Hommes et plantes au Maghreb – Eléments pour une méthode en ethnobotanique
de Jamal BELLAKHDAR
Ouvrage à couverture cartonnée rigide et jaquette binding, reliure cousue, format 15,24 cm x 22,86 cm, papier 50# weight, 388 pages, 24 photos N&B. Copyright 2008, ISBN : 978-2-9530152-2-5
Edition-Distribution : lulu.com pour la France et le Reste du Monde ; Editions Le Fennec (Casablanca) pour l’édition marocaine. Lien de commande en ligne : http://www.lulu.com/content/1264163
Tarifs : version livre : 42 euros + frais de port ; version téléchargeable : 22 euros.
Renseignements complémentaires et souscriptions possibles auprès de l’auteur : jamalbellakhdar@hotmail.com
L’ethnobotanique et l’ethnopharmacologie partagent, avec quelques autres sciences, le rare privilège d’avoir réussi le pari difficile de la pluridisciplinarité. Produits féconds du mariage des sciences naturelles et des sciences humaines, ces deux disciplines renouent, d’une certaine façon, avec la tradition encyclopédiste du siècle des lumières et réintroduisent les civilisations du monde au coeur de la connaissance scientifique. En créant des passerelles avec les savoirs populaires, elles contribuent aussi à la réhabilitation de certains pans essentiels des cultures traditionnelles trop longtemps assimilés à des folklores. De plus, en raison de leur dimension sociétale, elles prennent aujourd’hui une part de plus en plus grande dans les programmes de développement durable, à la faveur du renouveau de l’écologie scientifique et politique.
Cet ouvrage décline le végétal sous les différentes catégories d’usages que les populations maghrébines ont inventées pour assurer leur existence quotidienne et l’ancrer dans la durée. Sont examinés tour à tour : la place des plantes dans le savoir nutritionnel local ; les usages thérapeutiques sous l’éclairage des conceptions médicales ou magiques qui soutiennent la pratique populaire des soins, ainsi que les méthodes de l’ethnopharmacologie moderne ; les risques toxiques de certains végétaux pour l’homme et ses troupeaux, en réservant une place spéciale à l’histoire des poisons et des empoisonnements au Maghreb ; les matériaux issus du règne végétal que les hommes mettent en oeuvre dans leurs activités économiques ou de subsistance ; le monde des mots et des signes grâce auxquels les végétaux prennent une place dans la vie sociale ; et, enfin, la question des droits des populations traditionnelles sur leurs ressources et leurs savoirs.
L’auteur, chercheur en ethnobotanique, a déjà publié plusieurs ouvrages dans le domaine des pharmacopées traditionnelles, des usages végétaux et des traditions populaires au Maghreb. Il a également participé a des actions de valorisation des flores locales et d’intégration du savoir-faire des sociétés traditionnelles dans des programmes internationaux de santé publique ou de développement durable.
Mots-clés : Ethnobotanique, Ethnopharmacologie, Plantes médicinales, Bellakhdar Jamal, Maghreb, Maroc, Tunisie, Algérie, Aliments et subsistance, Pharmacopée, Médecine arabo-islamique, Plantes toxiques, Usages techniques, Vernaculaires, Biodiversité, Droits des peuples
TABLE DES MATIÈRES
INTRODUCTION : QUE SONT L’ETHNOBOTANIQUE
ET L’ETHNOPHARMACOLOGIE ? 9
L’ethnobotanique 9
L’ethnopharmacologie 17
Sciences voisines : ethnomédecine, ethnobiologie,ethno-écologie, etc. 21
PLANTES ET ALIMENTS :
SUBSISTANCE, NUTRITION ET DIÉTÉTIQUE 25
L’acceptabilité et l’élaboration du savoir nutritionnel 26
Savoirs et pratiques sociales 27
I – L’ÉQUILIBRE DE SUBSISTANCE 29
