Campagne Robin des Semences

Le Directeur de l’un des plus grands tomatiers de France nous confiait récemment qu’il ne se souciait aucunement du catalogue officiel du GNIS lorsqu’il décidait de s’orienter vers de nouvelles dynamiques de production.

Est-ce un cas isolé de non-respect flagrant de la “législation” française? Absolument pas. Depuis plusieurs années, de nombreuses centrales de supermarchés ont mis en vente sur leurs étalages des variétés de tomates ou de courges, que les consommateurs peuvent acheter d’août à novembre, qui sont strictement réservées à l’usage amateur.

Ces tomates et courges inscrites sur la liste “amateur” du catalogue officiel sont produites par des maraîchers professionnels qui ont acheté leurs semences à des semenciers professionnels. Ces semenciers professionnels ont trouvé l’astuce, pour ne point se mettre en porte à faux: ils proposent ces “variétés amateurs” dans leur catalogue sous la rubrique “variétés pour la production de plants à l’usage amateur”. Il fallait y penser.

Nous nous étonnons que ces grandes centrales de super-marchés puissent commercialiser impunément sur leurs étalages des variétés “interdites” à l’usage professionnel, alors que l’Association Kokopelli est poursuivie en justice pour distribution de variétés anciennes non inscrites sur le catalogue officiel.

Il est bien évident que Kokopelli se réjouit de ce que les grands supermarchés participent à notre dynamique de désobéissance civile et de résistance fertile. Il n’est pas dans notre propos de porter plainte devant le Service de la Répression des Fraudes. Nous souhaitons tout simplement que nos avocats puissent informer “qui de droit” que Kokopelli est poursuivi devant les tribunaux par le Ministère de l’Agriculture, par la FNPSP et la société Graines Baumaux alors qu’une pléthore de supermarchés commercialisent (pour la consommation et pas pour la décoration!!) des variétés dites “amateurs” (et parfois même non inscrites) dans le non-respect le plus total du catalogue officiel.

Nous invitons tous les amis et adhérents de Kokopelli à nous aider à lancer une vaste enquête en se transformant durant quelques semaines en Robins des Semences.

Les Robins des Semences peuvent nous aider de deux façons:

– 1. En nous signalant que tel ou tel supermarché dans tel ou tel endroit vend telle ou telle variété de courge ou de tomate.
– 2. En achetant une petite quantité de ces produits et en récupérant à la caisse une facture précisant le nom de la variété, afin d’envoyer cette facture au siège de l’Association Kokopelli à Alès pour notre dossier juridique.

Nous espérons que vous serez nombreux à répondre à notre appel. Vous trouverez ci-dessous les quelques et uniques variétés “professionnelles” de tomates et de courges permises par le catalogue officiel. Toute autre variété est une “intruse” du point de vue de la législation. Mais elle est bien sûr la bienvenue du point de vue de la désobéissance civile et de la protection de la biodiversité alimentaire.

Un grand merci de nous aider à “chercher l’intrus” et de participer à notre défense, en face des tribunaux.

Variétés anciennes de courges permises à la vente dans les supermarchés:
– Rouge vif d’Etampes
– Jaune gros de Paris
– Potimarron
– Turban Turc

Variétés anciennes de tomates permises à la vente dans les supermarchés:
– Saint-Pierre
– Marmande
– Roma

Toute variété de tomate rose, verte, blanche, noire, jaune, orange, zébrée est par définition une intruse dans les supermarchés.

Le philanthropisme n’étant pas une des qualités premières des grandes et moyennes surfaces, nous sommes en droit de nous interroger sur les motivations des chefs de rayon qui proposent à la vente des fruits et légumes issus des variétés anciennes. Est-ce un aveu de l’insipidité des variétés modernes, une opération marketing ou une obligation de répondre à la volonté des clients qui plébiscitent de plus en plus des variétés savoureuses.

Contact

7 commentaires

  1. Désolé, mais je n’ai pas compris la nature du problème. Le message n’est pas très explicite, même après deux relectures. Quel est l’enjeu derrière cela ? Quelqu’un peut-il le préciser ?

    1. Bonjour,
      Il y a déjà eu plusieurs articles à ce sujet dans les actualités de Tela Botanica. Une petite recherche avec le mot Kokopelli vous donnera une information assez complète. Sinon, consultez au moins l’article [https://www.tela-botanica.org/actu/article1592.html->https://www.tela-botanica.org/actu/article1592.html]

      Bien cordialement,
      Tamara Le Bourg

    2. Merci pour ces précisions. Je comprends donc qu’il s’agit donc d’un conflit d’intérêt commercial exprimé par l’association Kokopelli. Rien de blâmable en l’occurrence, mais je ne suis pas certain que cela relève tout à fait du réseau Tela Botanica.

    3. … et quand les lobby grainetiers (et les grands système de production et distribution de fruits et légumes) poussent à ne pouvoir disposer sur le marché que d’un tout petit nombre de variétés de légumes, au prix fort de la biodiversité, vous pensez que cela ne pourrait interesser les botanistes ?

      Tout l’intérêt d’une association comme Kokopeli (dont je ne fais pas partie, même si je suis sympathisant), et d’autres moins « visibles », est justement de dénoncer un tel système !

    4. Je croyais pourtant, en lisant l’article, que les supermarchés tentaient au contraire d’étendre la diversité des variétés commercialisées. Je n’ai moi non plus aucun intérêt direct sur la question. Je cherche tout simplement à bien comprendre la nature des enjeux.

    5. Si d’un côté il y a interdiction de commercialiser les semences anciennes non inscrites au catalogue (commerce de Kokopelli, en jugement) mais que d’un autre côté il exite une utilisation à des fins commerciales du produit de ces semences (fruits et légumes de variétés anciennes inscrites au catalogue mais réservées à l’amateur, ou pis, non inscrites), alors il y a incohérence. On montre du doigt les semenciers qui assignent Kokopelli: elles-mêmes enfreignent la loi d’une manière certes plus subtile.
      Le combat de Kokopelli est celui d’un semencier  » sauvage » me semble-t-il, hors la loi, qui veut dénoncer le système du catalogue officiel avec toute la logique d’appropriation du vivant par les sociétés semencières. Ceci restreint la biodiversité dans nos assiettes certes, mais ce qui touche les botanistes c’est l’aspect privatisation des ressources végétales, et l’ apauvrissement du nombre des espèces cultivables; la problématique des OGM apparait dans cette sphère. Vaste sujet donc, complexe et fondamental!

  2. Vous pouvez compter sur moi pour faire remonter l’information car effectivement cette incohérence m’était apparue sans savoir quoi en faire.

    Or quelques dizaines autorisées revient très cher et est sans commune mesure avec la biodiversité hors frigo nécessaire à l’adaptation des plantes aux changements et modifications qui se déroulent d’année en année. Sans compter l’envie de diversité pour l’adaptation aux terroirs et à nos palais.

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