce projet, bientôt complété par un autre personnage marquant, Frédéric Melki, directeur de la toute jeune société d’études BIOTOPE. Je n’oublie pas non plus mon adhésion de cœur et de pratique à l’association des Ecologistes de l’Euzière et la rencontre avec son fondateur, Benoît Garrone, qui procéderont à mon éducation naturaliste. Communauté de proximité à la fois suffisamment motivée et éclectique pour créer quelque chose d’original et de pertinent dans le monde de la botanique.

Il n’en fallait pas plus pour commencer à rédiger les statuts originaux d’une structure associative locale, mais dont les participants seraient mondialement répartis et communiqueraient en langue française par Internet. Association dont l’éthique reposerait sur le libre partage des connaissances et le travail collaboratif (dont Jean Michel Cornu et Michel Briand étaient des inspirateurs), en bref une communauté épistémique comme la dénommera Serge Proulx, sociologue à l’UQAM au Québec qui nous accompagnera sur le plan méthodologique. Un challenge au début de ces années 2000, alors que la botanique francophone n’avait alors aucune présence sur Internet !

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Me voilà dans la délicate situation de succéder à Daniel Mathieu, fondateur de Tela Botanica, et d’assurer l’héritage et la continuité de ce projet, auquel il a su donner, appuyé par les directions successives de l’association, une ampleur nationale et internationale.

J’ai découvert Tela Botanica courant 2000, alors tout jeune botaniste de 16 ans. À cette époque seule une liste de discussion existait (la liste générale, hébergée sur les forums Yahoo !) et fourmillait de projets divers et variés, à l’image de l’Internet d’alors.  Le projet ISFF (qui deviendra BDNFF quelques années plus tard) débutait tout juste et quelques dizaines de passionnés de botanique formaient alors les prémisses de ce qui deviendrait une communauté mondiale, présente dans 110 pays principalement francophones, forte de plus de 56 400 membres à l’heure où ces quelques lignes sont écrites !

Tombé dans la marmite de la botanique dès mon plus jeune âge, Tela Botanica a accompagné et favorisé le développement de cette passion, grâce aux possibilités toutes nouvelles qu’offrait l’internet et surtout grâce au formidable outil de mise en réseau de la communauté botanique qui se mettait en place.

Tout naturellement, j’ai ensuite fait de cette passion mon métier, travaillant actuellement comme ingénieur écologue botaniste dans une société d’ingénierie. En parallèle de mes études et de mes activités professionnelles, je me suis également investi dans les projets menés par l’association, en prenant part tout d’abord à ceux orientés vers la systématique et la nomenclature, la chorologie des plantes,… puis plus récemment en participant, en tant qu’intervenant, aux MOOCs Botanique, puis Herbes Folles, produits par l’association.

Ces participations m’ont permis également de travailler à la transmission des connaissances, à la fois en direction de la communauté botanique, mais également d’un public plus profane, désireux de développer ses connaissances pour mieux comprendre le monde fabuleux des plantes, et au-delà, des interactions que les plantes entretiennent avec l’Humain et avec les autres organismes vivants.

Désireux de m’investir dans la vie de l’association, j’ai ensuite intégré le Conseil Scientifique et Technique de l’Association puis son Conseil d’Administration en tant que trésorier, jusqu’à prendre la présidence, en juillet de cette année, lorsque Daniel Mathieu a fait part de sa volonté de voir quelqu’un prendre le relais.

Le travail réalisé par Daniel et les directions successives de l’association est plus que considérable, et saurait difficilement être résumé en quelques mots.

Je m’efforcerai d’être digne de la confiance que lui et les autres membres du conseil d’administration ont placé en moi, et de poursuivre le travail de Tela Botanica toujours en respectant les trois principes fondamentaux de l’action de l’association :

• la diffusion de la connaissance sur la botanique et l’écologie,
• la collecte citoyenne des données et la libre utilisation de celles-ci,
• la participation aux projets en faveur de la connaissance et la protection de la biodiversité.