L’équilibre de subsistance et la connaissance des milieux 29
A – LA VIE DANS LE DÉSERT :
UN MODÈLE D’ÉCONOMIE DE SURVIE 29
La connaissance de l’environnement 29
La quête de nourriture et le génie de la ressource 32
L’agriculture dans les oasis 37
Subsistance et valeur nutritionnelle des aliments 38
B – PLAINES ET MONTAGNES : L’ALTERNANCE
DE LA PRÉCARITÉ ET DE LA SUFFISANCE ALIMENTAIRE 39
Le rôle du végétal dans l’anthropisation des milieux 39
Les activités de cueillette : le temps des disettes 41
II – ALIMENTATION ET PENSÉE MAGIQUE 45
L’idée d’incorporation 45
L’aversion et l’attirance alimentaires 49
III – ALIMENTATION ET DOCTRINE
DE LA NUTRITION CHEZ LES ARABES 52
Les textes anciens 52
La classification des aliments dans la théorie gréco-arabe
des tempéraments 54
Physiologie et nutrition
chez les médecins arabo-islamiques 56
La notion de correctif 57
IV – LES SYSTÈMES DIÉTÉTIQUES 58
1. Une diététique de la performance physique 59
– Le soutien à l’endurance, vertu virile et guerrière 59
– La bonne santé sexuelle 60
2. Une diététique du voyageur 61
3. Une diététique de sobriété 63
– Islam, tempérance et discipline alimentaire 63
– Sobriété et endurance chez les nomades sahariens 64
4. Une diététique de l’intelligence, de la mémoire et de la vigilance 68
5. Une diététique médicale proprement dite 69
V – LA DIÉTÉTIQUE ET L’ART CULINAIRE 71
VI – CONCLUSION 72
PLANTES ET REMÈDES :
MÉDECINE ANCIENNE, PHARMACOPÉE
ET ETHNOPHARMACOLOGIE 83
A l’aube de la médecine : l’apprentissage thérapeutique 83
I – LE SYSTÈME DE SOINS AU MAGHREB 89
A – MÉDECINE ARABO-ISLAMIQUE : LA DOCTRINE
ET SON APPLICATION AUX RÉALITÉS RÉGIONALES 89
1. Des bases doctrinaires vieilles de mille ans 89
2. Une thérapeutique fondée sur la lutte des contraires 90
3. A la recherche d’un ordre naturel :
esprits des choses, forces et énergies 91
4. La transmission du savoir : académisme et tradition orale 93
B – MÉDECINE ARABO-ISLAMIQUE ET VISION DU MONDE :
CROYANCES D’HIER ET D’AUJOURD’HUI 96
1. Le relationisme 96
– Le corps humain est un microcosme 96
– Le corps humain et l’univers ont des constituants semblables 97
– Les mêmes forces et énergies animent le corps humain et l’univers 99
– L’univers et l’homme s’affectent mutuellement : tout ce qui se passe
dans l’univers a des répercussions sur le corps humain 101
2. une approche holistique des problèmes de santé 103
– La santé est un tout 103
– Chaque malade est un cas 105
– La norme de santé n’est qu’une question de convention : c’est de la définition
du pathologique que découle celle du normal et non l’inverse 105
– La santé de l’individu est “l’affaire” de la société 107
– Une médecine socialement et idéologiquement compatible 108
– Un savoir dilué, diffus, porté par la masse des utilisateurs 109
3. La croyance en des causalités supérieures : malédiction,
malfaisance et maléficience 110
C – MAGIE ET RELIGION EN MÉDECINE 117
1. L’efficacité symbolique 117
2. Islam et magie 120
3. L’intrusion de la magie et du sacré en médecine
et l’éviction progressive de la pensée rationnelle 123
4. Le signe et la chose, la substance et le rituel 126
5. La quête de salut tiraillée entre diableries et bondieuseries 128
– Exorcismes et adorcismes 128
– Personnages thaumaturges et baraka 129
– Fumigations rituelles et prophylaxie 130
– Numérologie et divination 131
II – LA PHARMACOPÉE MAGHRÉBINE
ENTRE TERRITORIALITÉ ET COSMOPOLITISME 132
1. La territorialité 132
– Originalité et endémisme de la flore régionale 133
– Des pathologies locales 135
– Moeurs particulières et croyances locales 138
2. L’ouverture sur le monde 140
