Des cartes pour changer les représentations sur les plantes

Sur ces cartes du monde pas tout à fait comme les autres, la géographie se déforme, les continents se distordent et les proportions habituelles s’effacent. Pourquoi ? Pour rendre visible l’invisible : la crise silencieuse que traversent les plantes de notre planète.

Le site Worldmapper propose deux cartes peu ordinaires : l’une consacrée aux espèces végétales menacées et l’autre aux espèces végétales déjà éteintes.

Ici, la taille des pays ne correspond plus à leur superficie réelle, mais au nombre d’espèces concernées. Un algorithme déforme les frontières : plus un pays compte d’espèces menacées ou éteintes, plus il “gonfle” visuellement.

Carte "Les espèces végétales menacées"

Sur la carte des espèces végétales menacées, Madagascar et le Pérou dominent l’espace.

Madagascar, isolée depuis 80 millions d’années, a vu naître une flore extraordinairement endémique : plus de 80 % des plantes de l’île n’existent nulle part ailleurs. Chaque disparition y représente une perte mondiale, irrémédiable.

Le Pérou, “géant vert” de la carte, cumule Amazonie, Andes et forêts de nuages. Cette mosaïque d’habitats abrite plus de 25 000 espèces végétales, dont plus de 1 300 sont menacées.

Derrière eux, d’autres régions tropicales comme l’Équateur, la Malaisie et la Papouasie-Nouvelle-Guinée se gonflent à leur tour. Ces pays apparaissent comme les foyers à la fois de la plus grande diversité et du plus grand risque d’extinction.

Carte "Les espèces végétales éteintes"

La seconde carte, celle des espèces végétales éteintes, bouleverse une idée reçue : les pertes ne concernent pas seulement les régions tropicales.

Les zones les plus “gonflées” sont cette fois les États-Unis, l’Australie, l’Afrique du Sud et les îles du Pacifique. Elles rappellent que la disparition d’espèces végétales est déjà une réalité, notamment dans les milieux insulaires où la pression humaine s’est exercée tôt et fortement.

Chaque pays agrandi sur cette carte raconte une histoire de disparition : forêts rasées, sols urbanisés, habitats fragmentés. Et derrière chaque espèce perdue, ce sont des fonctions écologiques entières qui s’effacent comme la pollinisation, le stockage du carbone ou encore stabilisation des sols.

Les deux cartes se répondent : là où la diversité est la plus forte, la menace est la plus grande.
C’est le paradoxe de la biodiversité : les écosystèmes les plus riches sont aussi les plus sensibles aux perturbations humaines et climatiques.

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Legende

Concernant les données utilisées, les créateurs de la carte indique : « Cette carte utilise les données de la Liste rouge de l’UICN (dernière consultation : juillet 2019). Notre objectif est de cartographier des données aussi complètes que possible ; nous avons donc estimé les valeurs manquantes. Dans certains cas, les données manquantes pour de très petits territoires ne sont pas utilisées dans le cartogramme et la zone correspondante est donc omise de la carte. »

Légende : les couleurs correspondent à des zones géographiques.

3 commentaires

  1. Je suis surpris que les résultats ne soient pas pondérés par le nombre d’espèces présentes dans un pays (l’hypothèse serait que plus il y a d’espèces dans un pays, plus il y a de chance qu’il y ait des espèces menacées). On aurait ainsi une carte de pourcentage d’espèces menacées.
    C’est peut-être pour cette raison que les pôles ne sont pas beaucoup représentés…

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