Paroles de telabotanistes
Joyeux @-nni-ver-saire Tela Botanica ! Déjà 10 ans que le réseau vit grâce à vous. À défaut de réunir les 11 000 membres du réseau autour d’une liqueur de gentiane, nous vous avons réservé quelques « festivités web » tout au long du mois. Votre participation est plus que souhaitée.
À chaque anniversaire, on a pourtant beau lutter, les souvenirs refont surface. On se félicite du chemin parcouru, on se rend compte qu’on a mûri et on s’interroge sur l’avenir.
Tela Botanica ne déroge pas à cette règle. Nous vous invitons à nous faire partager vos premiers pas de telabotanistes, vos encouragements, vos critiques et vos souhaits pour le réseau…
– Déposez un mot dans le livre d’or de Tela Botanica « spécial 10 ans » en bas de cet article.
Les membres du Comité Scientifique et Technique eux aussi fêtent les 10 ans de Tela Botanica. Ils reviennent sur leurs expériences de telabotanistes…
– Daniel Mathieu, président de l’association Tela Botanica
« Difficile pour moi de dire quand j’ai découvert Tela, puisque je suis tombé dedans avant même sa création en 1999 ! À cette époque, je m’étais échappé du CEA (Commissariat à l’Énergie Atomique) durant 3 ans pour travailler à l’ANVAR (aujourd’hui OSEO Innovation) à Montpellier. Profitant du temps disponible de mes soirées de célibataire, je me suis fortement investi dans l’association des Écologistes de l’Euzière, présidée alors par Joël MATHEZ. J’y ai découvert l’expérience de la vie associative, des outils Web et du travail collaboratif, notamment grâce à Laurent MARSAULT. Par ailleurs secrétaire de la Société Botanique du Vaucluse, l’idée m’est venue d’essayer de mélanger tout ça en créant un réseau innovant, centré sur la botanique (francophone, car je suis nul en anglais !), basé sur les principes du travail collaboratif et utilisant Internet comme seul support de communication. C’est aussi simple que ça, ou presque…
Il était impossible de créer un tel « truc » sans l’appui de personnes ou de structures ayant des compétences complémentaires des miennes, et une histoire permettant d’accréditer le sérieux de l’aventure. Sur les conseils de Joël, je contacte alors Bernard DESCOINGS président de la SBF ainsi que François BRETON et Pierre SELLENET de la Garance Voyageuse qui ont d’entrée cru à ce projet. Ayant par ailleurs eu l’occasion d’apprécier le dynamisme et l’enthousiasme de Frédéric MELKI, fondateur de la société BIOTOPE, je leur proposai de travailler sur la charte fondatrice d’un « réseau » qui s’appellerait Tela Botanica (la « toile des botanistes » en latin, dont le nom m’a été soufflé par un ami latiniste d’Avignon, Pierre TEXIER). Cette charte, restée étonnamment jeune, constitue ainsi l’acte fondateur du Réseau Tela Botanica (voir la charte fondatrice).
Il s’ensuit une série de tâches plus ou moins difficiles comme le montage d’un dossier « emploi jeune » pour l’embauche de Jean-Charles GRANGER, premier salarié de l’association (hé oui, à l’époque nous en avions de la chance d’avoir des « emplois jeunes »…), le dépôt des statuts le 14 décembre 1999, la recherche d’un local (merci au proviseur du Lycée Agropolis de Montpellier qui nous a accueillis) et la recherche de financements, avec le soutien rapide et spontané de l’entreprise Yves ROCHER (merci à Michel CAMBORNAC) et des jardineries Botanic.
