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Atelier jeudi 22 octobre 2009

Discuter de la qualité des données des bénévoles

Animateurs : Jean-Laurent HENTZ, Observatoire Naturaliste des Ecosystèmes Méditerranéens et Manuel IBANEZ, Écologistes de l'Euzière.
Secrétaire : à confirmer
Discutants : Vincent DEVICTOR (Équipe Écologie et Évolution des Communautés, Institut des Sciences de l'Évolution, Montpellier) , Romain JULLIARD (Museum National d'Histoire Naturelle), James MOLINA (CBN Porquerolles), Patrick LOUISY (Association Peau-bleue).


Compte rendu de l'atelier 1bis animé par M Jean-Laurent HENTZ et les témoignages de deux intervenants : M. Vincent DEVICTOR et M. Patrick LOUISY.

Cet atelier invitait au débat sur la qualité, la validation et l’utilisation des données relevées sur le terrain dans un programme de sciences citoyennes.

Les participants ont mis en place le contexte en répondant à une «interrogation écrite» surprise et très ludique, pour définir les mots «bénévole», «donnée», «validation» et «échelle». En effet, lors d’un projet, quelque soit le domaine, il faut fournir des données. Ce sont des informations ou observations définies selon quatre critères importants: «où?» – historique, «qui?» et «quand?» – de traçabilité, et «quoi?». Ces questions fondamentales nous préparaient au travail d’exploitation, qui réunit les amateurs et les chercheurs à différents stades d’un projet. http://archive-driver.ru/

La première exploitation est l’exploitation scientifique d’une base de données, avec le témoignage du M Vincent DEVICTOR. Il est arrivé durant son post-doctorat à l’ISE, où il lui fut confié de valoriser la base de données de l’Equipe Ecologie et Evolution des Communautés. Sa mission avait, selon le chercheur, présenté deux principaux problèmes: un problème philosophique, celui des corrélations entre les résultats obtenus et les observations effectuées, et un problème technique, celui d’ouvrir une base de données, lorsque celle-ci est vaste. Comme dans les associations, il arrive souvent que les personnes se trompent, un problème de ce genre avec une base de données, peut impliquer un problème d’interprétation; puisqu’un stock de données est purement statistique, son utilisation tout comme celle d’une donnée ou d’un résultat, doit être soumise à une certaine rigueur.

De par son expérience, M DEVICTOR s’est aperçu que des problèmes de corrélation adviennent lorsque l’observateur ne s’est pas posé les bonnes questions (des a priori), et que le protocole proposé sort du cadre expérimental. Il paraît clair par exemple, que pour l’étude au niveau régional, une observation au niveau national n’est pas forcement la plus convenable ou bien, que lorsqu’un protocole est changé au cours d’un projet, il en découle une modification de base de données. Il faut donc que l’observateur bénévole, à qui l’on fait ainsi confiance dans un programme, soit suffisamment formé pour le genre d’études sur lequel le programme porte, évitant ainsi toute donnée incohérente, non fiable au contexte. Pour ce qui est des problèmes techniques, car bien de chercheurs ont pu retrouver les mêmes, une véritable kyrielle de solutions est alors à disposition des équipes au sein d’un projet de sciences citoyennes.

En poursuivant notre exploitation du thème, le témoignage du M Patrick LOUISY vient compléter le premier témoignage en élargissant notre vue du sujet, sur l’exemple d’un projet réalisé en milieu marin, Le projet Fish Watch dont il a été question, est un projet scientifique en plongée proposé aux amateurs-plongeurs sans connaissances scientifiques préalables. Il doit pouvoir fournir des recensements sous-marins des différentes espèces de poissons, dont les renseignements comme l’habitat ou la différenciation d’espèces proches, sont apportés par les enquêtes menées par des écoliers. L’étude permet à tous de comprendre le côté scientifique abordé, le mettre en pratique et en tirer des conclusions.

Ainsi nous pouvons voir qu’un public non spécialisé développant des actions au sein d’un projet, sert davantage d’appui aux résultats scientifiques, permettant ainsi de pouvoir en parler au niveau d’un atelier. Comment, alors, ce public peut-il devenir observateur de la science, aux côtés des chercheurs? Les amateurs y suivent une formation ciblée, expliquant ce qu’il faudra noter, comment identifier et retrouver les espèces ou encore, utiliser des guides de terrain. On recueille ensuite des données d’observations (sous forme de tableau), soumises au contrôle et validation au moment de l’entrée. C’est possible en ligne, grâce à Internet, par simple transmission d’e-mail lors de la saisie de données. Et en cas de manque de données ou d’un défaut de précision, un e-mail est automatiquement envoyé à la personne pour plus d’informations de sa part. «Il y a souvent une demande du public lui-même, dans le fait de fournir les données» - observera M Daniel PRAT (de la SFO, Université Lyon I) au cours du débat, ce qui rejoint les ambitions du M LOUISY, pour qui mettre en place plus d’informations permet à ces dernières d’être plus opérationnelles.

Il est donc important de transmettre la connaissance en faisant confiance à des bénévoles, se posant les bonnes questions et soignant le protocole avec les données fiables. Répondant à la question du thème, la valeur d’une donnée dépend de l’échelle (ou de contexte) d’observations menées et cette valeur n’est pas universelle. C’est donc la validation qui rend une donnée légitime. On ne valide alors que des données «compétentes» issues du milieu scientifique. Cependant, une valeur aberrante (qui n’est pas une erreur de saisie) peut constituer une sorte de validation entraînant des aberrations multiples. Enfin, la fiabilité de la donnée par rapport à l’aspect juridique (expertise du terrain après signalisation), la validation en présence-absence d’une espèce, ainsi que des programmes mettant les citoyens eux-mêmes, acteurs de la conservation de l’environnement peuvent être des thèmes des projets futurs.

Iryna GRAFOVA, étudiante en Biotechnologies et Bio-ressources à l’Université Montpellier II – iryna.grafova[@]etud.univ-montp2.fr