Les planteurs de haies veulent reconquérir les campagnes

Le Monde

M. de La Fontaine en aurait fait
une fable : en France, l’arbre
forestier a droit à tous les égards
mais la haie champêtre souffre.
Pourtant, ses avantages sont nombreux et ses partisans aussi. Pour
la première fois, les organismes
planteurs se sont réunis, du 5 au
7 octobre à Auch (Gers), pour
trois jours de colloque au carrefour de plusieurs disciplines environnementales.

L’objectif de cet évènement
consiste, selon Alain Canet, directeur d’Arbre et Paysage 32, l’association qui accueille la manifestation, à fédérer les énergies pour
être mieux reconnu par les pouvoirs publics… et le public tout
court. Et à profiter de ces premières rencontres pour parler d’une
seule voix : « Certains nous prennent encore pour de doux rêveurs.
Aujourd’hui, nous sommes tout
sauf cela. Fiers d’un métier que
nous avons inventé sur le tas, opérateur en boisement linéaire. » Ou si
l’on préfère, conseiller en plantation de haie.

Il faudrait même plutôt parler
de « replantation » tant les destructions ont été massives :

«Dans les années 1980-1990,
500 000 km de haies ont disparu »
, avance Françoise Sire, directrice de l’association Prom’haies
en Poitou-Charentes. Un processus engagé au début du siècle
mais qui s’est aggravé avec le
développement de l’agriculture
productiviste : « Ce désarbrement
massif a révélé l’extrême fragilité de
nos territoires. Un désastre national »
, souligne Alain Canet. La
résistance s’est organisée mais au gré des volontés locales : « Hors
aménagements routiers et fonciers,
les replantations effectuées représentent aujourd’hui 10 000 km »
,
relève Françoise Sire. On mesure
le travail qui reste à accomplir.

Mieux qu’un mur de béton

Les motivations des candidats
planteurs, agriculteurs et particuliers, communes et entreprises,
sont désormais clairement environnementales : «Avant, le rôle
brise-vent de la haie, l’amélioration
du paysage et du cadre de vie
étaient mis en avant, observe Françoise Sire. Aujourd’hui, les planteurs ont le souci de la biodiversité,
de la qualité et de la circulation de
l’eau, de l’érosion des sols… » Motivés mais pas forcément experts :

« D’où le rôle essentiel de conseil en
boisement, insiste Alain Canet. Au
début, des erreurs ont été commises.
Aujourd’hui, on ne plante plus
n’importe quoi, n’importe où, dans
n’importe quelles conditions. »

Les agriculteurs, premiers intéressés, ne sont pas forcément les
premiers convaincus. Dans sa ferme pédagogique d’Auch, vitrine
d’une agriculture « moderne et responsable », l’éleveur bio Nicolas
Petit résume l’enjeu : « II faut perdre un peu pour gagner beaucoup.
En replantant des haies, 3 kilomètres en quatre ans, je maintiens les
écosystèmes indispensables, explique-t-il. Et, en plus, c’est rentable à
long terme. »
Protéger des animaux, prévenir l’inondation,
tenir un talus, restructurer un chemin, protéger un bâtiment :

« Pour tous ces besoins, mieux
qu’un mur de béton, la réponse,
c’est la haie champêtre. »

Daniel HOURQUEBIE
Correspondant Auch

2 commentaires

  1. Pour notre association Bas Normande, cela fait déjà 3 ans que nous communiquons sur ce sujet.
    Nous avons déjà réaliser un stage d’une matinée, pour démontrer que l’on peut créer une haie rien qu’avec des arbustes en enlacant les branches.
    Nous avions 2 participants. mais on recommencera.

  2. Pour nous L’A.R.B.R.E [ association rurale
    Brayonne ( au nord de Rouen, le Pays de Bray )pour le Respect de l’Environnement]
    la défense du bocage qui passe par sa nécessaire évolution et adaptation aux techniques agricoles actuelles est un de nos thémes de travail, et nous pensons que
    le maitien du bocage passe par sa valorisation économique, d’ailleurs le théme d’une de nos exposition était :
    {Pour sauver la haie brûlons la} .
    Malgré toutes les actions ,écrits mettant en avant l’interet et le rôle de celles-ci son linéaire continue à régresser en liaison avec le retournement des pâtures pour cultiver du maïs…et ce malgré l’écocondionnalité des aides PAC!!!
    Nous regrettons vivement de n’avoir pu nous rendre à ce regroupement.

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