Après un démarrage en coulisse, le premier dossier que nous ayons eu à traiter fut celui de l’index synonymique de la flore de France ! Une galère dont je ne soupçonnais pas le nombre et la vigueur des rameurs. Des années de négociations avec le MNHN, qui ne voulait surtout pas négocier, avec les institutions qui ne voulaient pas payer… Enfin bref, malgré cela, l’index de Kerguélen, mis en base de données et actualisé par Benoît Bock, était mis en ligne en 2003, contre l’avis du MNHN et avec les réserves du ministère de l’environnement. Je garde précieusement les 200 pages du dossier de cette affaire, comme un excellent cours pour débutants sur les relations institutionnelles au sein de notre beau pays…
Aujourd’hui les choses ont bien changé. Avec ses 10 ans et sa douzaine de salariés, Tela parvient à établir un dialogue équilibré avec ses principaux partenaires qui reconnaissent à l’association son rôle devenu incontournable dans le domaine de la botanique à l’échelle nationale. Le modèle économique de Tela fondé sur la dualité : projets institutionnels rémunérateurs et projets collaboratifs inscrits dans l’économie du don a montré sa pertinence jusqu’à ce jour. Espérons qu’il survivra à la crise…
Et demain ? Eh bien, je pense que demain se jouera à l’échelle européenne et mondiale. La botanique francophone, voire française, constitue un cadre trop étroit pour avancer sur le plan scientifique, technique et relationnel. La collaboration avec des institutions comme le TDWG ou le GBIF, le projet Global PLant Initiative de la fondation Mellon, la participation à des projets de recherche internationaux comme Pl@ntNet, le rapprochement avec les pays d’Afrique, constituent autant de portes que Tela a commencé de franchir et qui lui permettront, je l’espère, de perdurer encore longtemps (d’ailleurs, je me suis remis à l’anglais…)
Pour terminer je voudrais rendre hommage à tous les telabotanistes de la première heure qui ont cru en ce projet et qui lui ont permis de grandir. Je remercie chaleureusement les salariés de l’association, dont la charge de travail va croissant d’année en année, et sans qui rien n’aurait été possible. »
– Errol Vela, botaniste spécialiste de la flore d’Afrique du Nord
« J’ai découvert Tela Botanica par l’intermédiaire d’un appel lancé à tous les botanistes connectés à l’Internet. C’était il y a 9 ans, je me suis inscrit aussitôt, nous étions une dizaine seulement. Le dynamisme des premiers inscrits a porté aussitôt ses fruits, et je suis devenu accro à Tela ! Des projets collaboratifs, des données partagées, des échanges d’informations et de savoir, un véritable tourbillon. Cerise sur le gâteau, les premières rencontres de Tela nous ont permis de nous connaître « en vrai », et ce fut formidable.
Par la suite, je suis devenu moins participatif au forum général par manque de temps, pour me recentrer sur la flore d’Afrique du nord en lançant un forum spécial. Je suis admiratif de ce qui a été réalisé en 10 ans, chaque année toujours plus.
Ce que je regrette, c’est qu’avec la forte augmentation du nombre d’inscrits, il y a proportionnellement de moins en moins d’actifs par rapport aux simples utilisateurs. Mais je crois que c’est un processus normal. Et tant qu’un socle suffisamment actif persiste, l’avenir est assuré.
À l’avenir, je souhaiterais que la contagion gagne d’autres pays francophones, par exemple le Maghreb (et pourquoi pas le Québec). Des rencontres et/ou une caravane itinérante à travers ces pays serait sans doute utile pour dynamiser les projets à venir et aussi mieux faire connaître Tela aux utilisateurs qui l’ont souvent découvert par hasard sans forcément en comprendre son fonctionnement. »
– Valéry Malécot, systématicien botaniste polyphage
« Ma découverte de Tela : au tout début de l’année 2000, via la Garance Voyageuse, Jean-Yves Dubuisson, et Catherine Reeb. Mon premier message sur le forum général date du 6 juin 2000 (a l’époque il y avait tout juste 100 abonnés) sur des questions de nomenclature et de mise à jour de l’ISFF (comme par hasard …), depuis je suis toujours plus ou moins impliqué sur de telles questions.
Ce qui me plaît dans Tela : les échanges, en particulier leur diversité, et le partage d’informations botaniques bien entendu.
