Guérisseuse oubliée
Jusque là, je ne connaissais de cette vivace que les désagréments qu’elle m’avait causés dans ma jeunesse lorsque, par inattention, je m’en étais approché d’un peu trop près. Vous avez deviné de quelle plante je veux parler ? De l’ortie bien entendu (la Grande ortie, de son petit nom Urtica dioica).
Cette rencontre fut d’autant plus retentissante dans mon esprit que la crise sanitaire coïncida pour moi (comme pour beaucoup d’entre vous, peut-être) avec une crise existentielle. La pandémie vint agir comme un catalyseur sur des pensées et des faits que je ne pouvais plus ignorer : notre mode de vie est mortifère pour les écosystèmes et il ne garantit pas du tout notre survie. Ma vulnérabilité de citadin m’apparut avec brutalité : queues devant les magasins, difficultés d’approvisionnement en produits alimentaires, d’hygiène et de santé, engorgement des services d’urgence, isolement… Pour me divertir et me changer d’air, coincé que j’étais dans mon appartement de soixante mètres carré, je commençais à m’intéresser aux plantes sauvages. Je regardais tout ce que je pouvais trouver sur internet : articles, vidéos, forum, sites dédiés à la botanique (merci Tela Botanica).
Comme vous, en dehors du travail, des soins et des achats de premières nécessités, je n’avais pas le droit de m’éloigner de chez moi de plus d’un kilomètre. Ma chance fut que j’habite juste au-dessus d’une piste cyclable et que cette piste longe un bois… un bosquet dans lequel des tapis d’orties avaient proliféré (au mois de mars et d’avril, dans le Sud de la France, la nature commence précocement son cycle printanier).
Durant mes promenades quotidiennes, recherchant la verdure, je passai immanquablement devant les orties. Elles poussaient à profusion dans ce coin et je les évitais avec soin.
Jusqu’à ce que je tombe par hasard sur la liste invraisemblable de ses vertus fantastiques : anti- inflammatoire, diurétique, tonique, détoxifiante, astringente, dépurative. L’ortie est aussi prodigieuse sur le plan nutritionnel : ses feuilles sont riches en protéines complètes, en fer (plus que la viande), en zinc, en calcium, en magnésium, en vitamines A et C (plus que l’orange), en acides aminés, en sels minéraux… Comment était-ce possible ? Je ne comprenais pas… Alors que nous faisions tous la queue pendant des heures pour faire nos courses dans des supermarchés, sous mes pieds, à deux pas de chez moi, je disposais en abondance d’une plante comestible et médicinale. Gratuite. Je n’avais qu’à me baisser et à faire attention à ne pas me piquer (ce que j’appris à faire très vite, il suffit de saisir les feuilles par en dessous) pour profiter de ses mille bienfaits. Et personne ne s’en souciait ? On continuait à payer pour acheter des légumes traités et insipides qui venaient de l’autre bout de la planète et juste ici, ignorée, piétinée, méprisée, poussait l’ortie. Cette découverte fut pour moi une véritable révélation, une épiphanie.
À présent vous savez pourquoi l’ortie est ma plante sauvage préférée, ma plante sorcière aux remèdes oubliés. J’ai hâte de la retrouver pour en savourer tous les charmes. L’ortie est si mal aimée alors que c’est un trésor que la nature nous a donné.
15 commentaires
B R A V O… pour votre enthousiasme.
Je consomme la belle, je suis âgée et en parfaite santé.
Un purin extraordinaire qui ravit toute végétation au jardin ou dedans.
Belles et bonnes dégustations à tous ! ! !
Bravo et merci Mesdames pour la description émue et la consommation de cette plante merveilleuse, que nous consommons aussi bien sûr; en la cueillant avec des gants de jardin, cela va aussi ! .Botaniquement parlant, elle est aussi très intéressante à observer !
Il faut bien veiller à ne pas la cueillir dans des zones de pollutions : elle y est assez résistante
Je connais les verrues de cette plante, mais malheureusement autour de Montpellier, je n’en trouve pas et pourtant je randonne régulièrement dans l’Hérault …
Sous forme de potage (avec quelques pommes de terre et un nuage de crème fraiche !) ou sous forme de purin désherbant, ou fertilisant (suivant la dose) une mal aimée qui à reconquit ses lettes de noblesse…
si fallait qu il ne reste qu une seule plante sur terre il faudrait que ce soit l ortie
Bonjour,
ravie de vous lire ! L’ortie est LA plante par exellence ! Elle sert à tout. C’est pourquoi la préserver est indispensable !!
N’oublions pas non plus les vertus très complémentaires des consoudes et du chanvre.
Soyons curieux et restons ouverts !
Un usage peut-être oublié : ma grand-mère, née à la fin du XIXéme siécle, mélangeait des orties hachés à de la farine pour favoriser la croissance de ses jeunes dindons.
Dans ma famille aussi, on donnait de l’ortie hachée aux canards dans la pâtée de farine d’orge.D’ailleurs , cela m’arrive de le faire pour mes poules lorsque l’herbe est encore rare au début du printemps.Mais il faut gâcher finement, car ces dames n’aiment sans doute pas être piquées!
A part la recette de soupe aux orties que j’utilise, je n’en connais pas d’autre. Si toutefois vous en cuisinez, je veux bien une recette. Merci beaucoup.
On parle toujours de l’ortie cuisinée cuite; perso, je la préfère CRUE. Je place les feuilles d’ortie dans le hachoir à persil avec des oignons ou échalotes en gros morceaux, huile et vinaigre, herbes et aromates, et je mixe rapidement : ça donne une sauce vinaigrette fraîche et onctueuse. Je l’incorpore aussi hachée dans le fromage blanc aux fines herbes. Anne M.
Merveilleuse ortie dont j’ai découvert aussi qu’elle peut produire une fibre douce douce qui a pu remplacer la soie à une époque où l’on ne pouvait plus cultiver les vers à soie. Et oui !
Très bonne pour les cheveux, emménagogue de première (friction et longue pose du jus d’ortie que vendait Naturalia il y a quelques années comme preuve à l’appui).
Mais pour le faire soi-même, avez-vous des conseils: décoction dans l’eau chaude ou faire tremper dans l’eau froide?
Pour les tisanes, décoction à l’eau chaude puis macération longue voire la nuit si
l’on veut que les minéraux se déposent, puis filtrez. Pour une application externe le principe est le même. Cordialement. Raymonde
Les orties je les laisse pousser au jardin. J’en ai ainsi toujours à portée de main pour mes tisanes,
soupes. Je les sèche aussi pour les réduire en poudre c’est un excellent complément alimentaire à ajouter à votre alimentation. C’est une plante à tout un »polychreste »
De plus elle sert d’abri et de nourriture à de nombreux insectes et d’oiseaux et à ce titre utile.
Cordialement. D’une herboriste 😊