– Le cosmopolitisme inhérent à la médecine arabo-islamique 140
– Les échanges humains et commerciaux 140
– L’introduction de nouvelles espèces végétales et la dissémination mondiale
des plantes adventices 143
III – ÉLÉMENTS POUR UNE MÉTHODE
EN ETHNOPHARMACOLOGIE 145
A – PRINCIPES, OUTILS ET FINALITÉ
DES RECHERCHES 145
1. Les différentes méthodes de dépistage de l’activité biologique
des végétaux 145
2. Le pari difficile de la pluridisciplinarité 147
3. Les deux voies de l’ethnopharmacologie 152
B – LA PRÉPARATION A L’ENQUETE DE TERRAIN 145
1. Se documenter 153
2. Se préparer intellectuellement : comprendre le système local de représentations
et prendre de la distance par rapport à sa propre culture 153
3. Elaborer les outils de l’enquête 155
– Les protocoles d’entretien 155
– Les questionnaires-fiches 156
4. Se préparer matériellement 158
5. Prendre des contacts et entreprendre les formalités administratives 158
C – CONDUIRE L’ENQUêTE SUR LE TERRAIN 159
1. Découvrir le terrain 159
2. Organiser le séjour et l’intendance 159
3. Trouver les personnes ressources 160
4. Observer et décrire 161
5. Négocier et conduire des entretiens, utiliser les questionnaires-fiches 162
6. Procéder à une première analyse à chaud des informations recueillies 163
7. Collecter les échantillons de référence, constituer une photothèque 164
8. Un conseil important : adopter partout et tout le temps
une attitude “politiquement correcte” 165
D – RETOUR DU TERRAIN : LA PHASE D’ANALYSE
DES DONNÉES DE L’ENQUETE 167
1. Trier les données, repérer les informations pertinentes 167
a. Quelques difficultés liées à la nature spécifique de l’objet 167
– La variance 167
– La mise en correspondance de catégories culturellement différentes :
le transfert des savoirs 168
b. les critères de sélection des données 169
– La répétition de l’invariance : la mention multiple 169
– Le caractère d’évidence 170
– Le phénomène étrange, le détail insolite 171
– Les convergences 172
2. les recherches bibliographiques et les études comparatives 174
a. Les objectifs 174
b. Les sources 175
– Les textes anciens 175
– Les sources écrites contemporaines 176
3. Les recherches expérimentales au laboratoire 176
PLANTES ET POISONS : HISTOIRE,
CULTURE, ETHNOTOXICOLOGIE 176
I – MÉDECINE ARABO-ISLAMIQUE,
SAVOIRS POPULAIRES ET TOXICOLOGIE 201
1. Constitution d’une science arabe des toxiques 201
2. Soins d’urgence et contre-poisons
dans les traités arabo-musulmans 203
3. La toxicologie partagée entre médecine et science du crime 205
II – POISONS, GUERRES ET PASSIONS :
LES EMPOISONNEMENTS AU MAGHREB 207
A – POISONS DE GUERRE 207
B – POISONS POLITIQUES 211
C – POISONS ET CRIMINALITÉ BANALE 216
III – PRATIQUES DE SORCELLERIE 221
IV – INTOXICATIONS ALIMENTAIRES
ET ACCIDENTELLES, TOXICOMANIES 224
1. Intoxications accidentelles par confusion 224
2. Intoxications par surdosage thérapeutique 226
3. Intoxications alimentaires d’allure épidémique 227
4. Intoxications à symptômes différés 224
5. Intoxications indirectes 229
6. Usage du cannabis et toxicomanies 230
V – TOXICOLOGIE VÉTÉRINAIRE 232
1. Pacage des troupeaux et risques toxiques 232
2. Substances actives et intoxications animales 236
VI – CONCLUSION 240
PLANTES ET USAGES TECHNIQUES 251
1. Les combustibles 252
2. Les matériaux d’éclairage 255
3. Les matériaux pour abris et litières 255
4. Les bois d’oeuvre et de construction 256
5. Les glus, latex, résines et adhésifs 259
6. Les fertilisants 260
7. Les insecticides, répulsifs et raticides 261
8. Les tans et produits pour la préparation des peaux 261