Ce que je souhaite pour Tela : un heureux dixième anniversaire, et une très longue vie. »
– Benoit Bock, président du CST, président de Photoflora, secrétaire de la SBCO
« J’ai découvert Tela Botanica alors que la liste principale ne comportait qu’une dizaine de participants, c’est à dire au tout début. Cette découverte a été pour moi une véritable évasion de mon boulot difficile à l’époque (début d’enseignement en ZEP) et l’occasion de rencontres virtuelles dont certaines se sont concrétisées physiquement ensuite (rencontre avec Errol, Daniel, Valéry…). Tela est un véritable carrefour d’échanges d’informations botaniques et un créateur de liens. J’avais dans mes cartons pas mal de projets qui ont été concrétisés grâce à Tela. Tela a grandi.
Ce que l’on peut regretter, c’est le manque de transparence. Beaucoup ne savent pas ce qui se cache derrière Tela Botanica. C’est ce que j’ai pu constater de la part de certains de mes interlocuteurs qui connaissent Tela Botanica sans vraiment savoir ce qu’est Tela Botanica.
Je souhaite à Tela pour ses 10 ans de poursuivre son développement pour accroître son rayonnement et sa renommée, sans tomber dans le piège du fonctionnement peu efficace des grosses administrations. J’ai tendance à être impatient et je trouve que ça n’avance jamais assez vite, mais quand on regarde ce qui a été fait en 10 ans : bravo ! »
– Joël Mathez, administrateur de Tela
« C’est à Restinclières, au siège des Écologistes de l’Euzière où nous nous sommes connus, que Daniel m’a demandé mon avis sur son grand projet – la création d’un réseau des botanistes (français ? francophones ? je ne me souviens pas). Un peu impressionné par cette initiative audacieuse, mais partant car confiant dans le dynamisme et la clairvoyance de Daniel, j’ai suggéré de solliciter la Société Botanique de France de participer à la fondation.
Débordé par le foisonnement des projets et forums, qui atteste 10 ans après du succès de l’opération, j’ai du mal à suivre… Mais ma position d’enseignant-chercheur en botanique (maintenant retraité) à l’Université de Montpellier m’a permis d’obtenir l’implantation de l’équipe de Tela à l’Institut de Botanique, où je continue à participer à la vie de l’herbier. Je conserve ainsi un contact quasi quotidien avec l’équipe, très impliquée par ailleurs dans le projet « Global plants initiative » de valorisation de cet herbier.
Ce que j’apprécie le plus dans la toile botanique, c’est qu’elle soit parvenue rapidement à une cohabitation fructueuse (même si parfois un peu rude au début) entre botanistes de tous niveaux, amateurs et professionnels, et de tous âges (même si ce fut difficile pour les plus anciens des botanistes de se faire à la culture informatique !). Plusieurs institutions, a priori défiantes ou sceptiques, commencent à reconnaître les services qu’elle peut rendre à la collectivité.
Ce que je redoute le plus pour l’avenir de Tela, c’est que d’autres structures dédiées à la botanique, institutionnelles ou associatives, voient dans son succès un danger d’hégémonie, et ne saisissent pas la chance d’utiliser l’outil réseau pour participer collectivement à l’essor de la botanique.
Ce que je souhaite fortement, mais la dynamique actuelle me rend confiant, c’est que Tela Botanica ne reste pas confinée à la région montpelliéraine où elle est née, et se développe davantage bien au-delà du territoire français – ce qui est déjà bien entamé. Je serai comblé si le concept parvient à sauter la barrière de la langue et essaime dans les régions non francophones du monde ! »
– Christophe Girod, doctorant en écologie tropicale
« J’ai découvert Tela-Botanica un peu par hasard, il y a bientôt 10 ans de cela déjà (avril 2000). Je m’intéressais déjà à la botanique et j’ai été ravi de découvrir un réseau de botanistes francophones, dynamique et plein d’idées. Je me suis progressivement inscrit à la plupart des forums et listes de discussion, au fur et à mesure de leur création et de mes centres d’intérêt. Depuis quelques années cependant, je consulte la plupart des messages directement sur le site et contribue de moins en moins aux diverses listes, par manque de temps principalement. Je peux toutefois continuer à développer mon intérêt pour l’identification des plantes via quelques listes, comme détermination des plantes.
