Les tulipes sauvages du Tholonet (13), quand l’administration laisse détruire les espèces protégées

Le 12 novembre 2006
Communiqué de presse La Garance voyageuse/Tulipes sauvages/La Feuilles de sauge

Les tulipes sauvages du Tholonet (13),
quand l’administration laisse détruire les espèces protégées

Au moment où le Ministère de l’écologie et du développement durable commémore à Paris l’anniversaire de la loi de 1976 sur la protection de l’environnement, un collectif de trois associations de protection de la nature dénonce la destruction d’une station de tulipes protégées dans les Bouches-du-Rhône, avec la complicité silencieuse des pouvoirs publics. Les espèces de tulipes sauvages concernées sont justement protégées par la loi de 1976.

Pour manifester leur mécontentement ces associations adressent à la Ministre de l’écologie, le 14 novembre, un bouquet de tulipes en plastique in memoriam des tulipes détruites sur la commune du Tholonet.

En avril 2006, les associations La Garance voyageuse, La Feuille de sauge et Tulipes sauvages sont informées d’un projet de construction immobilière mettant directement en péril un site d’une grande richesse botanique.
Le maire du Tholonet (Bouches-du-Rhône) a en effet accordé un permis de construire en mars 2006 (permis n° 1310906M0004) sur une zone abritant quatre espèces de tulipes sauvages protégées en France (L 411-2 et R 411-1 du Code de l’Environnement) : T. agenensis, T. clusiana, T. raddii et T. sylvestris.
Leur présence est bien connue des botanistes et des différentes administrations puisque recensée dans deux Zones naturelles d’intérêt écologique, faunistique et floristique (ZNIEFF de type I « Ripisylve de la Cause », ZNIEFF de type II « Plaine des Artauds »).
La conservation de ces espèces en France est bien précaire et de nombreuses stations régressent ou disparaissent en raison de la modification des milieux, notamment due à l’urbanisation et à l’évolution des pratiques agricoles.

Aux différents courriers adressés au maire de la commune pour l’alerter du risque de destruction, une seule réponse a été faite à l’association Tulipes sauvages : « Un permis de construire a bien été accordé et restera » ! Autrement dit, le maire du Tholonet sait que le permis de construire délivré entraîne la destruction d’espèces protégées, mais persiste et signe en dépit de la loi.
Les associations se sont donc tournées vers le Ministère de l’écologie, la Préfecture et la Direction régionale de l’Environnement (DIREN). La DIREN a confirmé que la zone menacée est bel et bien d’une grande richesse biologique. En mai, puis en juin 2006, la DIREN a adressé un courrier au Maire du Tholonet l’invitant à prévoir des aménagements visant à réduire les incidences du projet sur ce milieu.

Les travaux ont débuté dans le courant de l’été, sans que le maire n’ait daigné répondre aux deux courriers de la DIREN.
Dans le courant de septembre, le maire produit enfin une réponse à la Préfecture indiquant que les tulipes protégées se trouvaient, selon lui, uniquement dans le fond de la parcelle et n’étaient pas menacées par les travaux. Ce point de vue est contredit par les botanistes connaissant le site et par les experts de la DIREN et du Conservatoire botanique national de Porquerolles : les tulipes protégées (Tulipa agenensis) sont bien présentes au milieu de la parcelle.

Révélatrice de la mauvaise volonté de l’élu et de la mollesse de l’administration qui aurait dû faire stopper les travaux, cette triste histoire se passe à 200 mètres des bureaux de la DIREN !

Les associations renouvellent leur demande d’une protection effective de cette station de plantes protégées.
Enfin, les associations considèrent que ce dossier exemplaire est révélateur du peu de diligence de l’administration et des élus à faire appliquer les lois de protection de l’environnement et plus particulièrement celles concernant la flore.

Signé :
Marc PHILIPPE, président, La Garance Voyageuse,
Laurent LIESER, président, Tulipes Sauvages
Vincent DELBECQUE, président, La Feuille de sauge

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Dossier de presse complet avec clichés disponibles sur demande auprès de redaction.garance@wanadoo.fr

Contact presse : Vincent Delbecque, tél. 04 75 22 22 06, courriel vincent-26@wanadoo.fr

5 commentaires

  1. Je suis, sur Tela botanica, depuis plusieurs mois votre feuilleton sur cette stations de tulipes protégées du Tholonet.
    Peut-être en avez vous fait de même pour mes nombreux messages sur le Mont Bouquet (nord du Gard) sur le même site? Je me suis trouvé dans le même cas que vous tout en pronant la concertation. Nous avions proposé un arrêté de biotope puis une inscription à la directive natura 2000. Personne, à part la SPN et quelques sympathisants naturalistes, n’a suivi : les maires ont rejeté tout idée de protection, la DIREN n’a pas fait son travail qui consistait à aller voir les dits maires pour leur expliquer ce qu’était un arrêté de biotope, les préfets qui se sont succédés ont suivi les maires et, étrangement, le Muséum d’histoires naturelles de Paris n’a pas entériné ce site dans la dir. habt. 2000 (concurrence avec le Pic St Loup?, assez de falaises calcaires?). Actuellement, la DIREN est prête à nous aider mais à condition que la demande soit faite par les maires, donc on tourne en rond parce personne ne veut se mouiller.
    En même temps, des sports nature se sont installés sur le site (parapente notamment). Ils sont bien vus des maires (et de la population qui, malheureusement, ne se soucit guère des petites plantes) parce qu’ils apportent un peu d’argent à une des communes (ils figurent d’ailleurs sur tous les dépliants touristiques, rien, ou presque, sur l’environnement). Propriétaires de 3 grands sites d’envol, il y a 3 ans, ils en ont créé un 4ème en brûlant près de 2 ha de bois sans aucune autrorisation de la mairie. Le maire de l’époque (celui qui avait refusé l’arrêté de biotope) l’a reconnu mais m’a dit que ce
    n’était pas méchant. Juste à côté, il y a une station de pivoines.
    Les chasseurs, presque toujours opposés à une idée de protection, se sont fait prendre par les parapentistes une partie de leur territoire de chasse (la 4ème aire d’envol) sans bouger. Mais, ils auraient bien aimé que la SPN les défende.
    Maintenant que je vois ce qu’il vous arrive, je comprends qu’il y a quelque chose qui ne va pas et je ne sais pas quoi vous dire. Je pense que tant que la population ne se sera pas motivée, les faiseurs d’argent feront ce qu’ils voudront. Ils ont donc de belles heures encore devant eux.
    Francis Lagarde

    1. Le permis a été délivré à un particulier. Il sa’git d’une contruction d’habitation.

      François BRETON
      La Garance voyageuse

  2. Bonjour,

    Suite à la diffusion du communiqué de presse, le magazine Jardin Pratique, dans son édition du mois de janvier-février 2007 relate cette affaire.

    Cordialement,

    le webmestre de l’association
    TULIPES SAUVAGES

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