Produire plus de biocarburant avec du maïs OGM !

Article paru dans l’édition LE MONDE du 23.09.06

Le biocarburant est annoncé comme un substitut possible à l’essence, ainsi que le montre l’expérience menée actuellement au Brésil. Mais sa production en masse nécessite des surfaces agricoles extrêmement importantes, un facteur limitant pour de nombreux pays. D’où l’idée du chimiste américain Michael Raab d' »optimiser » génétiquement un plan de maïs afin d’en tirer le maximum de biocarburant, en l’occurrence du bioéthanol.

Agrivida, la start-up qu’il a créée en 2002 à Cambridge, dans le Massachusetts, promet d’augmenter de 50 % le rendement de la production d’éthanol à l’hectare de maïs cultivé tout en réduisant de plus de 20 % les coûts de transformation. De telles performances sont dues à la plante transgénique qui peut être utilisée dans son intégralité (tige, grains et feuilles) pour produire de l’éthanol, alors que les procédés actuels n’exploitent que le grain de maïs.

La plante, variété appelée GreenGenes, produit elle-même des enzymes qui contribuent à la dégradation des tiges et des feuilles, processus nécessaire à la fabrication de l’éthanol. « Cette autoproduction a déjà été tentée, mais les enzymes produites avaient tendance à tuer la plante avant la récolte, explique M. Raab. Les nôtres restent à l’état dormant pendant la croissance et elles ne sont activées qu’après la récolte. » Une fois la plante coupée, tiges et feuilles sont soumises à une augmentation de température entre 70 ° C et 90 ° C qui provoque le « réveil » de la production d’enzymes. Celles-ci transforment en sucres les matières cellulosiques, étape dite de saccharification. Reste la fermentation et la purification pour obtenir l’éthanol.

Aujourd’hui, Agrivida réalise encore des essais en serre. « Nous pensons passer aux essais en champ d’ici dix-huit mois », indique M. Raab. Viendra ensuite le long processus d’agrément par les autorités fédérales, comme la Food and Drug Administration (FDA), qui devrait durer environ trois ans. Il s’agira de vérifier, entre autres, que le nouvel OGM n’engendre pas de contamination des cultures voisines, l’une des principales craintes exprimées par les anti-OGM en France. Ainsi, la commercialisation n’est pas envisagée avant cinq ans.

Agrivida bénéficie d’un tour de table qui a rassemblé 1,3 million de dollars provenant pour moitié de fonds publics – notamment de la National Science Foundation – et pour moitié de particuliers. Ses effectifs (10 personnes) pourraient doubler d’ici six mois selon M. Raab, 33 ans, qui vient d’être distingué par l’université américaine MIT comme l’un des jeunes innovateurs de l’année 2006.

Michel Alberganti

3 commentaires

  1. Encore un OGM qui polluera les mais non transgénique. Non je n’en veux pas; et puis la production d’éthanol est bien trop couteuse en énergie non verte, il faut favoriser les huiles végétales pour les moteurs diesel (ce qui n’est l’interet des industriels de l’énergie).

  2. Même lorsqu’on les obtient en replantant des terres en jachère, les biocarburants demeurent des produits de l’agriculture intensive, avec toutes ses nuisances. Mais il y a pire : la surface mondiale de terres agricoles travaillées, soit 1 500 Mha (millions d’hectares), n’augmente plus, et tend même à diminuer, car les 15 Mha défrichés chaque année sont à peine compensés par les 13 à 14 Mha perdus chaque année par suite de l’érosion, de la désertification, de la salinisation due à l’irrigation, et de la consommation du territoire par l’urbanisation et la construction de nouvelles infrastructures (voies de communication). La surface des forêts diminue sans cesse dans le monde. L’agriculture consomme 70 à 80% de l’eau douce disponible. Et le réchauffement climatique actuel risque d’accélérer la désertification et la pénurie d’eau douce.

  3. Quel est le rendement de la canne à sucre en ethanol ?il me semblerai plus logique de produire de l’éthanol avec de la mélasse(sous produit du sucre)cela permettrait de developper la culture de la canne dans des pays tropicaux et equatoriaux en voie de developpement et puis c’est une culture peu exigeante en engrais et au niveau sanitaire

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