Tela a permis de créer un réseau immense de botanistes et au-delà, de personnes intéressées par l’environnement en général. Ce réseau permet des échanges fructueux, intéressants et parfois passionnés, mais contribue grandement à mon enrichissement personnel, ainsi qu’à élargir mes centres d’intérêts, au fil des années. Ainsi, on peut rapidement trouver la réponse à une question complexe, grâce aux connaissances variées et nombreuses des membres du réseau. Tous ces éléments font de Tela Botanica un réseau extrêmement précieux !
Pour l’avenir, je souhaite que Tela continue de se développer auprès du grand public. Qu’en prenant une place de plus en plus importante vis à vis des partenaires institutionnels (recherche, ministère..) il permette également de faire le lien entre le domaine « professionnel » et « amateur », même si la distinction entre ces deux domaines est très artificielle. Enfin, je souhaite que cette expérience inspire la création de réseaux internationaux sur la botanique, et que des partenariats entre ces réseaux se nouent, afin d’étendre l’aventure telabotaniste à une dimension internationale ! »
– David Mercier, botaniste passionné (entre autre par les Rubus)
« J’ai découvert Tela Botanica lorsque je travaillais au CBN de Bailleul, autour de l’année 2002, grâce à une discussion à la pause autour d’un café. Autant que je me souvienne, mon premier contact fut bref et se termina par l’impression désagréable de m’être perdu dans un fouillis d’informations mal structurées. Encore une belle initiative éphémère, pensais-je, comme il en fleurissent beaucoup sur la toile, et je suis retourné à mon travail acharné au service de la structure apparemment fragile qui m’avait embauché… Pas le temps de passer du bon temps sur Internet ! Mais j’y retournais quelques temps plus tard, parce qu’une autre discussion à la cafét’ en avait encore parlé, et il fallait que j’explore à nouveau cette « curiosité » ! Mes « excursions » se firent de plus en plus fréquentes. Après avoir quitté le CBN de Bailleul, j’avais plus de temps, et j’ai pu approfondir mes explorations du site, surtout à partir de 2006, lorsque j’avais décidé de terminer ma cure de désintoxication intellectuelle de botanique après deux années de vacances. C’est véritablement la rédaction de la clé des //Rubus// pour le projet de Flore de France, que je me suis impliqué dans les forums de Tela. Mon premier message date du 20 novembre 2007, et c’était à propos de la nomenclature d’un //Rubus//, sur le forum isff. Aujourd’hui, en plus de participer à quelques forums, j’essaie de ne pas perdre mon innocence, afin de me mettre à la place d’un nouveau venu et d’identifier ce qui pourrait être amélioré dans la structure du site. J’essaie aussi d’augmenter l’attractivité du site en déposant des ouvrages numérisés dans la bibliothèque de Tela.
Ce qui me plaît dans Tela, c’est son utopie, à laquelle je ne croyais pas au départ, mais qui porte aujourd’hui ses fruits, après 10 années de travail. La base de donnée eflore est étonnante, avec une flore de COSTE reliée à l’index synonymique de Michel KERGUÉLEN et aux référentiels écologiques et chorologiques compilés par Philippe JULVE. C’est aussi des forums de discussion, avec des botanistes compétents et passionnants, toujours prêts à répondre avec modestie et courtoisie aux questions des néophytes comme des experts en leurs domaines…
Ce qui m’agace, c’est le manque de structure d’un site qui s’est construit au jour le jour… mais l’organisation des informations s’améliore d’années en années. Et il fallait bien se lancer un jour… Merci Daniel pour ton courage ! Et c’est à chacun de proposer des choses pour améliorer aujourd’hui le site.
