Communiqué de presse WWF – Paris, le 22 juin 2006

Première conversion de dette en faveur de la gestion durable des
forêts du Bassin du Congo signée entre les gouvernements français et
camerounais

Alors que se tient à Paris du 21 au 23 juin 2006 l’Assemblée plénière
du Partenariat pour les Forêts du Bassin du Congo sur l’avenir du
deuxième plus grand massif forestier tropical au monde, Monsieur
Ephraïm Inoni, Premier ministre camerounais et Madame Brigitte
Girardin, Ministre déléguée à la Coopération et au Développement,
signent aujourd’hui un accord financier « historique » de conversion
de dette pour le développement durable du Cameroun dans le cadre du
C2D. Le C2D ou Contrat de Désendettement Développement est un
instrument financier bilatéral qui s’applique aux 22 pays reconnus
comme Pays Pauvres très Endettés et qui vise à réduire la pauvreté
par l’annulation et la réaffectation de toute ou partie de leur dette.

La France est le seul pays à avoir mis en place un mécanisme
financier qui permet de convertir jusqu’à 100 % de la dette des pays
concernés, le Cameroun dans le cas présent. En contrepartie, celui-ci
s’engage à utiliser les fonds résultant de cette annulation pour des
projets ou programmes dans les domaines des « Objectifs du millénaire
pour le développement » (éducation, santé maternelle et infantile,
lutte contre le sida et les maladies transmissibles, équité des
sexes, éradication de la pauvreté et de la faim, développement
durable…).

20 M€ seront consacrés uniquement à des actions en faveur de la
gestion durable des forêts tropicales camerounaises, ce qui est une
première dans le cadre de ce dispositif. Ce montant contribuera
directement à la mise en *uvre du nouveau Programme sectoriel Forêt
et Environnement du gouvernement camerounais dont les activités
visent à réduire la pauvreté tout en préservant les ressources
forestières du pays. Ce programme inclut notamment une meilleure
application de la réglementation environnementale, l’exploitation
durable des ressources forestières via la certification, la gestion
des aires protégées et de la faune sauvage (études sur la répartition
des espèces menacées telles que éléphants, grands singes, tortues
marines*) et la mise en place de mesures anti-braconnage. Il veillera
également à distribuer équitablement les revenus forestiers aux
populations locales.

Laurent Somé, Représentant régional du WWF pour l’Afrique Centrale,
souligne que « cet accord est unique car il représente un
investissement bénéficiant aux forêts et aux populations qui en
vivent tout en allégeant la dette du pays ».
Le WWF, actif dans la région depuis plusieurs décennies, se félicite
de cette décision qui vient concrétiser les déclarations des Chefs
d’Etat faites lors du sommet de Brazzaville en février 2005. En
effet, le traité de la COMIFAC(*) prévoit de mettre en place des
mécanismes innovants pour le financement à long terme des actions
nécessaires à la conservation et à la gestion durable des forêts du
Bassin du Congo. Le WWF espère que cette initiative saura inspirer
d’autres partenaires de la région.

Contact presse : Béatrice Jouenne, tél. : 01 55 25 84 70 –
bjouenne@wwf.fr

Pour plus d’informations : Etude de faisabilité sur les mécanismes de
financement pour la conservation et la gestion durable des forêts
d’Afrique centrale, disponible sur: http://www.worldwildlife.org/
conservationfinance

NB : Dans les années 1980, la crise internationale des pays endettés
a entraîné l’introduction du mécanisme d’échanges de dette, en vue de
convertir la dette des pays en développement dans l’incapacité
d’honorer le remboursement de leur dette extérieure. C’est au profit
du secteur de l’environnement que les premières conversions de dette
ont été appliquées (premier échange de dette pour l’environnement en
1987 en Bolivie).

(*) Commission des Forêts d’Afrique Centrale

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