– Opérations de préparation des peaux, de tannage et de teinture 261
– Substances tannantes pour les cuirs 262
9. Les colorants et les encres 263
– Colorants pour cuirs 263
– Colorants pour textiles 264
– Encres 266
10. Les saponifères, détergents et plantes à récurer 266
11. Les plantes à fibres 268
12. Autres matériaux végétaux pour divers usages et fabrications 271
PLANTES ET MOTS :
LA QUESTION DES VERNACULAIRES 275
Les chimères intelligibles : indexicalité du langage et des situations 276
Connaissance des langues locales et enquête ethnobotanique au Maghreb 280
I – SUR QUELQUES DIFFICULTÉS RENCONTRÉES
PAR LES CHERCHEURS 281
A – L’INFORMATION ERRONÉE 282
1. Le mauvais choix des informateurs 282
2. Causes d’erreurs dans les sources écrites 284
B – LA MAUVAISE AUDITION 286
C – LA MÉCONNAISSANCE DES MÉCANISMES
DES LANGUES ET DIALECTES LOCAUX 286
D – LES TRANSCRIPTIONS FAUSSES
OU INADÉQUATES 289
E – L’IGNORANCE DE QUELQUES RÈGLES
DES SÉMANTIQUES ARABE ET BERBÈRE 290
F – L’INCOMPRÉHENSION DES SYSTÈMES
DE TAXINOMIE POPULAIRES 292
II – LA LISIBILITÉ DES PHYTONYMES 297
1. Les phytonymes onomatopéiques 298
2. Les phytonymes transparents ou parlants 299
3. Les phytonymes non transparents ou muets 299
Cas particulier des phytonymes composés ou surcomposés 300
III – LES VERNACULAIRES
ET LEURS DOMAINES DE DÉFINITION 301
1. Le vernaculaire polyvalent 302
2. Le vernaculaire spécifique 308
3. Le vernaculaire spécialisé 309
III – CONCLUSION :
L’INTéRêT DES VERNACULAIRES 311
PLANTES ET ÉTHIQUE : LA DIVERSITÉ
BIOCULTURELLE ET LES DROITS DES PEUPLES 323
1. Usages internationaux actuels en matière de droits
sur la propriété des biens 323
2. Quand le droit s’éloigne de la morale 325
a. Le non-droit favorisé par le non-dit 325
b. La non-universalité des principes qui fondent le système actuel des DPI 326
3. Quelques exemples emblématiques d’usurpation des droits
de propriété intellectuelle opérée dans la plus pure légalité 328
4. Brevets et spoliation : le cas de l’agriculture 329
5. Brevets et biopiratage : le cas des pharmacopées traditionnelles 335
6. Bioprospection et stratégies d’appropriation : l’abus de confiance
et la chasse à l’opportunité 338
7. Recherche d’entreprise, recherche publique et chercheurs indépendants :
les bonnes intentions ne sont pas une garantie de respect des DPI 340
8. L’achat de la ressource n’indemnise pas le savoir dont elle est le support 343
9. L’exploitation de l’image des sociétés traditionnelles 345
10. Pratiques persistantes en droit international : mondialisation et perennisation
de l’injustice vis-à-vis des populations traditionnelles 350
11. Evolution récente de la conscience internationale
sur la question des DPI et des échanges scientifiques 355
– La reconnaissance de la souveraineté des nations sur toutes leurs ressources 355
– Le principe de l’imprescriptibilté de l’injustice 356
– Le droit de toutes les populations de la planète à leur sécurité alimentaire
et sanitaire par un partage universel des ressources 358
– L’égalité des droits dans l’accès à l’information et à la connaissance 360
12. En attendant une nouvelle réglementation internationale sur les DRT,
quelques mesures à prendre d’urgence 361
– L’adoption d’un code éthique professionnel des ethnobiologistes 362
– La lettre d’intention adressée aux collectivités 362
– L’accord préalable de cession d’information 363
– La publication défensive 363
– L’accord de transfert de matériel 364
– Le contrôle de la transparence des brevets 364
13. Conclusion 365
CONCLUSION GÉNÉRALE 367
BIBLIOGRAPHIE 369
TABLE DES ILLUSTRATIONS,
TABLEAUX ET ANNEXES 38