Ce que je souhaite, c’est que le site de Tela poursuive sa route et s’impose comme l’un des sites les plus consultés, à la place de ces sites Internet de réalités virtuelles ou de relations virtuelles qui ont beaucoup de succès en ce moment… Il y a plus de 10 millions de chômeurs, et au moins autant qui travaillent de moins en moins d’heures rémunérées, à leurs corps défendant… La participation à la connaissance via Internet est une belle occasion pour eux de se rebeller contre l’inutilité à laquelle le système social les condamne (sachant qu’il faut relativiser, car même si cela coûte de moins en moins cher, beaucoup de ces personnes n’ont quand même pas les moyens de se payer un ordinateur et l’accès à Internet…).
Le projet que je rêve de mettre en place, c’est une plate-forme informatique pour déposer des photos et des mesures biométriques sur les plantes (individus) rencontrées sur le terrain ou en herbier, dans le but de revoir la taxinomie à partir du livre ouvert de la nature. L’objectif sera dans un premier temps de distinguer les taxons, de les délimiter morphologiquement, et connaître leur répartition géographique. Dans un deuxième temps seulement viendra l’analyse nomenclaturale de ces taxons, grâce à l’intégration des spécimens d’herbier porteurs des noms (types nomenclaturaux). Parallèlement, il faudra créer une base de donnée qui recense les actes nomenclaturaux, afin de réaliser l’inventaire complet des noms et des spécimens porteurs de nom. Pour l’instant, mon objectif est d’essayer de mettre en place une plate-forme de ce type pour le genre Rubus. »
– Michel Chauvet, ethnobotaniste INRA – AMAP
« J’étais à peine arrivé à Montpellier que j’ai rencontré un certain Daniel MATHIEU qui cherchait un local pour héberger une nouvelle association qui m’est d’abord apparu comme totalement antidémocratique. Rendez-vous compte : l’association Tela Botanica ne cherche pas de nouveaux membres, et se contente de coopter quelques personnes (dont moi-même). J’étais donc méfiant, mais mon expérience d’autres associations hautement démocratiques, elles, mais d’une telle lourdeur qu’elles ne marchent pas, m’a vite fait changer d’avis. Internet est un domaine tellement nouveau qu’il ne faut surtout pas perdre de temps à convaincre ceux qui n’y connaissent rien et à qui ça fait peur. Il faut simplement foncer, innover sans cesse et être aux aguets des attentes des gens. C’est ainsi que Tela a réussi à faire bien mieux que nombre de nos institutions !
Évidemment, au début, j’ai été perçu comme un « institutionnel » (vous savez, ceux qui sont grassement payés à ne rien faire) par certains « amateurs » (ceux qui sont persuadés de réaliser un grand œuvre mais ne sont pas reconnus socialement). Et puis une dynamique s’est créée, qui privilégie les gens à la fois passionnés et compétents. C’est un des miracles de Tela. Un autre miracle est d’avoir transformé les botanistes, fieffés individualistes (qui passent leur vie à chercher l’information qui leur manque, et meurent parfois avant d’avoir publié leur œuvre parfaite), en groupe à la pointe du travail collaboratif. Je crois qu’on devient un fan de Tela quand on a compris qu’il faut d’abord donner (du temps, des infos…) et qu’alors on reçoit sans compter. C’est l’économie du don, et ça marche.
Pour moi qui suis maintenant inséré dans le programme Pl@ntNet, un enjeu majeur de Tela est de mieux collaborer avec les chercheurs, et de s’insérer dans les réseaux internationaux, tout cela sans perdre son âme, c’est-à-dire son rôle essentiel d’outil pour les amateurs.
Mes souhaits : que les outils de Tela soient pris en mains par d’autres secteurs, comme l’horticulture et les jardiniers, ou les historiens; les linguistes… j’espère bien y contribuer. Je souhaite aussi que les enseignants nous rejoignent, et développent des outils pédagogiques pour les novices qui arrivent pleins de bonne volonté, mais peuvent être rebutés par la technicité de nos échanges. »
– Marc-André Selosse, mycologue, et botaniste par les racines
« Je suis plutôt mycologue que botaniste… attaché aux échanges sur Internet, et notamment aux réseaux mêlant spécialistes, amateurs et débutants, je suis donc membre actif du Forum Mycologia Europea.
