Fixer la valeur économique de la biodiversité : le rapport Chevassus-au-Louis
Le 29 avril dernier, a été présenté au ministère chargé de l’Ecologie un rapport dirigé par Bernard Chevassus-au-Louis sur le coût de la biodiversité.
Fixer une valeur économique aux services écologiques rendus par la nature, tel est l’objectif du travail dirigé par Bernard Chevassus-au-Louis, inspecteur général de l’agriculture, ancien directeur général de l’INRA et ancien président du Muséum national d’histoire naturelle (MNHN). Ce dernier a été missionné par le Premier ministre dans le cadre du Centre d’analyse stratégique (CAS) à la suite du discours de clôture du Grenelle de l’environnement dans lequel Nicolas Sarkozy s’engageait à intégrer le coût de la biodiversité dans toutes les décisions publiques futures.
Donner une valeur de la biodiversité
Comme le rapport Sukhdev, les travaux de Bernard Chevassus-au-Louis s’inscrivent directement dans la lignée du rapport de Nicholas Stern qui chiffrait le coût du changement climatique.
Il ne s’agit pas de créer un marché de la biodiversité, explique Chantal Jouanno, secrétaire d’Etat à l’écologie, il s’agit de définir des valeurs de référence pour que, dans toutes les décisions publiques, soit désormais prise en compte la valeur économique de la biodiversité.
Dans toutes les décisions politiques… mais aussi judiciaires : l’importance de l’environnement dans la loi a été confirmée à deux reprises : lors du procès de l’Erika où, pour la première fois, une jurisprudence a reconnu les dommages strictement environnementaux, et lors du débat parlementaire sur la responsabilité environnementale en juin 2008 où cette question a été consacrée par la loi, note Nathalie Kosciusko-Morizet, secrétaire d’Etat en charge de la prospective et précédemment secrétaire d’Etat à l’écologie. Nous avons un problème en matière de biodiversité : ce sujet se situe beaucoup moins haut dans l’agenda que le changement climatique alors qu’il est en lien avec celui-ci et tout aussi important. J’ai acquis la conviction que deux clés sont nécessaires pour porter un sujet en haut de l’agenda : d’abord un consensus scientifique partagé est nécessaire, comme c’est le cas avec le GIEC pour le changement climatique. Ensuite, nous devons pouvoir évaluer les choses dans une monnaie commune, avec tout ce que cette approche peut avoir d’abusif.
L’idée est donc de donner un coût à la nature pour qu’enfin celle-ci soit prise en compte : la plupart de nos interlocuteurs considèrent que nous préservons la nature pour sa beauté. Or, nous devons raisonner en terme de capital naturel qui a autant si ce n’est plus de valeur que les autres capitaux, analyse Chantal Jouanno.
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Daniel Mathieu
Tela Botanica
2 commentaires
J’applaudis à ce qui est dit dans ce texte. Une petite proposition cependant. À la fin de l’article, je suggérerais: »Ensuite nous devons pouvoir (…)avec tout ce que cette approche peut avoir d’abusif en attendant les ajustements qu’apporteront de nouvelles connaissances ».
Il me semble que la valeur économique de la forêt – hors production ligneuse – a fait l’objet de travaux aux Etats Unis.
La valeur de la forêt a notamment été évaluée au US en relation avec sa capacité à fournir l’eau potable de la ville de New-York.
Dans le cadre du rapport de Chevassus-au-louis, cette valeur fonctionnelle a été estimée à près de 1000 € par ha et par an pour la forêt française (moyenne).
Daniel Mathieu