J’ai connu Tela par le biais de la Société Botanique de France, qui en est l‘un des membres fondateurs, et à laquelle j’appartiens depuis longtemps… Je suis aussi un Telabotaniste sporadique, surtout « utilisateur » et contributeur au réseau Apifera, qui est centré sur l’un de mes modèles fétiches. En effet, mes travaux de recherche au Centre d’Écologie Fonctionnelle et Évolutive, concernent les mycorhizes, ces associations entre racines plantes et champignons du sol.
Ces associations ont un rôle majeur : c’est non seulement la façon dont vivent une kyrielle de champignons (dont les meilleurs comestibles : Truffes, Girolles, Lactaires, et les pire toxiques, comme l’Amanite phalloïde) mais c’est aussi la façon dont plus de 90% des plantes exploitent le sol : sans champignons, elles sont incapable de prélever efficacement dans le sol les sels minéraux qui leurs conviennent – c’est en particulier le cas des orchidées, que mon équipe a étudié ces dernières années. L’intérêt de l’étude des mycorhizes est d’impliquer un volet plutôt botanique, surtout quand on les aborde sous l’angle écologique comme nous le faisons (nos travaux publiés sont téléchargeables en ligne à www.cefe.cnrs.fr/coev/MA_Selosse.htm). Les mycorhizes sont un aspect d’un phénomène plus général et fascinant, la symbiose, où deux organismes vivent ensemble à bénéfice réciproque – une union terriblement fragile dans l’évolution, mais extraordinairement efficace dans les écosystèmes.
Ce qui me plaît dans Tela, c’est la synergie des connaissances par la synergie des individus qui coopèrent, une forme de gratuité de la connaissance, et redisons-le, une certaine éthique du partage. Tout ce qui fonde mon engagement d’universitaire ! J’enseigne actuellement la botanique (des algues aux champignons, en passant pas les plantes) à l’Université Montpellier II, et je crois très fort au partage des connaissances, en particulier par la vulgarisation dans mon cas. A mon sens, la connaissance doit être aussi gratuite, nécessaire et abondante que l’oxygène de l’air – comme l’oxygène, la connaissance permet d’agir et de vivre. En ce sens, Tela, c’est… un ballon d’oxygène.
J’ai du mal à dire ce qui m’agace à Tela. De temps en temps, rarement, l’expression ici ou là de tempéraments râleurs, ou de controverses pas trop productives – mais est-ce un défaut ? Cela veut dire que les gens sont ici comme chez eux, aussi vrais que chez eux, donc que Tela a réussi.
Je souhaite à Tela qu’elle poursuive et augmente son œuvre de diffusion de la connaissance et de synergie des connaissances. J’aimerais beaucoup qu’elle se rapproche encore de la Société Botanique de France, pour réunir le passé et l’avenir de la botanique en un seul souffle… naturaliste et partagé. »
– Jean-Charles Granger, premier salarié de Tela Botanica
« Décembre 1999 / Décembre 2009… Comme le temps passe vite. Si je ne me trompe pas, d’ici quelques jours l’association Tela Botanica fêtera ses 10 ans !
Que de chemin parcouru… Je ne sais pas si vous vous en souvenez, mais à l’été 1999, quand j’ai commencé à monter le dossier d’emploi-jeune, j’avais rencontré une dame à la sous-préfecture du département où j’étais alors ; elle m’avait dit quelque chose du genre « Ho, vous savez, Internet en ce moment, c’est un peu le sujet tarte à la crème, ça ne marchera jamais« . C’est ce qui s’appelle être particulièrement visionnaire…
Je suis régulièrement ce qui se passe sur le réseau, Tela est devenu depuis longtemps une référence incontournable, on m’en parle très souvent : j’ai toujours une grande fierté d’y avoir contribué aux premières heures 🙂 . Que ce soit l’énergie et le temps incalculable que vous y avez personnellement investi, ou le travail quotidien de la belle équipe de permanents (j’ai définitivement perdu le fil du compte du nombre de salariés !), tout cela a produit un bien bel outil, tout aussi humain que technique, sans trahir les objectifs et l’éthique de départ. Je suis bien content qu’on ait collectivement prouvé à la madame de la sous-préfecture que le projet tenait la route, et que notre proposition était bien plus qu’un gadget.
Félicitations à tous pour ce très beau chemin parcouru, et très bel anniversaire à Tela Botanica ! »
Programmes des festivités web « spécial 10 ans » :
– Participez à la question Philobota « spécial 10 ans » : À votre avis, à quoi ressemblera la botanique dans 10 ans ?
– Quiz botanique « spécial 10 ans »
– Test « Quel telabotaniste êtes-vous ? »
– Vous souhaitez offrir un cadeau à Tela ? Faites un don !
9 commentaires
{{Des projets à soumettre ?}}
{{Que souhaitez-vous à Tela ?}}
Meilleurs voeux pour 2010 à toute l’équipe télé-botanica!
(peut-être bientôt une nouvelle page sur votre excellent site qui transcendrait la relation symbiotique animal-végétal?)
{ {La bonne parole} }:
Voyez! au milieu du bois
La feuille séduite sortir du bourgeon
Avec les vents sur la branche, et là
Croître verte, large et sans souci
Au soleil à pic de midi, et sous la lune
Nourrie de rosée.
{Bis repetita :}
Pâles primevères
Qui meurent sans époux, avant d’avoir contemplé
Dans toute sa force le brillant Phoebus.
Peut-être un peu décalé… la Poêtitude!
Car pendant que ma main exulte
Dans le coeur des humbles fleurs exsangues
A transmuer de vieilles lois d’Amour en nouveaux états
Par maints effet de pouvoir candides,
Moi aussi, j’enseignerais à l’homme
De voir au delà de l’heure sombre, la lumière.
Alfred Tennyson
{{Qu’est-ce qui vous agace ?}}
{{Qu’est-ce qui vous plaît dans le réseau Tela ?}}
{{Comment avez-vous découvert Tela ?}}
je souhaite une longue vie à tela botanica. A la SESA(soc d’études scientif. de l’Anjou, un groupe de botan. de terrain a été créé par moi il y a environ 6 ans: but: former des botanistes, il y en a si peu!2 ans de cours y ont contribué,Et cela marche, mais le groupe n’est pas jeune, il faut continuer, recruter des gens+jeunes, donnez-nous des idées.Mon principe: du vocabulaire, une méthode, inciter à étudier par soi-même, motiver par des sorties dans de beaux paysages, de la tolérance entre nous, des sorties grand public pour nous faire connaitre,y compris des communes et départements, défendre les sites intéressants,la biodiversité,…travailler en réseau,
Bonjour et Excellente Année 2010 à tous.
J’ai fait une partie de mes études à Montpellier et c’est à cette occasion que j’ai participé à des sorties avec les Ecologistes de l’Euzière (avec Joël Mathez et Benoît Garonne)… Cela remonte maintenant à plus de 20 ans !
Malgré un travail de Formatrice qui n’a plus vraiment de lien direct avec la botanique (hormis la recherche bibliographique), j’ai toujours suivi de loin tout ce qui avait trait à cette discipline… qui m’est toujours chère de coeur. J’ai eu la chance lors de mes études d’avoir d’excellents profs de botanique dont je suis également les écrits.
Je ne me souviens plus exactement comment j’ai connu Tela Botanica en juin 2004. L’idée de fédérer les botanistes au sein d’un réseau m’a plu (il n’y a pas beaucoup de réseaux dans ce domaine) et je trouve que le site est particulièrement riche, intéressant, professionnel… Ce réseau me permet de me tenir au courant, de voir passer des annonces d’évènements qui pourraient m’intéresser… de sentir que la botanique est toujours vivante ! même si je n’ai pas toujours le temps de participer… Je reconnais que je suis une adhérente relativement passive, même si dans ma tête j’aimerais faire plus.